Mai 2022. Je ne croyais jamais revoir deux p’tites lignes apparaître sur un bâton, puisque ma famille est finie. Mais là, je les vois, et c’est pas parce que je suis enceinte. J’ai le cerveau et les sinus dans un étau, je me sens épuisée et j’alterne entre des périodes relativement « normales » et d’autres où des étourdissements intenses m’obligent à m’étendre.
Je fais plusieurs siestes par jour. Les deux semaines s’écoulent lentement. Je trouve quand même une certaine douceur dans cet arrêt forcé; c’est rare qu’on s’accorde le droit de ne rien faire sans se sentir coupable.
La vie reprend. Test négatif, travail. Ça prendra quelques semaines avant que les étourdissements s’arrêtent. La fatigue, elle, elle n’est jamais partie. Et ça m’a vraiment pris du temps à allumer.
Je fais deux, trois, quatre siestes par jour. Et à chaque fois, je dors profond. Longtemps. J’ai de la misère à me lever. Je resterais couchée si je pouvais. Je dors dix heures par nuit. Je suis vidée, brûlée en permanence.
Mais je ne m’en rends pas compte parce que le début de ma vie de travailleuse autonome concorde avec la fin de la covid. Donc, je me dis qu’avant, quand j’étais employée, je ne pouvais tout simplement pas faire des siestes quand je voulais. Maintenant, je peux. Alors j’en profite. Et je me trouve paresseuse. Lâche.
Sauf qu’avant, je vivais très bien avec 0 à 1 sieste par jour. Et je ne tombais pas dans le coma comme maintenant : je somnolais 30 minutes, une heure max, puis je me relevais, prête à affronter le reste de la journée.
Là? Je me lève le matin, je vais porter les enfants, puis vers 8 heures max, je crash à nouveau. Je me couche, je dors profond, je fais des rêves, je me réveille toute fourrée 3 heures plus tard et je dois me forcer à me lever. Je dormirais toute la journée si je pouvais. D’ailleurs, au moment où je vous parle, j’ai quasiment dormi toute la journée et j’ai juste envie d’y retourner, mais je dois bientôt aller chercher les enfants.
Les mois passent et un beau jour, je me dis coudonc, je vais couper le sucre, je pense bien que ça va m’aider à être moins fatiguée. J’en parle à des amis et là, plusieurs lèvent le flag : 10 heures par nuit? Quatre heures (et plus) de sieste par jour? Non, c’est pas normal.
Parallèlement, je me fais diagnostiquer de l’apnée du sommeil légère. J’insiste pour avoir une machine, je me dis que ça pourrait régler mon problème. Sauf que non. Je dors mieux avec la machine, mais je suis toujours aussi maganée.
Je me fais donner toutes sortes de conseil. Lutter contre la fatigue, tsé plus on dort plus on a envie de dormir, moins on en fait, plus on est lâche, manger mieux, faire du sport, etc.
Je suis toute mélangée. Je ressens de la fatigue intense, mais j’essaie de résister. Je ne sais plus comment agir. C’est impossible de résister. Je finis toujours par crasher en me disant juste trente minutes et je me réveille quatre heures plus tard, les deux yeux dans le même trou.
Puis un jour, je tombe sur de l’info sur la covid longue et je comprends d’un seul coup. Dormir 20 heures par jour n’est pas un caprice et ce n’est pas dans ma tête. C’est un vrai symptôme, c’est physique et ça existe. C’est juste invisible et méconnu.
Bon. Il ne faut pas virer fou ni tomber dans l’autodiagnostic. C’est juste que des fois, 1 + 1 = 2. Je n’étais pas fatiguée. J’ai eu la covid. Je suis devenue fatiguée. Ça me semble plutôt logique.
Dites-moi que ça finit par passer? Oui?