Le Projet Riopelle: une création éblouissante

Le Projet Riopelle : une création ébouissante

Le 28 avril dernier, j’ai eu la chance d’aller voir la toute nouvelle création de Robert Lepage et de sa compagnie de production Ex Machina ; Le Projet Riopelle. Présentée au Théâtre Jean-Duceppe, la pièce d’une durée de 4 h 15 (ponctuée de deux entractes), retrace le parcours de l’artiste peintre Jean-Paul Riopelle à l’époque de l’après-guerre et met en lumière sa relation passionnelle avec l’artiste américaine Joan Mitchell. 

Un régal pour les yeux 

Le Projet Riopelle: une création éblouissante
Crédit : Danny Taillon

Robert Lepage a encore une fois frappé fort avec une mise en scène magistrale. Aux premiers abords, la scénographie parait simple et épurée. Le sol et le mur du fond sont blanc telle une toile à peindre. C’est dès le début de la pièce qu’on est saisi par tout le potentiel offert par ces deux pans de murs ! L’ingéniosité de l’utilisation de l’espace, des transformations scéniques et des projections visuelles sont à couper le souffle. La scène se métamorphose sans cesse. En quelques minutes, on est transporté d’une patinoire au Québec à un vieux village français, en passant par un bar new-yorkais des années 40. Un voyage visuel épatant ! Le travail remarquable d’Ariane Sauvé à la conception de la scénographie est à souligner, en plus du travail de l’équipe technique qui doit effectuer des changements de décors entre chaque scène. C’est par contre là que le travail semble trop colossal. Les transitions viennent avec plusieurs accrochages ici et là. Des éléments de décors tombent, on entend du bruit en coulisse et certains changements de grandes envergures sont longs à effectuer. On peut comprendre qu’il faudra plusieurs représentations pour s’adapter à un projet d’une telle ampleur.

Le Projet Riopelle: une création éblouissante
Crédit : Danny Taillon


Des interprétations à la hauteur de l’œuvre de Riopelle

Au-delà de l’aspect scénographique, que dire de la distribution ! Dans les rôles principaux, on peut apercevoir les jeunes Riopelle et Mitchell joués par Gabriel Lemire et Noémie O’Farrell. Luc Picard et Anne-Marie Cadieux prennent ensuite la relève pour interpréter les mêmes personnages en deuxième partie, après plusieurs années de vie commune. Le retour sur scène de Picard était attendu et je dois dire que sa performance est très réussie. Mais il ne faut pas que sa prestation fasse de l’ombre à l’exceptionnel travail de Lemire qui relève brillamment le défi d’habiter Riopelle dans son début de carrière. La complexité de ce personnage est exécutée avec justesse et avec plusieurs nuances. Anne-Marie Cadieux réussit aussi selon moi à rendre une interprétation sensible de la grande artiste revendicatrice. En plus de ces deux personnages, les neuf interprètes incarnent une centaine de rôles, en alternant entre le français, l’anglais et les accents que l’on retrouve des deux côtés de l’Atlantique. Leur performance impressionnante et d’une grande prouesse nous transporte tout au long du XXe siècle avec brio.

Le Projet Riopelle : une création éblouissante
Crédit : Danny Taillon


4 h 15, déjà ?

Bien que certain.es pourraient y trouver des longueurs, surtout lors de la troisième partie, j’ai personnellement été captivée du début à la fin. J’ai été émerveillée par l’ampleur du spectacle et émue à plusieurs reprises par les tableaux magnifiques qui s’enchaînent, dans tous les sens du terme. Je recommande vivement la pièce, et même que j’y retournerais !

Vous pouvez voir Le Projet Riopelle jusqu’au 8 juin 2023 au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts. Supplémentaires: 16, 24, 28 et 31 mai, 1er et 8 juin 2023.

Photo de couverture : Le Projet Riopelle, crédit : Danny Taillon

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