Il est 9h30 du matin et c’est dimanche. Il fait un froid de canard et il mouillasse ! Je viens de rentrer chez nous après une autre nuit de travail. Un travail que j’adore et qui fait autant partie de moi que l’écriture et le côté créatif : je suis intervenante dans un refuge pour femmes itinérantes. J’aurai bien la chance de vous en reparler sous peu.
Alors, disais-je, je revenais du travail et je maugréais un peu de devoir marcher jusqu’au métro sous la pluie froide. Je voulais tellement prendre un taxi et dorloter ma douce paresse. Je n’étais pas contente du tout qu’il y ait un marathon directement entre chez moi et mon lieu de travail. Même si j’ai quelques amis qui couraient pour le marathon Oasis ou pour le Rock ‘n’ Roll Marathon series de Montréal…Shame on me, je sais ! Ne vous en faites pas, la vie m’a rattrapée (en vraie marathonienne).
Sur le chemin vers le métro, je n’ai pas vu de coureurs, mais en arrivant chez moi, juste devant l’immeuble, il y avait déjà une bonne gang qui courait allègrement, même si le temps donnait envier de brailler. Des jeunes, des vieux, des adolescentes, des sprinteurs et des gens bien en chair. Et là BAM ça m’a frappée ! Ne me demandez pas pourquoi, ni par quel bord c’est arrivé, mais ça m’est rentré dedans comme 15 coureurs ! « Qu’essé que je fais en dehors de la parade. Comment ça se fait, que je ne suis pas en train de gambader moi aussi ? » J’ai pensé un instant que je n’étais pas bien en forme et que mes genoux avaient beaucoup de mal depuis quelques années. Qu’avec la maladie de Crohn, je vis des épisodes d’urgences-catastrophes à des moments bien embêtants. Bref, j’avais des raisons de ne pas courir et je me suis dit que je devrais encourager ma mère qui fut presque une athlète aux Jeux du Québec il y a 30 ans. Ma mère faisait de la course de haies. Elle a beau frôler les 50 ans, elle a des jambes à rendre jalouse les jeunes nymphettes. (J’exagère elle dira!) Donc, me voilà tout excitée d’aller la réveiller comme à chaque matin en revenant du boulot. Je me poste devant sa porte vitrée avec toute l’excitation du monde et comme un enfant, je lui demande de venir voir, vite vite.
Ma mère m’a lancé au défi : si tu le fais, je le fais.
Je lui ai alors parlé de ma peur reliée à ma maladie et de ma peur de devoir en plein marathon m’arrêter pour aller à la salle de bain. Elle m’a dit avec une simplicité déconcertante : « ben on va arrêter et tu vas y aller et s’il faut que je cogne à une maison privée pour que tu y ailles, je vais le faire. Les gens supportent les coureurs Mélanie.» Ça m’a fait constater à quel point je m’empêche de faire des choses à cause de peurs un peu ridicules ou peut-être est-ce aussi une façon de m’éviter de dire : « Fille c’est ici que ça commence. Tu as un marathon dans 365 jours ! » .
Et quand on dit qu’un éclair ne frappe pas deux fois à la même place, ben c’est de la foutaise ! Ça m’est arrivé pour une seconde fois ce matin. BAM !
Un jeune garçon d’environ 13-14 ans courait seul AVEC UNE MARCHETTE ! Il avait un handicap évident qui rendait sa course un peu laborieuse, mais IL COURAIT. J’ai éclaté en sanglots.
Fille c’est aujourd’hui que ça commence. Tu en marcheras la moitié, tu arrêteras 8 fois pour aller au petit coin, mais tu participeras au prochain marathon Oasis l’an prochain.
Fut un temps où me dépasser physiquement était un plaisir et quelque chose qui m’apportait beaucoup psychologiquement. Plus de 14 ans de natation et beaucoup de vélo de route font partie de mon passé. J’imagine qu’il suffit d’allumer cette flamme à nouveau comme ce matin ? Ma question est comment la garder allumée ? L’agenda comme coach de vie de Mlle Mymy ! Quel merveilleux outil ce sera. En plus de cette envie de courir sous les cris et les applaudissements et cette fierté que les gens ressentent quand c’est accompli. Oui, je veux ça moi aussi. Allez hop Bouclette en chef, marche vers ton premier marathon.
C’est tant mieux que mon amoureux m’ait acheté mes premières bonnes espadrilles depuis une bonne dizaine d’années. Ça doit être un signe !
Mélanie Galipeau
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