La première épicerie, ou la petite poucette moderne.

Des fois, les contes pour enfants sont vraiment plus proches de nous qu’on le pense.

Vous connaissez le Petit Poucet? Ouain, l’histoire, là, où le petit éparpille des morceaux de pain derrière lui pour retrouver son chemin?

Vous connaissez la Petite Poucette? T’sais, le conte danois (BEN OUI) avec la fille minuscule, à peine haute comme un pouce?

Eh bien, j’ai des raisons de croire que je suis le mashup, le mix, le « Tornade framboises-mûres » des deux protagonistes de ces contes.

J’m’explique.

Tantôt, j’t’allée faire ma première épicerie de résidence dans un p’tit supermarché, en haut de la colline, pas trop loin de ma chambre pis de la gare de train. J’avais fait ma liste: lait, oeufs, pain, beurre, fruits, légumes, huile d’olive, etc. J’ai même pas oublié la sauce Kikoman. Tout cas, j’tais en business.

Tout près d’ma rez, y’a les vélos. Je m’en étais acheté un, pour l’occasion.

Au Danemark, mettons que le rush hour se fait pas en char. Si tu te fais pas écraser par un bicycle quand tu sors de chez vous, t’es épargné pour la journée. Pasqu’y a toujours un autre rush hour de vélos pas loin.

J’ai enfourché mon nouveau vélo (je l’ai appelé Gontrand) pis j’ai pédalé un boutte.

C’qui faut savoir, maintenant, c’est qu’y’a pas tant de côtes, au Danemark. C’est pas mal plat. Mais quand y’en a, y’en a.

Pis mes brakes fonctionnent pas, comme de fait.

Je l’ai découvert à mes dépens, quand y’a fallu que je fasse une manoeuvre level Expert de breakage de côté avec mes roues.

J’ai gossé un peu avec. Pas capable. M’a le faire réparer un autre tantôt.

Bref, j’ai fait ma prudente pis j’suis arrivée à l’épicerie saine et sauve, deux minutes plus tard.

Prends l’panier. Remplis l’panier. Va à la caisse. Paie. Se rend compte que t’as BEN TROP DE CHOSES pour ton pauvre panier.

Okay, pas grave, que j’me suis dis. J’vais marcher, pas plus grave que ça.

Avez-vous déjà essayé de marcher avec un sac de mille tonnes d’une main, un vélo instable de l’autre?

Moé oui. Pis j’ai renversé le vélo à m’ment donné.

Mon pain noir s’est échappé de son « sac ». Rendu là, j’peux même pas dire que c’tait un sac. C’tait du wannabe plastique qui avait une job à temps partiel de sac à pain.

J’ai pris mon courage (pis mon pain par terre) à deux mains, pis j’ai marché (tranquillement) jusqu’à ma résidence.

En me retournant de temps en temps, j’ai vu que j’avais échappé des bouttes de pain durant le trajet.

Ceux qui veulent me retrouver n’ont qu’à suivre les féculents.

Une p'tite frette pour des gros frettes!
Une p’tite frette pour des gros frettes!

Au moins, la Carlsberg est safe.

J’suis la P’tite Poucette, parce que je suis encore tellement minuscule dans cette petite ville, tellement naïve parmi les lucides, tellement jeune dans ce pays vieux comme le monde.

Pis j’échappe du pain partout.

Les premières épiceries d’appart’, ça se fait avec ses parents, avec ses colocs, avec ses meilleurs amis.

Moi, c’tait toute seule, pis c’tait presqu’un conte d’Andersen.

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Audrey-Maude Falardeau

Audrey-Maude aime rire, sourire, se marrer, mais surtout abuser des synonymes. Quand elle n'est pas en train de penser au sens de la vie, elle se pratique à faire des clins d'oeil avec l'oeil droit (pas facile, pas facile). Passionnée de culture, d'humour et d'improvisation, Audrey-Maude est toujours front row à n'importe quel spectacle (en train de rire trop fort).

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