Entrevue : Gabriel Noël, Essai de danse sans gravité

Après son EP Marelles nocturnes (2017), Gabriel Noël devançait le mois dernier la sortie d’Essai de danse sans gravité, un premier album qui s’est construit sur plusieurs années. Derrière cet opus qui devait initialement voir le jour en juin, une démarche intègre et introspective où l’auteur-compositeur-interprète originaire de Durham-Sud révèle une vulnérabilité sentie, sans toutefois négliger la force qui émane de ces moments de laisser-aller. En résulte un disque équilibré et accrocheur, dans lequel l’artiste s’est permis de « danser avec lui-même ». On a voulu en savoir davantage sur sa démarche. 

Boucle Magazine : Dentrée de jeu, dans l’album, on entend la poésie, mais aussi l’authenticité et la vulnérabilité. Comment décrirais-tu Essai de danse sans gravité ?

Gabriel Noël : C’est un album de contrastes : on y retrouve des textes plutôt sérieux sur des mélodies et des rythmes qui se veulent légers et dansants. La pertinence était très importante pour mon premier disque, j’ai vraiment fait de mon mieux pour y mettre toute la sincérité que je possédais à ce moment-là. 

BM : À travers les textes, l’introspection s’accompagne de l’idée de prendre son temps, comme un éloge à la lenteur et à l’observation (je pense entre autres à la pièce titre, mais aussi aux chansons On tourne et Le bruit des branches). Je crois d’ailleurs que l’album s’est écrit sur plusieurs années. Ce temps d’arrêt, ça faisait partie d’un processus essentiel pour toi ?

GN : Définitivement. En fait, l’album s’est écrit sur une période d’environ 10 ans. Derrière chaque chanson qui forme l’opus se tiennent des dizaines de chansons qui ne se seront pas rendues en studio. J’ai gardé les pièces qui m’ont le mieux accompagné dans ce moment de transition entre l’adolescence et la «vie adulte.» 

BM : Parallèlement à cette idée, la sortie de l’album a été devancée de quelques mois. Tu sentais que c’était le bon moment de laisser vivre les chansons d’elles-mêmes ? Qu’est-ce que ça fait de finalement les laisser entre les « mains » du public ?

GN : Ça faisait déjà 2 ans qu’il était enregistré et qu’il dormait sur mon disque dur. Voyant que ce serait fort probablement impossible de le jouer devant public au moment prévu de sa sortie, je ne voyais plus aucune raison de ne pas le lancer plus tôt. Ça a vraiment fait du bien de le rendre public, surtout qu’il a été bien reçu par la critique. Une délivrance que j’aurais dû m’offrir encore plus tôt! 

BM : Tu écrivais d’ailleurs sur tes réseaux sociaux que l’attente de cette sortie était en partie due au fait que tu avais eu de la difficulté à assumer la délicatesse de ce premier opus. Pourquoi était-ce quelque chose de difficile à assumer ?

GN : Je suis quelqu’un de très perfectionniste et je veux toujours donner le meilleur de moi. L’album s’est écrit sur plusieurs années, mais il a été enregistré en quelques jours et dans un excès de laisser-aller. En le réécoutant, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que j’aurais techniquement pu le peaufiner plus, mais en même temps, il aurait perdu sa matière vivante. L’imperfection donne toujours cette brillance à une œuvre, son caractère inimitable. Je suis très fier de ce disque aujourd’hui et si, plus jeune, j’ai rêvé de succès retentissant et de tapis rouge devant mon art, mes rêves sont plus modestes aujourd’hui et l’intégrité me réconforte plus que les feux de la rampe. 

BM : Entre les réflexions introspectives, il y a les airs plus légers, parfois même dansants. C’était important pour toi d’amener aussi ce côté plus aérien à l’album ? D’y retrouver un certain équilibre ? 

GN : Je n’aime pas les réflexions linéaires. La vie est composée de tant de paradoxes, de contrastes, de flottements. C’était important pour moi de donner plus d’une dimension à l’album, d’y faire cohabiter différentes couleurs et textures. Je crois que ça permet de mettre en valeur les émotions propres à chaque chanson. 

BM : Tu t’es également entouré de plusieurs collaborateurs et collaboratrices pour ce disque (Zouz, Étienne Dupré, Francis Ledoux, JB Pinard, Guillaume Guilbault, Marilyse Senécal).En quoi ce travail d’équipe a-t-il été bénéfique ? Ça a permis de voir tes chansons différemment ?

GN : Je me suis entouré d’artistes incroyables, des gens que je respecte énormément. Je suis de ceux qui croient que la diversité enrichit. Aussi, chaque musicien provenait d’horizons différents et je crois que ça a approfondi la sonorité de l’album et que ça l’a mené sur des chemins que je n’aurais su prendre seul.

Essai de danse sans gravité est disponible sur toutes les plateformes d’achat et d’écoute numériques. Pour ne rien manquer de ce qui s’en vient pour Gabriel Noël, rendez-vous sur ses pages Facebook et Instagram.

Photo de couverture : Gabriel Noël

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Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

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