Dans la mêlée des dernières dénonciations, vague propulsée par Safia Nolin, nous assistons publiquement à un raz-de-marée de têtes connues qui dénoncent d’autres têtes connues. Évidemment, ce sont ces dossiers qui génèrent des clics, des passions et des pertes de contrôles médiatiques. Et pourtant, ce sont les cas de gens non connus qui sont les plus nombreux. La célébrité n’a rien à voir là-dedans.
Sur la toile, on peut voir le pire de l’humain, les commentaires haineux, la frustration, les théories de gérants d’estrades et même la création de « teams », team Maripier, team Safia. Bien sûr, il y a les victimes et les agresseurs, mais la seule team qui devrait exister c’est celle pour la souffrance ou plutôt pour l’arrêt de la souffrance. Safia a besoin d’aide et Maripier aussi. De l’aide différente, par des gens aux compétences différentes, mais les deux en ont besoin. Parfois pour se reconstruire, d’autres fois pour se reprogrammer et réévaluer ses valeurs. La justice aussi, parfois, contribue à tout cela bien que l’on voit en ce moment que la confiance envers notre système est au minimum.
Il me fait peine à voir quand les gens écrivent ; « elle fait ça pour avoir de la pub » (vraiment?) ou « elle est jalouse » ou « moi elle pourrait me mordre, ça me dérangerais pas pentoute » (sérieux ?). Nous ne sommes pas responsables de valider si les histoires sont bien fondées ou d’évaluer les preuves etc., mais on est responsables des mots que l’on laisse sur la toile.
Le consentement ça doit s’enseigner rapidement dans la vie du jeune enfant que ce soit garçon ou fille. Mon fils veut parfois jouer avec sa sœur aux legos: elle dit « non, ça me tente pas.» Il insiste et insiste, il la manipule. Il a même pas 10 ans et, parfois, elle flanche. C’est banal vous me direz, mais ma job de mère ici c’est de valider avec ma fille si elle veut vraiment jouer aux legos. Si elle dit non et bien, que mon fils fasse une crise ou non, j’appuie ma fille et j’enseigne à mon fiston que quand sa sœur dit non, ben c’est non. Non c’est jamais oui, c’est non. Je ne fais pas de raccourci intellectuel ici. Naturellement, je ne veux pas dire que mon fils va devenir un homme inadéquat, mais le consentement il doit l’apprendre (et vice-versa d’ailleurs pour ma fille) dès son plus jeune âge. Les enfants et les ados lorsque frustrés (par exemple si son parent ne donne pas son consentement pour avoir TIK-TOK) peut péter les plombs, crier ou hurler à l’injustice, c’est PARFAIT ! Le jeune va se pratiquer à tolérer la frustration et apprendre qu’on y survit et que la vie reprend son cours, que tout n’est pas permis et que les limites de l’un ne sont pas les mêmes que ceux de l’autre. Apprendre aux jeunes enfants et ados à tolérer les frustrations et respecter le non-consentement c’est essentiel. Pas seulement le consentement sexuel le consentement au sens large.
Parler de sexualité aux enfants c’est d’abord notre job, les parents, leur en parler et leur expliquer comment s’expliquer, s’affirmer et surtout percevoir rapidement les comportements qui ne sont pas adéquats pour eux ou pour leurs futurs partenaires. Puis si les parents sont moins adéquats bien les tantes, les oncles ou les amis: impliquez-vous !
Dans le dossier de Julien Lacroix, Rosalie Vaillancourt a dit s’être fait lever la jupe ou embrassée de force et avoie eu l’impression d’avoir contribué en ne nommant pas son malaise. Eh bien non, Rosalie, dans un monde ou les gens sont aptes à reconnaître les gestes inappropriés, ce genre de gestes ne devrait pas être posé et la personne devrait savoir que ce n’est pas adéquat ou acceptable. Cela dit, oui, on doit aussi apprendre à nommer nos malaises quels qu’ils soient, mais elle n’a contribué qu’à une seule chose : soutenir son amie, prendre des risques de diviser son fan base en restant debout et en choisissant un cadeau qu’elle a dû recevoir dans son éducation et qu’elle a développé, ses valeurs. Le soutien, l’entraide, ce sont des valeurs, embrasser quelqu’un de force, manipuler quelqu’un pour coucher avec elle, mordre quelqu’un ne sont pas des valeurs, ce sont des comportements. Plus on va être à refuser ses comportements, mieux ça va aller. Je ne parle même pas ici des victimes, mais de l’entourage qui parfois voit, mais tolère.
En général dans les dénonciations les événements font parties d’un ensemble de signes et comportements qui étaient vus ou connus de tous, j’espère que maintenant on va s’attarder à cela, nos petites voix qui nous disent : « oh oh » pis les écouter.
On ne défendra plus l’Indéfendable, point. On ne tolère plus ce qui nous rends mal-à-l’aise, point. Je considère que « elle a pas dit non » c’est de la pure connerie. Elle a tu dit oui ? Mettons l’accent sur le «oui», y-a-il eu un oui ? Si tu es pas sûr.e, c’est pas compliqué, c’est sûrement parce qu’il y a un malaise ou un inconfort pis dans l’inconfort ben on s’abstient.
Je pense de façon peut-être naïve que la clé est dans l’éducation dès le plus jeune âge. Dans mon cercle rapproché j’en ai parlé, tous ont vécus des inconduites sexuelles. Moi je suis « chanceuse », j’ai vécue une situation qui m’a pas trop ébranlée, je m’en suis remise relativement bien, mais tout.e.s n’auront pas cette chance et la gravité des gestes dépend de la perception de chaque personne fait que lâchez-nous avec les « il l’a pas violé quand même » « je suis sûr qu’elle a aimé ça ». Qui vole un œuf, vole un bœuf. Pour moi qui prends des libertés sur l’intégrité de l’autre, prends au passage des brides de la dignité point barre.
Mais je me souviens encore à 40 ans, comment je me suis sentie au secondaire, quand un jeune homme a pressé mes seins avant de me voler un baiser non désiré et est parti rire de moi pendant des semaines en disant « les gros seins arrivent ». Aujourd’hui, cela m’apparait lointain et en même temps tellement triste que les choses n’aient pas changés plus qui faut.
Team humains point.
Éduquons nos jeunes, faites entendre vos voix et entourez-vous de gens bienveillants. Pour les autres, allez chercher de l’aide, vite.