Quand la bûche de Noël, les lumières qui scintillent sur nos maisons, l’étoile en haut du sapin, les cadeaux, la tourtière et les bisous de grand-maman ne suffisent plus. Quand les vacances n’en sont pas; quand on se sent tiré vers le bas même quand tout devrait pourtant nous faire sourire…
Le temps des fêtes est un moment où être malheureux est tabou mais qui durant lequel de nombreuses personnes marchent sur une corde raide. Cependant, il leur FAUT, eux-aussi, s’amuser, parler, manger, partager. Il leur faut célébrer la vie, la famille, l’abondance et le plaisir. Mais comment faire lorsqu’il n’y a plus une goutte de bonheur qui circule dans nos veines?
Si je m’arrête pour vous dire ces mots si denses, c’est parce qu’une amie est morte le 27 décembre dernier. Elle a choisi de jouer à pile ou face avec sa vie parce qu’elle n’en pouvait plus des montagnes russes qui lui donnaient des hauts le cœur et des fleurs sur sa peau qui devenaient de plus en plus intrusives; elle qui vivait tout à fleur de peau. Effectivement, vous ne la connaissez pas ma belle Pénélope, si belle, si jeune, mais si ébranlée par la vie. Je ne la connaissais que très peu moi-même, mais je vous en parle quand même puisque l’essence de mon propos est bien là, dans l’engagement moral que nous devrions prendre les uns envers les autres, quel que soit le lien qui nous unit.
Pénélope et moi, on se connaissait peu, mais on avait partagé des moments lumineux, des sourires, des éclats de rire même… Nos routes ne s’étaient que croisées, mais l’effet papillon engendré par la perte d’une personne qui a traversé notre vie, brièvement ou non, est toujours perturbant. On se surprend à repenser à cette personne et puis, on essaie de rattraper le temps perdu dans notre tête, de comprendre et parfois, par égocentrisme, mais surtout par amour et empathie, on se demande si on aurait pu y changer quelque chose. Plus la personne était proche de nous et plus on se sent interpellé, voire « responsable » de son choix. Mais si le libre-arbitre s’applique aux choix heureux, il s’applique aussi aux choix plus sombres et fatals. On ne peut qu’accompagner ceux qui ont l’impression de ne plus savoir où ils vont et non leur dicter la route à suivre. La vie est harsh. On ne se le cachera pas. Elle est aussi belle que rude. Pour certains, savoir comment la prendre n’est même plus envisageable; survivre n’a même plus de sens.
Lorsque j’ai appris le décès de Pénélope, les premiers mots qui m’ont habitée ont été : « Je le savais qu’elle n’allait pas bien…» Elle m’avait confié deux mois plus tôt avoir une vie chaotique et avoir de la difficulté à reprendre le dessus. J’avais eu ce sentiment qu’elle vivait des montagnes russes qui lui donnaient le tournis. Pourtant, je n’étais pas proche d’elle et je ne communiquais avec elle que virtuellement depuis des années. Mais j’avais cette information, importante, très importante, dont je ne m’étais pas servie.
Je me suis alors mise à recenser tout mon entourage dans ma tête. Je me suis demandée qui pouvait bien avoir besoin de mon support, de mon oreille, de mon numéro de téléphone. Puis, sans réfléchir, j’ai écrit à toutes ces personnes proches ou moins proches de moi en leur disant que je les aimais, que je les sentais susceptibles de me quitter et que je ne voulais pas. Je leur ai rappelé que j’étais là, qu’ils pouvait me réveiller en pleine nuit si jamais leur existence devenait trop lourde et que je serais leur bouée de sauvetage en attendant que la tempête passe. Je leur ai exprimé clairement mon ouverture et mon empathie et surtout, je leur ai donné une façon de me rejoindre en tout temps en spécifiant qu’il n’y aurait jamais de mauvais moment pour me contacter. Jamais. Pas pour ça.
Si j’ai décidé de vous parler de Pénélope, c’est parce que j’aimerais vous encourager à penser à ces gens qui vivent des hauts et des bas autour de vous. Ne les laissez pas à eux-mêmes en vous disant qu’ils sont invincibles ou qu’eux, ils ne feraient jamais ça. Pensez à ceux qui souffrent ou qui sont simplement très discrets et ténébreux. Laissez-leur savoir que vous êtes accessibles, disponibles et empathiques à ce qu’ils vivent et offrez-leur un gilet de sauvetage avant qu’ils ne prévoient sauter à l’eau. Nous ne sommes en aucun cas « responsables » les uns des autres, ni de nos émotions ni de nos choix, mais nous sommes tous humains et sensibles à la détresse humaine et nous avons le pouvoir de nous entraider, de nous inspirer et surtout de partager notre force en nous épaulant.
Il est souvent plus facile de se confier à un inconnu ou à une personne moins près de nous puisqu’il n’y a ni conflits d’intérêts, ni peur de briser l’autre avec nos pensées obscures, car l’amour et la proximité rendent parfois ces discussions trop délicates. Je vous encourage donc fortement à offrir votre aide aux gens que vous connaissez peu, car ces derniers sont plus susceptibles de vous solliciter que votre propre entourage.
Évidemment, je ne dis pas que le simple fait d’offrir son aide suffit à apaiser les tourments existentiels des gens accablés par leur mal de vivre, mais je crois qu’en prévenant, qu’en parlant davantage de suicide et de souffrance et qu’en démontrant un accueil chaleureux envers la douleur d’autrui, on ne pourra qu’améliorer les chances de diminuer les dommages causés par celle-ci.
En ce moment de bonheur collectif, j’ai une pensée pour tous ces gens qui se sentent exclus, seuls, déprimés, dévastés, perdus et j’accueille leur souffrance avec la même empathie que si c’était la mienne. Soyons indulgents, soyons aimants envers ceux qui souffrent. Ils ont besoin de nous. La route est longue et parfois rude, mais soyons patients et confiants, car chaque pas compte vers la paix intérieure. Bonne année et bonne chance à vous tous! Que sur votre route se trouve tout ce dont vous avez besoin pour vous épanouir. Gardez la tête haute, fièrement, car nous sommes tous des guerriers et, même meurtris, il y aura toujours une seconde chance; un second souffle à ce désir de vivre.
À la vie! À 2015! À l’espoir!
À la mémoire de Pénélope et de tous ces gens qui nous ont quittés, trop vite.
Pour boucler la boucle :
La vie est la plus belle et la plus rude des batailles et il faut se battre jusqu’à la fin, même si l’on sait pertinemment que, celle-là, on ne la gagnera pas.
Si jamais vous sentez que vous n’avez plus la force de vous battre :
SUICIDE ACTION MONTRÉAL : (514) 723-4000 Services 24 heures
Ailleurs au Québec: 1-866-277-3553 (1-866-APPELLE) Services 24 heures
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bonne Année 2014 Pénélope et bonne inspirations ;)