Ayant moi-même été ramassée par la maternité comme trois tonnes de briques, je savais que la lecture de La naissance d’une mère de Mélanie Boulay me rejoindrait.
Alerte aux divulgâcheurs : ne lisez pas ce qui suit si vous voulez lire le livre!
Dès les premières lignes, j’ai été interpellée : les mots sont justes et accessibles, ce qui fait en sorte qu’on se reconnaît à fond. Résonnance : c’est sûr que je ne peux pas parler pour les autres, mais mon p’tit doigt me dit que je suis pas la seule à avoir vécu l’enfantement (au sens large) comme une épreuve épouvantable et zéro l’fun.
Ça commence raide. La grossesse difficile, la déconnexion : on se dit « voyons, pourquoi je ne suis pas capable de juste enjoy comme le monde normal? C’est clair que ça va affecter mon bébé! » Puis, l’accouchement traumatique. L’allaitement catastrophique. Abandonner par épuisement. Le manque de sommeil qui rend complètement dingue, l’hospitalisation de maman alors que bébé n’a que quelques jours de vie parce que t’sais, ça ne pouvait pas être simple.
L’impossibilité de récupérer en ayant le corps en charpie. La tonne de pression. La gestion de tout, les nuits, les rendez-vous. L’absence absolue de bonheur… C’est raide dit de même, mais c’est la réalité pour plusieurs. Un moment donné, je crois qu’il faut nommer les faits.
Même l’amour que tu ressens fait mal. L’anxiété comme t’as jamais connu, et c’est pas peu dire, ça te brûle le corps au complet pour ne laisser qu’un petit tas de cendres. Tout ça, l’autrice l’a rendu avec justesse et sensibilité. Tellement que je ne pourrais probablement pas écrire un roman sur mon postpartum sans me faire accuser de plagiat! Malgré tout, quand la tempête s’apaise et qu’on respire à nouveau normalement, l’envie revient. Et c’est reparti pour une seconde fois.
J’aime aussi le fait que la charge mentale reposant sur les femmes soit abordée. La performance qu’on attend de nous, même dans la douleur, même dans l’épuisement, même avec un corps qui vient de subir la plus grosse épreuve qu’un corps humain puisse vivre. J’ai souri quand elle mentionne qu’elle imagine difficilement les hommes vivre ça sans que ce soit la fin du monde. Je mentirais si je disais que je ne me suis jamais fait la même réflexion.
Mais, tout passe et le beau revient. Quand on accouche, on se prend un aller simple vers un univers parallèle impossible à imaginer, et on en revient jamais. Ça devient notre nouvelle normalité, on ne peut plus concevoir les choses autrement. C’est ça, la naissance d’une mère.
Je ne pourrais pas tout dire sans faire un article de 3 000 mots, mais selon mon humble avis, c’est une réussite et malgré un sujet riche en émotions, on ne tombe jamais dans le piège du mélodrame qui ferait plutôt décrocher le lecteur.
Paru chez les éditions Parfum d’encre, le livre La naissance d’une mère de Mélanie Boulay est disponible en librairie dès maintenant.
