Sexe, tabous et cinéma

Qu’on le veuille ou non, la sexualité fait partie de nous. C’est un fait : l’être humain survit et se reproduit. C’est pourquoi on la retrouve régulièrement dans la culture populaire, du moins, de nos jours. On remarque qu’à travers les années, les mentalités concernant la sexualité ont grandement changé… Et le cinéma témoigne de cette évolution.

Avant les années 60, peu de films ont osé se pencher sur la question. Il faut avouer que ce n’était pas le sujet de l’heure : la sexualité était plutôt associée à la natalité considérant l’omniprésence de la religion à cette époque. Dans certaines réalisations, des sous-entendus étaient perceptibles, mais sans plus. Il fallut attendre en 1967 alors que The Graduate (Mike Nichols), un film qui présente une liaison entre un jeune étudiant et une femme d’âge mûre vit le jour.

The Graduate (Mike Nichols)

Par la suite, tel qu’on le sait, les années 70 ouvrirent les portes à une sexualité beaucoup plus débridée. Cela fut possible notamment par l’arrivée de nouvelles méthodes contraceptives, la diminution du pouvoir de l’église et la popularisation de la pornographie. Au Québec, il y eut le célèbre film Deux femmes en or (Claude Fournier) qui pris l’affiche en 1970. Cette réalisation met en vedette deux femmes au foyer dont les maris sont peu présents. Elles décideront donc de s’épanouir sexuellement avec d’autres hommes. On dénote également le long-métrage Harold And Maude (Hal Ashby) qui fit scandale lors de sa sortie puisqu’on y met en scène une septuagénaire et un adolescent qui tombent en amour.

Harold And Maude (Hal Ashby)

Les années 80 et 90 furent les fiers représentants du teen movie et par le fait même, de la sexualité et de l’amour chez les mineurs. Le cinéma de John Hughes est certainement le plus emblématique de cette tendance. Que ce soit avec Ferris Bueller’s Day Off, Sixteen Candle, ou encore, Breakfast Club, Hugues a marqué l’histoire avec ces récits qui se centraient sur la vie d’adolescents. De plus, le cinéaste Denys Arcand nous a offert en 1986 Le déclin de l’empire américain, ce classique du cinéma québécois. On y présente des couples qui discutent notamment de la sexualité, de l’infidélité et de l’homosexualité. Cependant, la diversité sexuelle se faisait encore rare au grand écran à cette époque…

Le déclin de l’empire américain (Denys Arcan)

Depuis les vingt dernières années, l’arrivée des technologies a engendré plusieurs changements de mœurs, ce qui a considérablement libéré le dialogue sur la sexualité. Cette dilution des tabous a transparu dans les salles de cinéma, puisqu’aujourd’hui, il n’y a plus de limite en matière de sexe. On peut penser à des films tels que Nymphomaniac (Lars Von Trier), Shame (Steve McQueen), Love (Gaspar Noé), ou La vie d’Adèle (Abdellatif Kechiche) qui présentent des scènes très explicites de sexualité. On est également en mesure de constater la présence croissante de la diversité sexuelle au grand écran. On retrouve entre autres Carol (Todd Haynes), Moonlight (Barry Jenkins), Une femme fantastique (Sebastián Lelio) et Call Me By Your Name (Luca Guadagnino), tous des longs-métrages qui témoignent de cette diversité. En bref, le cinéma demeure à travers les années un reflet très juste de l’évolution des mentalités qui se produisent réellement dans la société.

La vie d’Adèle (Abdellatif Kechiche)

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Jude

Cinéphile à temps plein

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