Iphigénie à Pointe-aux : l’héroïne contemporaine

théâtre

Mardi soir, au Théâtre Prospero, j’ai pu aller voir la création Iphigénie à Pointe-aux, issue du collectif Les Stations sordides et du Théâtre Catapulte. J’ai été agréablement surprise par cette pièce qui m’a charmée du début à la fin! La mise en scène, ainsi que la scénographie, sont signées Isabelle Bartkowiak, alors que la traduction est effectuée par Alice Tixidre.

Dans cette adaptation québécoise de la pièce de Gary Owen, on suit Effie, personnage effronté et poignant représenté par un chœur de quatre femmes. En référence à l’héroïne grecque Iphigénie, Effie est remplie de force, de courage et de résilience. Elle représente une combattante qui dénonce la lutte des classes en persistant dans un monde précaire, tout en étant marginalisée et solitaire. À travers son histoire et son intimité, elle nous fait voir les failles de la société en nous emmenant avec elle dans son quotidien chaotique.

En toute simplicité

Iphigénie à Pointe-aux : l'héroïne contemporaine


J’ai été envoutée par la simplicité de la pièce et par le texte brillamment écrit. Le langage cru du personnage, ainsi que ses propos directs, vrais, ne peuvent faire autrement que nous faire rire! On s’attache automatiquement à cette femme fougueuse, arrogante mais authentique, et on arrive à se mettre à sa place. Le jeu des comédiennes était rafraichissant, hilarant et bien exécuté. Rempli de nuances, les quatre femmes avaient leur propre unicité en plus de créer un tout, une cohésion. Leur façon d’interpréter les personnages secondaires nous laissait entrevoir immédiatement les personnalités ignorantes et insignifiantes de l’entourage d’Effie. En fait, c’est ce qu’elles nous laissaient croire, par un jeu presque clownesque!

Un manque d’éclat

Iphigénie à Pointe-aux : l'héroïne contemporaine


Mon seul bémol à la pièce est la scénographie et quelques choix de mise en scène. Bien que j’ai apprécié la simplicité de l’univers et du texte, j’ai trouvé que les décors manquaient de profondeur et de recherche. Mis à part un divan, un palmier en plastique et deux petits cerfs, la scène était pas mal vide! Il faut dire que l’équipe a connu l’an dernier des difficultés de subventions et avait dû annuler leurs représentations, faute de financement. En parlant du symbole du cerf, présent également par un tatouage d’Effie, il aurait pu être un peu plus exploité et approfondi. Bref, la scénographie peut concorder avec les propos de la pièce et avec l’univers précaire de la protagoniste, mais j’aurais aimé un élément visuel un peu plus attirant. Les éclairages était plutôt saccadés et étaient encore une fois un peu fades.

Aussi, les transitions entre les scènes m’ont un peu déçue, puisqu’elles m’étaient incompréhensibles la majeure partie du temps et n’ont fait sens qu’à la fin de la pièce. À chaque fois, c’était la même chorégraphie; un mouvement du fauteuil et les comédiennes qui semblaient simuler une « explosion » au ralentit, de manière un peu hachée, manquant de fluidité et d’intérêt, à mon avis.


Reste qu’avec ces choix plutôt minimalistes, nous pouvions nous concentrer pleinement sur le jeu des comédiennes, sur l’histoire captivante et sur le texte qui en valaient clairement la chandelle! Je conseille vivement d’aller voir Iphigénie à Pointe-aux, j’y ai passé un très bon moment !

La pièce est présentée dans la salle intime du Théâtre Prospero jusqu’au 19 octobre 2024. Pour des billets, c’est par ici.

Crédit photos : David Wong

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