Les petits espaces, c’est aussi le bonheur

Lorsque vient le temps de déménager, plusieurs questions peuvent être à l’origine de nos choix. Dans un monde idéal, nous voudrions peut-être une maison en bord de mer dans le Maine, mais dans la réalité, il faut savoir déterminer ses priorités pour un prochain lieu de vie. Quand ma blonde et moi avons décidé de partir de notre ancien appartement, il nous est venu à l’esprit de prendre un quatre et demi plutôt que le trois et demi que nous avions, mais finalement, un coup de cœur en a décidé autrement.

Un petit appartement dans une maison tranquille avec accès à une cour et un loyer très raisonnable nous paraissait idéal. Toutefois, les dimensions de ce nouvel appartement étaient plus modestes que celui que nous avions. Nous avons passé d’un très grand trois et demi à un petit. Ça ne nous semblait pas très grave puisque nous avions déjà commencé à faire du tri dans nos objets pour éviter d’apporter des possessions inutiles. En parlant avec les gens, j’ai cependant réalisé que déménager dans un appartement plus petit par choix provoquait parfois des froncements de sourcils. Comme si le fait d’être mieux dans un nouveau lieu de vie allait de pair avec davantage d’espace (et plus de ménage à faire si vous voulez mon avis).

Pourtant, pour nous deux, il était certain que perdre quelques mètres carrés ne nuirait pas à notre bonheur futur. Je me suis alors demandé : qu’est-ce qui fait en sorte que beaucoup de gens croient avoir besoin de plus d’espace pour être heureux ? Évidemment, si la famille s’agrandit ou si vous décidez d’avoir un bureau à la maison, c’est différent. Mais lorsque les conditions ne changent pas, pourquoi est-il considéré comme étrange de vouloir s’accommoder de plus petit ?

Notre société contradictoire nous montre les maisons gigantesques des célébrités et nous bombarde également de petites roulottes vintage revampées par des couples ayant décidé de se délester de quasiment tous leurs biens. Situées quelque part entre ces deux extrêmes, ma copine et moi avons commencé, dans les derniers mois, à nous questionner sur tout ce que nous possédons. Nous avons de la vaisselle pour accueillir douze enfants alors que nous utilisons les mêmes couverts chaque jour. Nous avons des vêtements nous permettant de tenir sans laveuse des mois durant et assez de livres pour les cinq prochaines années. En réalisant tout cela, nous avons tranquillement fait le tri dans tous les coins de notre appartement.

Ainsi, j’ai donné à une amie un sac à main presque neuf que je trouvais joli, mais dont le format ne me convenait pas. Des cadres colorés pour lesquels nous n’avions pas d’espace ornent désormais les murs d’un autre ami et plusieurs vêtements datant du secondaire ont pris le chemin des boutiques de seconde main de notre région. Ce processus de réorganisation nous a permis de prendre conscience des objets qui nous tenaient réellement à cœur et aussi de se sentir libérées à chaque sac donné à une meilleure cause.

En ayant désormais cette nouvelle philosophie en tête, nous tentons de donner un objet à chaque fois que nous voulons en acheter un nouveau. Lorsqu’on me demande des suggestions de cadeaux, je demande plus souvent des petits plats ou un souper au restaurant. Aussi, nous nous questionnons plus longuement avant d’acheter impulsivement un « cossin » cute, mais pas tellement utile. Nous sommes également moins craintives de donner un vêtement qui était conservé «  au cas où j’irais dans un gala », mais qui n’était finalement jamais porté. Il me plait désormais de penser à Pierre-Yves McSween lorsque je fais du tri et de me demander : « En as-tu vraiment besoin ? »

Notre appartement aux multiples animaux en peluche et décorations de Star Wars confirme que nous sommes loin du minimalisme, mais questionner un peu la société de surconsommation et d’accumulation d’objets inutiles nous permet de vivre un peu plus simplement en gardant notre argent pour ce qui compte vraiment : du temps passé à deux ou avec nos proches.

Et vous, rêvez-vous de petits espaces ?

Amélie Lacroix Maccabée

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Amélie Lacroix Maccabée

Bibliophile, créative et curieuse. Hypersensible se réfugiant dans les mots et les arts. Gamine dans l'âme et accro au sucre. Intéressée par la cause féministe, environnementale et par la diversité sexuelle et culturelle dans les médias et la littérature.

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