Bonjour, je m’appelle Josée. Je souffre de stress de performance. Et j’entends au loin un « Bonjour Josée » de centaines de personnes qui souffrent comme moi. Plus ou moins anonymement. Performer, performer, performer. Ce mal glorifié parce qu’il est bien vu de performer. On veut des bonnes jobs, de bons amis, une vie sociale bien remplie. Et dans mon cas, j’ajoute : être une athlète.
Décortiquons le sujet (soyons scientifiques un peu). Stress de performance : stress déclenché par l’idée d’un événement futur. L’incertitude. Le stress est une image mentale, une projection de ce que vous devez accomplir, et comment y arriver pour réussir (ou pas).
En 2017, tout autour de nous nous pousse à vouloir l’excellence : un body digne des magazines, cuisiner comme un chef, courir un marathon, impressionner son entourage pour les rendre fiers. Et l’afficher le plus possible. Sur Facebook, Instagram, Twitter. Être un gagnant.
Tranche de vie : il y a 5 ans, je me suis donné pour mission de perdre un peu de poids. Pour ma santé physique en premier, et ma santé mentale en second. Ou vice versa. En 5 ans, j’ai éliminé 110 livres, appris à manger mieux, et bouger plus. Alors à force de bouger, on devient accro. C’est bon l’adrénaline. On se donne un objectif, on le travaille, on le performe. Un bon stress. Avec toutes les étapes saines du « objectif -plan de match- action – réussite ». Et c’est dépassé ce stade que ça se bouscule. 50 courses officielles plus tard, une dizaine de courses à obstacle de type Spartan, et 4 triathlons : me voici. Avec un diagnostic de stress de performance. De l’anxiété, et un déséquilibre psychologique de la gestion du stress. Voici les symptômes les plus communs : la fatigue, la désorganisation, le sabotage (physique et/ou émotionnel), et un épuisement psychologique (autrement dit être écœurée). Boum! Le mal de notre génération qui frappe fort. Le stress de performance peut s’apparenter à une dépression tout en restant fonctionnel dans la vie de tous les jours.
Comment j’ai su que j’avais un problème? Croyez-moi, on s’en doute assez vite. La perte de plaisir à faire ce qu’on aimait faire auparavant. Quand même la discipline n’arrive plus à vous pousser dans le derrière, quand l’idée de faire une activité (dans mon cas un triathlon) semble une épreuve insurmontable, un fardeau. Le tableau suivant démontre bien par quelles étapes on passe de la pente ascendante à la pente descendante.
Donc me voilà en septembre dernier à la fin de mon dernier triathlon. À boutte. Écoeurée. Envie de tout lâcher. Et l’envie bien sentie de faire un doigt d’honneur à tout ce qui s’apparente au sport. Et le diagnostic est tombé. Sans grande surprise.
Comment remonter la pente? Voici quelques astuces qui m’ont bien aidée :
- Prendre du recul. Si nécessaire, prendre un temps d’arrêt. Réduire ou arrêter pour une certaine période (variable pour chacun) ce qui nous draine dans la pente descendante.
- Ancrer les expériences positives. Retrouver le PLAISIR dans la performance (dans la photo de couverture, j’ai mis toutes les photos où j’ai eu du PLAISIR à faire du sport, et atteint mes objectifs avec le sourire.
- Redéfinir ses objectifs. La majorité du temps, le stress de performance survient lorsqu’on s’impose de trop gros objectifs et la visualisation de la finalité nous semble insurmontable.
- CESSER DE SE COMPARER! Quand on parle de performance, la comparaison avec les autres devient une source de stress qui peut devenir obsessive. Arrêter de comparer ses temps, les charges que l’on soulève, ses changements corporels.
Mais surtout, réaliser qu’on est donc chanceux d’être là. De pouvoir profiter de notre corps. Trouver, ou retrouver, le plaisir de faire du sport sans objectif contraignant. Le beau temps est arrivé, n’en faites pas trop. Prenez le temps aussi d’en profiter!
Bon été!
Josée Leblond
Chroniqueuse Mise-en-forme