Le virus et la proie: un cri du cœur au 1%

Le virus et la proie, théâtre

J’ai eu la grande chance d’assister au début du mois à l’une des trois représentations de la pièce Le virus et la proie, un texte de Pierre Lebfevre dans une mise en scène sobre, mais efficace de Benoît Vermeulen au Centre du théâtre d’Aujourd’hui. Sur scène, quatre comédien.nes de talent : Tania Kontoyanni, Alexis Martin, Ève Pressault et Madani Tall ont scandé, ensemble, des appels au pouvoir, des tentatives de rapprochement, de véritables cris du cœur sur la violence du monde. Quatre voix qui auraient pu en être qu’une seule, mais qui ensemble mettent en lumière la réalité du vrai monde. Une voix pour le 99%. Une voix pour ceux qui peuvent dire, mais qu’on n’écoute pas. Bref, un moment où la nécessité et la pertinence de la scène théâtrale prend tout son sens.

Un texte très littéraire, un jeu vrai

Étant une grande fan de littérature, j’ai adoré le texte. Le contraste entre le vocabulaire assez élevé et la détresse des propos était très intéressante. Par contre, je crois que certains termes très précis pouvaient être inconnus du public. Ceci étant dit, je ne crois pas que cela ait un impact sur la réception du sens de l’œuvre. Je me serais cependant attendu à un langage beaucoup plus familier, puisque le monologue parle d’une réalité partagée par le peuple et non pas par l’élite.

Les performances des quatre comédien.nes étaient extrêmement senties et vraies. Grâce à elles, le texte semblait beaucoup plus accessible et près du public. J’ai ri, j’ai eu des frissons et je me suis reconnue dans les mots.

Une mise en scène sobre, l’espoir de solidarité

Crédit photo : Marlène Gelineau-Payette

La mise en scène, extrêmement dénuée, permet de mettre de l’avant les comédien.nes et le texte. Ce sont eux qui construisent l’univers. La plupart du temps, l’ensemble des interprètes sont sur scène, parfois assis.e.s sur une chaise, dans un coin, ou encore en train de marcher. Plus la pièce avance, plus il est possible d’y voir la solidarité entre les quatre protagonistes dont le discours, à la base, était un monologue. En effet, le metteur en scène a décidé de diviser les propos entre plusieurs protagonistes d’horizons différentes. Durant la pièce, des chaises s’ajoutent sur le plateau, les personnages se regardes de plus en plus entre eux et se touchent, même. La scène permet ainsi de faire apparaître la lumière au bout du tunnel : au moins on est ensemble.

Bref, c’est une pièce qui mérite d’être vue et lue simplement, car elle met en mots ce sentiment d’impuissance face au pouvoir et l’impossibilité de dialoguer avec l’autre. Malheureusement, cette création du Nouveau théâtre expérimental en coproduction avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, le Festival TransAmériques et le Théâtre français du Centre national des Arts, n’était présentée que trois soirs. J’espère bien qu’elle sera de retour, car c’est un incontournable. En attendant, le texte de la pièce est disponible chez les Éditions Écosociété.

Le virus et la proie, Écosociété, livre

Photo en couverture: Le virus et la proie au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, crédit, Marlène Gelineau-Payette

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Catherine Fournier

Étudiante à la maîtrise en théâtre, Catherine est une passionnée de tout ce qui touche à la culture. Son passe-temps préféré? Lire dans son lit, une bougie allumée pendant que son chat Clémentine dort à côté.

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