Imperfections, je vous aimes

Regardons la vie en face. En pleine face. Sans se tourner le dos ou passer son chemin à l’aveuglette parce que l’amour ça rend aveugle. Regardons le fait que la vie est imparfaite, que nous sommes, chacun, des êtres imbus d’eux-mêmes (faut l’être un peu quand même pour prendre soin de soi) et que dans cette imperfection nous sommes tous uniques à notre façon. Regardons le fait que la vie est une salope qui nous pousse à déployer nos ailes et à sauter du nid un peu trop tôt des fois. Sans moyens de rebrousser chemin. Ce nid douillet et confortable de la jeunesse et d’un cœur léger d’engagement.

Crédit photo : jukan-tateisi

Et puis on tombe. On tombe en amour pour la première fois. On se donne à fond. On se fait des jambettes parfois nous-mêmes par peur d’être trop jugés. Puis on tombe dans les factures. Ensevelie dans de doux mensonges qu’on se dit nous-mêmes parce que tout coûte trop cher. Et puis on peut tomber malade, on peut tomber enceinte, on peut tomber tout court. Échouer un de nos projets qui nous tient à cœur.

Regardons la vie en pleine face, sans avoir de masque (même si c’est pas évident ces temps-ci). La regarder tout nu comme un pinson. Tout nu dans la vie, avec nos imperfections. Est-ce que ça va faire mal si on tombe? Et puis, si tout va bien, est-ce que ça va durer?

Regardons le fait que nous nous posons trop de questions. On se couche le soir et on est envahi par de nombreuses pensées qui tournent dans notre tête à nous étourdir, à nous faire vomir. Vomir nos tripes par en dedans. Vomir nos cœurs à l’envers. Vomir nos yeux exorbités de nos écrans. Vomir la vie, vomir d’envie. Vomir d’envie d’avoir ce qu’on n’a pas parce qu’on pense qu’on va être plus heureux. Faux!

Faut ben se dire les vraies affaires. Les affaires crues. Les affaires chiantes. En cherchant ailleurs, c’est là qu’on se perd. C’est là qu’on meurt à petit feu. Les feux follets dans la nuit meurent et renaissent chaque nuit. Il faut bien mourir un peu pour revivre pleinement et savourer ce qu’on a déjà.

Regardons le fait que malgré les embûches, la vie est awesome et bien faite. Je me contredis, mais qui ne se contredit pas? C’est en faisant des réflexions, en perdant pied, en se regardant dans le miroir pis en envisageant la possibilité de l’échec qu’on peut trouver un semblant de solution. Pis si c’est pas ça, tu recommences. Quand on regarde la vie dans le blanc des yeux pis qu’on lui dit : « t’as pas fini avec moi! » Puis là tu te bats avec plus d’ardeur. Tu réussis des exploits, tu t’épates toi-même. T’essaies de garder la tête haute malgré ton manque de love et de confiance. Tu te chuchotes tout doucement « j’ai ça en moi et je le peux, moi aussi, si je le veux! ». Si on n’essaie jamais rien, comment peut-on réussir?

Regardons le fait que oui, la vie est une salope pis qu’elle est belle aussi parce qu’elle est imparfaite. Tout pleins de défauts. Mais qui est parfait dans ce monde absurde de concours à la performance? Alors, fais juste te mettre du stuff à bébitte, fais-toi piquer de temps en temps, pis les démangeaisons vont passer. Comme le temps arrange bien les choses, j’ai espoir que si on s’y met un peu chaque jour, on peut changer le monde. Avec un sourire à un arrêt de bus, un compliment dans les yeux à la caissière du dépanneur, un sentiment de reconnaissance qui dégage assez de chaleur pour réchauffer la pièce, une blague sincère, c’est comme ça qu’on pourra avancer tous ensemble et être moins seuls dans notre petite solitude incertaine. Avant tout ça, il faut apprendre à s’aimer avant d’aimer.

Crédit photo : Alisa Anton

Regarde la vie en face. En pleine face. Ça va passer. Il faut dealer avec sa douleur, se retrousser les manches et lui faire un quitte ou double. Il faut aussi savoir l’accepter. La vie c’est fait pour expérimenter et avoir du temps. Se créer une boule de love chauffée pour l’hiver, avec la tuque pis toute. Être confortable dans notre peau. La vie c’est fait pour être apprise, pour être échangée, pour être savourée. Je sais, ça fait mal avoir du temps, surtout pour nous-mêmes. On dirait que c’est jamais assez long, y’en manque tout le temps un bout. En plus, le monde nous juge quand on se selfcare. T’en fais pas, on arrive quand même à bout de tout, même à bout de souffle. Donne-toi juste une p’tite chance pis regarde le fait que la vie c’est fait pour tomber et s’envoyer en l’air.

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Claudia Leblond

Rêveuse à temps plein, les deux pieds enfoncés dans l’art depuis qu'elle sait parler, elle s'appelle Claudia. La musique et l'événementiel la font vibrer d'un souffle folâtre. Graphiste de métier, elle prend un plaisir malsain à boire un bon latté chaud en travaillant. Sa tête bouillonne sans cesse d’idées prêtes à sortir d’un bout de crayon aiguisé.

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