Je ne trouve pas les mots pour dire. J’ai des fourmis plein la tête et la peine dans le cœur. Et pourtant je ne trouve pas les phrases justes ni l’inspiration. Ma colère est trop grande pour enligner ma tête, mon chagrin trop lourd pour aérer ma voix. Devant la mort, devant l’injustice, qui suis-je devant l’immense combat? À chaque jour aux nouvelles, des âmes perdues et des lois. Des lois qui n’en sont pas. Je n’ai plus confiance aujourd’hui, j’ai mal à ma société, et aucun mot pour nommer.
Je suis en deuil de ma terre, où les hommes se divisent. Au nom de leur ego, au nom de dieux que je ne connais pas, ils se méprisent en couleur et en genre, en billets qui ne valent rien. J’ai le cœur lourd, car ma tante va peut-être mourir. J’ai mal pour tous ceux qui ne reçoivent pas les bons soins. Je ne trouve pas les mots et je ne fais rien.
Je suis coupable et je ne bouge pas. Je suis une aiguille dans une botte de foin. Pourtant ma tante est très malade, seule et injustement. Elle n’a pas droit aux visites et dans sa chambre à l’étage, on compte les statistiques. Elle s’est battue des années avec un organe fabriqué. Elle m’a dit sois forte et je t’aime. Et j’ai beaucoup pleuré. Je m’ennuie et regrette tous ces moments jamais créés. Je la regarde depuis la loupe du clavardage, les yeux lumineux tout sourire. Je m’imagine qu’elle sait combien la bataille se mène à coup de secondes. Pourquoi tant d’injustice, je suis naïve et j’espère. J’espère en mon nom et tout ceux qui retiennent leur souffle. Je ne trouve pas les mots, mais je tendrais la main.
Je ne trouve pas les bons mots. Ma page est blanche et mon curseur tremble. Et pourtant j’écris, car j’ai du mal à saisir. Les devises les races, les statuts les raisons. Pour invoquer des lois, que je ne comprends pas. Supposer des prétextes, servir des intérêts. Dites-moi que je suis trop candide. Je rêve de vérité et d’entraide de solidarité et d’amour. Mais aujourd’hui seule derrière mon écran, aucun mot n’est assez puissant. Je voudrais pourtant résonner et traverser les murs érigés, qui scindent sans raison. Ma tante est toute seule, et ça me chavire quand j’y pense. Je suis une aiguille dans une botte de foin.
Encore, ce ne sont pas les mots justes. Mon ire n’a d’égal que celui qui suffoquait. On apprenait aux nouvelles une sordide histoire. Une histoire parmi tant d’autres. Une histoire trop grande pour nous. J’ai bien peur qu’elle fane dans l’ombre, tout comme celle de son peuple opprimé. Son impuissance étouffée sous le genou policier. Je suis triste et fâchée de ce sort réservé à lui et sa communauté. Trop de drames se vivent, tout en même temps me chavire. Coite devant cela, mon curseur se débat.
Je ne trouve pas les solutions ni les mots aux maux, mais je tendrai la main.