Entrevue : Plaza Plaisir, terrain de jeu musical

Entrevue : Plaza Plaisir, Pierre-Yves Lord, Boucle Magazine

Pour une deuxième saison, Plaza Plaisir réunit artistes et public au Ausgang Plaza, repaire culturel situé au cœur de la Plaza Saint‑Hubert à Montréal. Dans une ambiance électrisante, Pierre-Yves Lord, en compagnie de son house band Valaire, y orchestre cette grande fête musicale diffusée chaque jeudi soir sur les ondes de Télé-Québec. « Il y a-t-il du plaisir sur la Plaza? » chante haut et fort Valaire en chanson d’ouverture de l’émission. Bien évidemment que oui, et ce plaisir est contagieux, même de l’autre côté de l’écran. Avec des invité.e.s de tous les horizons et de toutes les générations, Plaza Plaisir rassemble autour de cette passion commune de la musique qui se transmet jusqu’à la maison. 

À mi-chemin de cette seconde saison, Pierre-Yves Lord nous parle des coulisses de l’émission et de l’importance de continuer à accorder de la place à la musique d’ici dans notre paysage télévisuel.

Un travail d’équipe

Entrevue : Plaza Plaisir, Pierre-Yves Lord, Boucle Magazine
Crédit photo : Ludovic Roland-Marcotte

Depuis sa première diffusion en 2023, Plaza Plaisir s’est rapidement imposé comme le lieu de tous les possibles. Un projet de rêve pour le grand mélomane qu’est Pierre-Yves Lord, investit dans la création du projet depuis le début. « J’ai été impliqué assez tôt dans le processus » raconte-t-il lors d’un entretien en visioconférence. « Je connais l’équipe de contenu depuis des années et dès qu’on m’a demandé si ça me tentait d’embarquer, on s’est fait des meetings et brainstorms, et j’ai aussi appris à connaître un peu plus les gars de Valaire. On est allé passer une fin de semaine au chalet des parents de Luis, et après ce petit lac-à-l’épaule, on commençait à savoir un peu plus où on s’en allait. On avait un moodboard en tête, et notre réalisatrice Jill [Niquet-Joyal], avec le reste de l’équipe de production, est partie avec ça. Au départ, le nom Plaza Plaisir était un peu une joke, mais à un certain moment, on a réalisé que ça sonnait bien! » (Rires)

Entrevue : Plaza Plaisir, Pierre-Yves Lord, Boucle Magazine
Pierre Lapointe, crédit photo : Madeleine Plamondon

D’abord et avant tout un grand projet d’équipe, Plaza Plaisir requiert plusieurs étapes de recherches et production en amont. Des invité.e.s de tout acabit jusqu’à l’esthétique visuelle inspirée des années 1980, tout est méticuleusement pensé comme le mentionne l’animateur. « C’est une grosse équipe et c’est beaucoup de travail! On a tourné tard cet automne et déjà au printemps, Fanny [St-Amand] et Marianne [Boulet] étaient déjà dans le booking des artistes, et ce n’est pas seulement de vérifier leur disponibilité, c’est aussi de se demander qui mettre avec qui, et de s’assurer qu’il y ait un équilibre artistique, mais aussi générationnel. Marianne et Fanny ont une grande expertise là-dedans et Jill a aussi réalisé plusieurs projets. Je l’ai connu du temps de OD, et elle a entre autres également réalisé les Gémeaux, La Voix et travaille présentement sur Star Académie. On a donc vraiment une équipe très solide en contenu musical, qui a la confiance des artistes, et qui est capable d’appeler des Klô Pelgag ou Pierre Lapointe, par exemple. »

Des collaborations improbables

Entrevue : Plaza Plaisir, Pierre-Yves Lord, Boucle Magazine
Pierre-Yves Lord, Shah Frank, P’tit Belliveau, Gabrielle Destroismaisons, Patrice Michaud, Luis Clavis, crédit photo : Madeleine Plamondon

L’une des grandes forces de l’émission? Créer des alliances inattendues entre des artistes provenant de différents milieux musicaux et époques. Ainsi, au fil des émissions de cette deuxième saison, on a pu par exemple voir réunit sur de mêmes plateaux Daniel Lavoie, Peter Peter, Sara Dufour et Dominique Fils-Aimé, ou encore Patrice Michaud, Gabrielle Destroismaisons, Shah Frank et P’tit Belliveau. Le résultat? Des performances musicales uniques, sans oublier des discussions des plus intéressantes sur les processus créatif de chacun.e. « Lors des pré-entrevues, l’équipe de recherche va souvent parler presqu’une heure avec chaque invité.e. Ils enregistrent la conversation et moi, après, j’écoute ça en marchant, dans le métro, ou sur la route, et ça me permet d’en savoir un peu plus sur l’artiste et de voir dans quel mood créatif il est. J’écoute les albums, je vais à la répétition la veille et la journée même, j’arrive tôt pour parler avec eux, pour qu’ils se sentent bien et en sécurité lorsque vient le temps de jaser lors des entrevues » nous dit Pierre-Yves.

Entre les chansons originales et les reprises de grands succès, Plaza Plaisir fait place aux incontournables qui ont marqué la scène musicale au fil du temps, mais accorde aussi une grande place à la relève. « Je pense qu’il faut le faire », souligne l’animateur. « Des Jean Leloup ou des France D’Amour ont eu leur première chance à quelque part. Ça prend des rampes de lancement, des genres d’incubateurs où l’on permet aux jeunes pousses de prendre de l’expérience, d’étaler leur talent, de prendre confiance sur scène et de vivre des expériences marquantes. Alors moi, quand je vois par exemple Rau_Ze qui dit que c’est son premier plateau de télé ou Shah Frank, je me dis que ça fait aussi partie de notre travail de leur donner cette chance-là. Ce serait trop simple d’avoir juste des vedettes établies qui ont vendu 400 000 disques. Pour moi, ce n’est pas juste ça la musique. C’est un cycle et il faut s’intéresser aux nouveautés, même si on ne les connaît pas. Il faut garder ce désir et on se doit de préserver cette curiosité! »

La scène musicale dans nos écrans

Cette passion ressentie jusque dans le salon des téléspectateur.rice.s aura porté fruit, puisque lors du dernier Gala de l’Adisq, l’équipe de Plaza Plaisir a été récompensée par le Félix Émission de l’année – Musique, une reconnaissance qui fait chaud au cœur. « Je ne le vois pas comme une compétition parce que ultimement, j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour tous les gens qui travaillent en variété. C’est tellement rare au Québec, alors on se supporte entre nous, peu importe la chaîne ou le diffuseur. Mais j’avoue qu’on était fiers de ramener ce trophée à toute l’équipe, parce qu’il y a du doute quand on lance une nouvelle émission et on se demande comment ça va être reçu. Oui, [Plaza Plaisir] c’est un party, mais il y a beaucoup de filage en dessous de ce show-là. Alors de se faire dire par l’industrie qu’on est sur la bonne voie, on le prend parce qu’on travaille fort! »

Si la musique tend à prendre plus de la place dans nos écrans, l’animateur souligne également l’importance d’accorder du temps d’antenne aux artistes d’ici. « Il y en aura jamais trop, je pense. Il ne faut pas avoir peur de laisser les artistes faire leurs chansons au complet et de leur parler de musique aussi. Il faut les laisser chanter et apprendre à les connaître, leur parler de leur art, de leur processus de création, d’instruments et d’inspirations. Moi en tout cas, ça m’intéresse souvent tout autant que les chansons elles-mêmes! Il faut leur donner l’opportunité de nous partager leur univers. Personnellement, c’est quelque chose qui m’intéresse. Ça prend aussi une certaine forme de diversité et je suis content de voir que justement, il y a des concours, il y a des En direct de l’univers, des Belle et Bum des Plaza ou des Bonsoir Bonsoir qui reçoivent des artistes aussi. »

Entrevue : Plaza Plaisir, Pierre-Yves Lord, Boucle Magazine
Safia Nolin, Elijah Mansevani, crédit photo : Ludovic Rolland-Marcotte

En onde jusqu’au 27 mars, la deuxième saison de Plaza Plaisir donnera encore droit à plusieurs rencontres musicales et moments forts, avec entre autres Bleu Jeans Bleu, Robert Robert, Safia Nolin, Étienne Coppée, Waahli, Betty Bonifassi, Guylaine Tanguay, Fred Fortin, Bon Enfant, Dubmatique et plusieurs autres. « On invite les gens a partager la bonne nouvelle et à aller sur le site de Télé-Québec rattraper les émissions, ou encore, de partager sur Instagram lorsqu’ils voient passer nos contenus! Ce sont des petits gestes comme ça qui, je pense, font qu’on peut garder notre culture vivante ensemble, parce que plus que jamais en ce moment, on a besoin d’affirmer qui ont est pour crier à la terre entière qu’on ne se laissera pas aspirer par personne, qu’on est différents et fiers de l’être. »

Pour prendre part à la fête, rendez-vous tous les jeudis à 22 h sur les ondes de Télé-Québec, ou en rattrapage en tout temps sur la zone vidéo de la chaîne, par ici.

Crédit photo de couverture : Ludovic Roland-Marcotte

Photo of author

Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

Laisser un commentaire