William Boyd est un auteur que je ne connaissais pas avant de lire Les vies multiples d’Amory Clay. C’était le récit de ce livre qui m’avait attirée. Celui-ci, centré sur un personnage féminin fort et aventurier, se déroule sur plusieurs continents et s’intéresse au métier de photographe. Née en 1908, Amory Clay est une femme anglaise qui entreprend très tôt sa carrière de photographe professionnelle. Elle débute auprès de son oncle dans les soirées mondaines d’Angleterre. Elle voyage ensuite entre Berlin, Paris, Londres et New York afin de poursuivre son apprentissage du medium photographique. Ce roman ne s’attarde pas seulement sur la carrière de cette femme, mais aussi sur sa vie amoureuse indépendante, sa famille et ses pensées de femme plus âgée. En effet, l’intrigue se concentre tantôt sur la période où le récit se poursuit chronologiquement, tantôt sur l’année 1977, qui marque les dernières années de Clay alors qu’elle vit à Barrandale en Écosse.
Ce roman, tout de même d’une longueur substantielle (plus de 500 pages), ne s’essouffle jamais. Les nombreux événements qui parsèment la vie du personnage, les changements de lieux et les rencontres font en sorte que l’histoire poursuit toujours son évolution et capte ainsi l’intérêt. Il n’est pas nécessaire d’être attirée par la photographie pour apprécier cet ouvrage, car le propre de cet art est avant tout de capter la vie. Le personnage d’Amory photographie donc des villes, des gens et des contextes particulièrement distincts selon les périodes de sa vie. En lisant ce roman de Boyd, j’en ai ainsi appris sur la guerre du Vietnam, le contexte de guerre en Europe, le photojournalisme et sur les bars clandestins du Berlin des années 1920.
Une autre caractéristique fascinante de ce livre est la manière qu’il a de mêler la réalité et la fiction. Je m’explique. Si je ne m’étais pas informée davantage sur cette parution, j’aurais d’abord cru qu’il s’agissait d’une biographie. En effet, on y retrouve de nombreuses photographies d’époque qui semblent attester des événements de l’histoire accompagnées de légendes et de dates. Ces photographies tirées des archives ne sont toutefois pas représentatives des personnages, qui sont purement fictifs. L’auteur a toutefois réussi à rassembler une histoire et des photographies qui concordent parfaitement ensemble. On remarque un souci d’exactitude. Qu’est-ce-qui a inspiré quoi? Nous ne le saurons probablement pas. J’ai cependant beaucoup apprécié cet aspect qui, malgré son côté imaginaire, permettait à mes images littéraires de se rapprocher du réel.
Pour ce qui est de l’aspect plus technique, j’ai trouvé l’écriture de William Boyd fluide, descriptive et bien adaptée au récit. J’ai lu la traduction française, très réussie, qui a été effectuée dans un français international. (Je suis très capricieuse sur les traductions). En bref, Les vies multiples d’Amory Clay est un roman que je vous conseille autant pour découvrir un personnage féminin fascinant que pour sa richesse historique et pour connaître un auteur de talent.
Bonne lecture!
Connaissez-vous William Boyd? Si oui, avez-vous un de ses livres à me suggérer?
Amélie Lacroix Maccabée
Les vies multiples d’Amory Clay, William Boyd, Éditions Seuil, 2015, 515 pages.