C’est avec fierté qu’au début de l’été, nous avons lancé notre deuxième dossier thématique portant cette fois sur le sujet de la sexualité. Suite au dossier sur la diversité, les collaboratrices de Boucle Magazine ont choisi un thème plus intime afin d’en tirer opinions et réflexions. Reflétant toujours notre mission, le dossier a traité d’un vaste éventail de sujets aux teintes engagées et féministes. Ce sont donc 11 articles en lien à la sexualité qui sont nés de ce projet dont le but est de propulser les idées étant au coeur des valeurs du blogue.
Retour sur le dossier thématique: La sexualité.
Enfance et stéréotypes de genres
Personnellement, je crois qu’au fil des années, il y a eu un changement face au discours sur la sexualité alors que le féminisme se crée tranquillement une place importante chez les Québécois. La façon dont nous abordons le thème s’étend maintenant au-delà des relations sexuelles entre adultes consentants et offre un spectre beaucoup plus intéressant d’informations. Pour le premier article du dossier, notre rédactrice Miss Grenadine abordait la place de l’éducation des enfants et de son impact sur leur sexualité à venir, en mettant en lumière la vérité sur les stéréotypes de genres et la manière dont ils façonnent la façon dont les adultes réagissent envers les enfants.
D’ailleurs, si l’on creuse un peu plus loin, on réalise que ces stéréotypes de genre sont associés aux bébés dès la grossesse et que comme le souligne Mélanie Guénette-Robert, la représentation du genre selon les couleurs bleu ou rose est à la base de ces associations. Il est important de réaliser que si l’on forge la personnalité d’un enfant dans un moule de genre qui selon la société est la seule avenue possible, cela aura une grande incidence sur sa façon de réagir aux situations de la vie. Ainsi, on ne peut blâmer un garçon que l’on empêche de pleurer, par peur de ne pas rentrer dans les conventions sociales, d’avoir de la difficulté à exprimer ses émotions.
La sexualité en 2019
La vérité, c’est que la société a longtemps jugé qu’il n’y avait que très peu de façon de vivre sa sexualité. Elle a aussi souvent mis toutes les femmes dans le même panier stéréotypé en traduisant le désir de ces dernières par l’envie de se mettre en couple avec le prince charmant. Une belle façon d’infantiliser les femmes et de taire une sexualité qui malgré qu’elle soit de plus en plus sur toute les lèvres, demeure bien tabou et est à la genèse d’expériences socialement romancée, mais dont la réalité ne l’est pas toujours.
En effet, la sexualité des femmes demeure un cliché teinté de vidéos pornographiques ayant comme résultat d’exercer une pression sur la gent féminine alors que la vraie vie nous fait faire face à des situations beaucoup plus cocasses que dans les films d’Hollywood.
Qui plus est, qu’en est-il de ces femmes célibataires ou de ces femmes en couples dont la sexualité n’est pas qu’un conte de fées? L’article d’Anabelle Gendron-Turcotte, une entrevue avec cinq femmes célibataires ou non, fait le constat sans tabous ni jugement de la réalité sexuelle et de la pression sociale vécues par celles-ci.
Qu’en est-il également de ces femmes devenues mères dont l’accouchement entraine automatiquement, selon la société, un nouveau statut entièrement dédié à leur progéniture tout en oubliant que celles-ci demeurent des femmes dont la sexualité peut être encore très présente. C’est le sujet qu’a choisi Émilie Pilote pour son article où elle nous jase, en toute honnêteté de la femme derrière la mère.
Je suis d’avis que la clé d’une sexualité plus libre dans notre société réside dans notre capacité à accepter que celle-ci est un spectre bien plus large qu’on le pense. Jessica nous offre d’ailleurs le témoignage de sa rencontre avec sa propre demi-sexualité. Ainsi, je crois que plus la voix des femmes se fera entendre et plus les expériences seront saines.
Les débats
La sexualité au féminin en 2019, en plus d’être un sujet à titre personnel, joue également un rôle important dans les débats militants féministes publics. On pense par exemple au droit à l’avortement qui connait un recul inquiétant aux États-Unis et dont Sabrina Chamberland-Desjardins nous parle en nous faisant réfléchir à la possibilité que la question se ramène chez nous. Un débat politique qui est bien souvent à quelques décisions près de faire basculer les choses comme on les connait. À quoi tient donc notre liberté sexuelle?
Si des mouvements de dénonciation comme Me Too ont vu le jour il y a déjà un moment, mais qu’ils continuent d’être sujets d’actualités, c’est que ces questions doivent être posées. Le consentement et le victim-blaming sont des concepts dont on ne pourra cesser de parler tant et aussi longtemps que la société ne changera pas.
Et du côté culturel?
Au Cinéma, bien qu’une évolution du discours sur la sexualité est perceptible depuis les années 60 comme nous l’apprenait Jude dans son article, ce sont dans les vingt dernières années qu’un réel changement de moeurs a pu se faire sentir avec l’arrivée des technologies. L’article de Jude met d’ailleurs en lumière plusieurs films à mettre dans sa liste pour suivre le changement des mentalités sur le sujet.
Pour sa part, Karine Gagné nous jase de l’inclusion et de l’évolution de la sexualité en musique. De Madonna à Missy Elliot en passant par Mitsou, elle dépeint en ordre chronologique la libération sexuelle des femmes via la musique. Bien que les débats féministes sur les Nicki Minaj ou Miley Cyrus de ce monde sont en plein essor, il est important de comprendre les origines des inspirations de ces femmes.
Personnellement, je suis d’avis que les artistes ou cinéastes qui utilisent leurs tribunes pour faire passer des messages importants sont à la base des changements possibles dans la société.
Je clos donc notre dossier sur la sexualité en espérant que ce dernier aura pu susciter réflexions et discussion sur le sujet. Ce que l’on peut retenir est l’importance d’élever nos voix comme l’on fait les femmes avant nous. La libération sexuelle est une lutte que nous devons continuer de mener pour nous, oui, mais aussi pour toutes les femmes à travers le globe. Offrons un monde qui se rappellera de notre génération comme de celle qui a changé les choses.