Je suis une femme, une maman, une conjointe, une employée, une citoyenne pis ça déborde solide. Je vais bien, je ne suis pas malade, j’ai la chance d’avoir des enfants, un conjoint en santé et des bonnes amies. Le problème, c’est la surcharge. Mon employeur est super et j’admire les profs qui enseigne à distance. C’est pas ça.
C’est quoi ? C’est l’ensemble. Je ne rentrerai pas dans la charge mentale, ça a été largement couvert, mais, premièrement, lire les courriels des dizaines de profs qui utilisent toutes des plateformes différentes me fait sentir incompétente. Leurs « plans de travail autonome » ne marche pas toujours avec mes enfants et pourtant, je les trouve géniaux ces profs. Je les admire. Ce qu’on leur demande est complètement fou et ils se réinventent pour s’assurer que leurs élèves ne perdent pas le goût et le plaisir d’apprendre.
Après, c’est la bouffe. Trois repas par jour, pour toute la famille, c’est un changement. C’est ok, j’adore cuisiner, mais quand tout le monde n’a pas le même horaire, ça mange tout le temps, partout.
Gérer les écrans: je suis à bout. Un optométriste m’a dit qu’il est préoccupé par la qualité des visions en descente chez les enfants. Ok, je coupe l’écran. Le temps en famille, ok. Certains amis peuvent, d’autres sont en isolement. On trouvait ça ben cool au début jouer à des jeux de société et prendre des marches, mais là, ça pogne pu.
Le couple, ben ça à l’air con à dire, mais on se voit trop, tous les deux en télé-travail. On s’aime, mais on a plus assez de temps chacun de notre côté. Les tâches, c’est juste chez moi ou tout se salit et s’use encore plus vite ?
Alors j’ai commencé à choisir mes combats. Fatiguée ? Je commande du resto. Ma semaine dans le corps ? Je saute une semaine pour la balayeuse. So what? J’appelle une amie, je fais un feu dans ma cour — la covid m’a fait acheter un foyer que je n’ai jamais regretté –. On fait des conseils de famille pour nommer nos besoins et les tâches à faire dans la semaine.
Je fais de mon mieux.
Je pense aussi à ceux qui sont dans un petit appart. À ceux qui ont peut-être des enjeux d’espace, de finances, de relations et je me dis : tiens bon. Si je peux aider quelqu’un, je le fais. Si moi-même j’ai besoin d’aide, je le demande à quelqu’un de confiance. À 41 ans, je peux vous dire que j’ai encore souvent besoin des conseils et de la bouffe de maman. Pour les enfants, les grands-parents, c’est aussi tellement important. Pis ma tasse de café tranquille le matin, ça aussi, c’est ben important.
En allant à l’épicerie cette semaine, j’ai vu la pancarte « aucune violence verbale ne sera tolérée ». Dire qu’on est rendu, comme société, à devoir se faire dire de rester polis. Certaines personnes sont à bout, et ils ne le voient pas le bout, justement. Si vous en connaissez, donnez-leur vos trucs. Écoutez-les, déculpabilisez-les et dites-leur : « Ce soir, commande de la pizz ». Des fois, un appel ça fait la différence pour ceux et celles qui sont moins chanceux et moins bien entourés.
Prenez conscience de ceux qui tissent votre filet de sécurité sociale et restez tricotés serrés. Ça va finir par passer. On ne peut pas tout faire. La covid est peut-être venue m’enseigner que la performance de tout contrôler au quart de tour pour tenter d’être la mieux organisée c’est futile à comparer à apprendre à travailler sur soi et à se réinventer. Peut importe vos opinions sur la pandémie, prenez soin de vous.