C’est novembre

C’est novembre. Le mois du gris du ciel qui se reflète souvent sur l’âme aussi. Le mois qui donne envie de se cacher dans la penderie une couple de semaines. Ça se peut que tu l’aies trouvé rough, que même la neige ait pas réussi à venir à bout de ton angoisse, de ton stress de fin du monde. Que lorsque tu te retrouves seule dans ton lit, ça te prenne tout ton p’tit change pour réussir à t’en extirper. Que des fois t’aurais envie de l’appeler pour qu’elle abandonne tout pour venir te donner un hug. Du genre qui dure une heure.

Mais tu peux pas faire ça, faut être forte. Faut essayer en tous cas, pour pas donner raison à ceux qui te traitent de p’tite fille parce que t’as les larmes faciles. T’as le déluge aux mauvais moments. C’est d’même, ça se contrôle pas aussi facilement qu’ils voudraient le croire.

Tu cries pas toi dans la vie, mais tu brailles. Pas toujours pour des raisons qui font du sens pour les autres. Les rhumes, les microbes, tu combats ça super rapidement, avec tes anticorps du tonnerre. Quand tu rentres pas au travail, c’est parce que ton anxiété a pris le dessus, parce que la bête noire avec laquelle tu te bats est ben lourde des fois. Même si on te dit stresse pas, calme-toi, capote pas avec ça, c’est pas grave, ça change rien. C’est là pareil.

Mais t’sais, c’est pas parce que tu faillis des fois, que tu t’écroules un peu parce que le trop-plein t’a éclaté dans la face, ça veut pas dire que t’es pas une héroïne. T’as réussi à combattre ton angoisse jusqu’ici, à pas la laisser t’empêcher d’étudier ce que tu voulais, de travailler ou tu voulais. T’as réussi à combattre intérieurement les gens qui te trouvaient faibles dans ton hypersensibilité. À leur crier des insultes dans ta tête parce que toi tu le sais que c’est pas de la faiblesse. Faut être mauditement forte pour se dire t’es capable certains matins.

Parfois, ton honnêteté va les ébranler. Certains auraient préféré que tu dises : j’avais la gastro. Ça serait une meilleure excuse à leurs yeux. Mais si tu trouves des gens à qui tu peux dire : y fallait que je retrouve mon respir à matin, y fallait que je hurle sur l’anxiété de se calmer le pompon un peu. Si tu trouves des gens qui t’aiment dans ton oversensibilité, dans ta roulette russe de pensées et tes phobies bizarres, laisse-leur cueillir tes peurs quand ça devient trop dur d’être dans ta tête. Parles-en. Ça va aller mieux bientôt. Écris-le, dessine-le, évacue-le au gym, frotte trop ton appartement, laisse ça sortir. Je te dis pas que ça reviendra jamais, que tu vas être débarrassée de ton angoisse après ça, mais tu vas avoir une méchante bonne raison d’être fière de toi. Garde pas ça pour toi, laisse-toi bercer. Tu le mérites. Tu vaux beaucoup pis y’a pas de honte à te sentir de même. C’est normal d’avoir peur.  Prendre soin de sa santé mentale, c’est pas des caprices. Viens, je te tiens la main.

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Sous anonymat

Autrice dont les mots vivent sous anonymat.

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