À toutes les vingt-cinq minutes, il y a un viol en Inde. C’est ce que je lisais dans le Paris-Match l’autre jour. Ce qui m’a ébranlée, m’a donnée envie d’en savoir plus, mais difficile de cerner ce fléau actuel qui ne touche pas que l’Inde.
Récemment, on a appris le viol d’une touriste suisse, le viol collectif d’une étudiante de New Delhi, la mort d’une fillette de 4 ans et d’une de 5 ans aussi abusée sexuellement. Et ce, sans parler de bien d’autres cas réels en Inde. La communauté internationale a les yeux rivés sur ce pays qui, lui-même, fronce les sourcils sur les agissements de sa communauté. Est-ce parce que justement les autres commencent à s’en mêler que l’Inde remet en question la légitimité des actes posés? En a-t-il toujours été ainsi ou bien, y a-t-il une hausse de ces comportements inacceptables? Et s’il y avait une hausse, qu’est-ce qui en serait l’élément déclencheur? S’agit-il d’un problème collectif ou individuel? Dans le cas où il s’agirait bien d’un problème collectif, la société doit nécessairement soit accepter cela ou soit se fermer les yeux sur la situation où il n’y a aucune distinction du bien et du mal. Trop de conjectures et de questions sans réponse.
Les indiens en choc devant les faits se sentent impuissants, voire désabusés. Certains s’en sont toutefois remis au pouvoir de la rue : manifester pour une meilleure législation. « Acculé à réagir sous la pression de la rue, le gouvernement avait fait adopter le 21 mars par le Parlement une nouvelle loi durcissant l’arsenal législatif réprimant les cas d’agressions sexuelles. » (Le Monde, 17 avril 2013)
De ce que je constate, les femmes, et donc près de la moitié de la population d’un des pays les plus peuplé au monde, ne se sentent pas en sécurité dans leur propre pays. Prises dans ce carcan culturel où la hiérarchie des genres prime, elles ne peuvent déroger aux traditions indiennes telles que le mariage arrangé qui est encore présent. L’éducation sexuelle est un problème, surtout chez les hommes qui ont pour seule ressource Internet. Lors de la capsule de Le sexe autour du monde, on observe bien le malaise des hommes lorsqu’il est temps de parler de sexualité.
Une culture qui grandit
Mais ne soyons pas aveugle, cette situation est présente ailleurs. En République du Congo, les victimes d’agression sexuelle ne se font plus rares. « Rien que pour la province orientale, une agence onusienne parlait de 3 300 cas en 2012, soit dix par jour en moyenne. » (RFI, 4 mai 2013) Il y a de quoi déchanter quand on apprend que peu d’entre elles ont recours à des ressources légales. C’est un crime sur papier, ce que l’on en fait, c’est une autre chose. Dans ce même article, Mme Monserrat Carboni, représentante de la FIDH à la cour pénale internationale, disait :
Mais en plus, il y a un problème de volonté : même si on voit de plus en plus de procès importants sur les violences sexuelles se tenir, c’est la minorité des cas qui arrivent aux tribunaux. De plus, ce ne sont pas toujours les gens qui ont la plus haute responsabilité pour les crimes qui ont été commis qui arrivent devant les tribunaux.
L’Inde et la République du Congo vous semblent à mille lieues d’où vous êtes? Sans peut-être l’avoir remarqué, cette culture du viol est aussi présente en Amérique du Nord. La sexologue et sexosophe Jocelyne Robert publiait récemment un article sur le sujet dans le Huffington Post. Elle affirmait pourquoi, appuyé par des faits, nous étions dans une culture du viol, nous aussi. Elle soulève, comme Mme Carboni, que peu de cas se retrouvent en justice puisque « moins de la moitié des agressions sexuelles sont rapportées ». Bien qu’elle s’interroge quant à notre inaction, elle renvoie aussi la question du ton que nous employons pour en parler. Sommes-nous trop pudiques face à la sexualité? Au fond, peut-être que comme les indiens, nous ne prévenons pas les dérapages potentiels parce que nous serions trop mal à l’aise de discuter de la chose…
Dénoncer l’abus est une chose alors qu’aller chercher de l’aide psychologique en est une autre. Boucle suggère des ressources à disposition des victimes d’agression sexuelle mises en place par le gouvernement du Québec.
Excellent article, bien que triste…