Sorties au théâtre: Scotstown et Cranbourne

Scotstown

C’est le 2 septembre dernier, dans la charmante petite salle du Théâtre Outremont, que j’ai eu l’occasion d’assister à la pièce Scotstown, écrite, mise en scène et interprétée par Fabien Cloutier. Avec son chandail d’orignal, ses tatouages ratés et ses grosses bottes, l’acteur y incarne un typique campagnard provenant de la Beauce.

Seul sur scène, il raconte avec une énergie inébranlable de nombreuses histoires loufoques. Imitant les personnages, chantant des chansons et muni d’une gestuelle expressive, Fabien Cloutier parvient à remplir la scène à lui seul. Dans un joual rempli de jurons et d’expressions typiques de sa région, il réussit à faire rire sans relâche les spectateurs avec ses récits farfelus. Que ce soit un bedeau en recherche de vengeance, une virée de gars à Montréal ou l’organisation d’un jeu pour enfants, tous les événements narrés par l’acteur sont empreints d’humour. Ces histoires où l’alcool coule souvent à flots parviennent aussi à explorer de nombreux sujets. Cette pièce ne suit pas un fil conducteur, mais consiste en un recueil de courtes histoires vécues par un même personnage.

theatrelalicorne.com
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Tel un conteur de campagne dans un petit bar de région, le personnage ne se censure nullement et exprime aux spectateurs ses moindres pensées et chaque détail cocasse. En regardant cette pièce, il faut bien sûr comprendre que les propos tenus par le personnage sont exagérés, car les préjugés se multiplient constamment dans ses péripéties. Il n’est pas recommandé de prendre au sérieux les commentaires du personnage, car on se révolterait intérieurement après chaque phrase.

Sur la scène, une unique chaise décorée de manière excentrique occupe l’espace. Ce décor minimaliste est suffisant puisque le comédien permet aux spectateurs de tout imaginer grâce à ses habiles mimiques et ses mots. En bref, la pièce Scotstown m’a fait rire du début à la fin. Elle se distingue réellement des autres pièces habituellement à l’affiche par son ton cru et l’originalité de ses propos. Oreilles sensibles s’abstenir.

lapresse.ca
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Cranbourne

Cranbourne, également présentée au Théâtre Outremont, constitue  une autre pièce écrite, mise en scène et interprétée par Fabien Cloutier. Les deux paraissent reliées l’une à l’autre et se ressemblent sur plusieurs points. Ici encore, on suit le même personnage d’homme provenant de la Beauce. Il désire toutefois « évoluer » un peu des bêtises qu’il faisait constamment avec ses amis. Pourtant, dans ses mots, tous ses compagnons semblent être affligés par une stupidité sans limite, ce qui n’a rien pour l’aider.

Afin de se sortir de son quotidien sans but et de sa vie qui l’ennuie, il décide de se chercher un emploi et une copine. Il réussit à se dénicher un boulot à la production dans une usine de gâteaux Vachon. C’est là qu’il rencontrera Cindy, sa future copine.

Bien sûr, à travers tout ça seront mêlées de nombreuses anecdotes sur les amis, le travail et la préparation du mariage pour se terminer sur une pointe dramatique.

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Cranbourne est, encore une fois et tout comme Scotstown, portée sur les épaules de Fabien Cloutier. Son interprétation puissante et son talent permettent de captiver les spectateurs malgré le peu d’accessoires dont les décors sont dotés. Cette pièce donne l’impression d’avoir été inspirée par des histoires de la région de l’acteur qui sont ensuite exagérées à la puissance dix afin de les rendre plus comiques et piquantes.

Il est impossible de nier que cette pièce fait dans la provocation par son langage salé et ses sujets parfois inconfortables. J’ai senti à quelques reprises que le monologue allait trop loin dans ses propos que ce soit par le temps accordé à une histoire ou par la répétition de jurons. Aussi, quoique le personnage prétende avoir changé en début de pièce, une réelle évolution de l’individu aurait ajouté intérêt et pertinence aux propos.

Cranbourne web
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Bref, Scotstown et Cranbourne constituent de bons divertissements malgré leur vulgarité, mais elles appartiennent à un style qui n’est appréciable qu’à l’occasion, selon moi. Elles constituent une belle manière de rire un bon coup si on est capable de laisser sa morale de côté pour une soirée ou deux. La prestation de Fabien Cloutier à elle seule vaut le déplacement.

Ces pièces feront l’objet d’une tournée dans les salles de spectacle de région dans les prochains mois.

L’image vedette provient du site web du Théâtre Outremont.

Amélie Lacroix Maccabée

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Amélie Lacroix Maccabée

Bibliophile, créative et curieuse. Hypersensible se réfugiant dans les mots et les arts. Gamine dans l'âme et accro au sucre. Intéressée par la cause féministe, environnementale et par la diversité sexuelle et culturelle dans les médias et la littérature.

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