C’est le 28 février dernier que Gab Bouchard lançait Triste pareil, un premier album où la rupture amoureuse s’installe sous des airs de rock, parfois folk, parfois country. Après le EP Cerveau-Lent, première carte de visite sortie en 2017, ainsi qu’un passage au Francouvertes en 2018, le jeune auteur-compositeur-interprète originaire de Saint-Prime au Saguenay-Lac-Saint-Jean s’entoure d’Oliver Langevin (Galaxie) pour réaliser cet opus où la tristesse fait du bien. Textes bien sentis, guitares puissantes et hooks accrocheurs construisent les pièces de Triste pareil, teinté par la peine d’amour, mais aussi par cette quête perpétuelle du bonheur. À quelques jours d’entamer sa tournée à travers le Québec, on en a profité pour jaser de l’album ainsi que des spectacles à venir.
Boucle Magazine : Avec Triste pareil, on sent qu’il y a une évolution au niveau du son, des textes et de la voix. Cette fois, le fil conducteur de l’album est la peine d’amour, c’est un sujet assez inépuisable; des chansons de peines d’amour, il y en a à la tonne. Selon toi, comment les tiennes se démarquent-elles des autres ?
Gab Bouchard : Je sais pas à quel point elles se démarquent, on a tous pleuré à cause d’une fille ou d’un gars et on va tous encore pleurer. Alors, je sais pas, on raconte un peu tous la même histoire, mais c’est pas pareil, pas avec les mêmes mots. Je sais pas si ça se distingue vraiment, mais c’est ma peine d’amour à moi.
BM : Tu dis d’ailleurs en faisant référence au titre que les tounes sont toutes « tristes pareilles ». Un album entièrement consacré à ce sujet, est-ce que tu as eu peur à un certain moment que ce soit répétitif ?
GB : Non pas vraiment, parce que les tounes qui parlent de peine d’amour ne parlent pas de la même étape. C’est jamais la même émotion qui est transmise. C’est pas comme 10 tounes où tu fais juste pleurer parce que tu t’ennuie. Il y en a que tu es fâché, il y en a que tu as juste abandonné, et il y en a d’autres, plus tristes. C’est sûr que c’était un peu edgy de vraiment consacrer l’album au complet à ça, mais je pense que ça a bien viré quand même.
BM : Il y a les questionnements par rapport à la vie et au bonheur qui sont hyper présents. Je sens que tu essaies de répondre à ces questions et de trouver un sens à travers tout ça. C’était important pour toi d’explorer ça à ce moment-ci ?
GB : Je pense que oui. Des fois tu es chez vous et tu feel vraiment pas… tu te remets un peu tout le temps en question. Les grandes questions philosophiques de la vie, genre c’est quoi le bonheur, ça existe-tu, ça sert tu à quelque chose : c’est pour ça que j’écris des tounes. J’imagine qu’un moment donné, je vais écrire une toune pis je vais l’avoir trouvé ! (rires)
BM : Ce sont des questionnements sans fin et un peu le travail d’une vie.
GB : Oui, c’est le travail d’une vie et tant mieux si on a la musique, les films et l’art, ce qui nous sort un peu de notre propre personne. Ces trucs où on peut être quelqu’un d’autre pendant un instant, des fois ça fait juste du bien.
BM : Est-ce qu’on écrit mieux quand on est tourmenté ? Est-ce que le bonheur, ça peut faire peur ?
GB : Personellement, j’écris pas grand-chose quand je suis bien. Y’a aussi le petit truc d’autosabotage. Quand ça va trop bien, on dirait qu’il y a une partie de toi qui veut que tout aille mal pour que tu continues d’écrire des tounes. Pis, pour l’instant, le bonheur ça m’inspire pas grand-chose. Je suis content de le vivre de temps en temps, mais la tristesse c’est plus inspirant.
BM : Dans la chanson « Étoiles », tu fais des références au Lac, d’où tu viens et de ton attachement à ton coin. Est-ce que c’est important aussi de mettre ça de l’avant dans ta musique ?
GB : Oui et de plus en plus. Dernièrement, j’ai presque tout vécu mes trucs à Montréal. La chanson est venue à un moment où j’étais en auto et plus on descendait vers le Lac, moins il y avait de pollution lumineuse. Je suis bien là-bas et j’essaie d’y retourner le plus souvent possible, comme pour me ressourcer : aller dans le bois et loin des sons de la ville.
BM : Le contraste entre les textes tristes et la musique plus accrocheuse; est-ce qu’il avait derrière ça le souci de trouver un équilibre, de ne pas rendre ça trop lourd ?
GB : Ça dépend vraiment de la toune. Je tripe sur Bon Iver et sa musique est aussi quand même très lourde. Je pense que c’est vraiment important de garder un équilibre tout dépendant de la chanson. […] T’sais la tristesse, c’est pas si déprimant que ça. Ça t’amène quand même une énergie quand tu es au bout et que tu n’es plus capable. Quand t’as pas le goût de sourire, tu as comme une autre sorte d’énergie. C’est pas le bonheur, mais c’est comme une force à l’intérieur. Si ça te pousse à vouloir régler ça, ben tant mieux.
BM : Et là, avec la tournée qui s’en vient, j’imagine que tu as hâte de jouer les tounes lives, qu’est-ce qui te fait triper là-dedans ? Ça amène une énergie différente aux chansons ?
GB : Oui, c’est quand même un petit peu plus rock pour vrai. J’aime ça quand ça bouge quand même. On ne dénature pas les tounes, mais on tripe. On aime ça avoir chaud et crier peut-être un petit peu plus fort que sur l’album, quand Langevin me disait que j’avais pas besoin de crier à toutes les 2 phrases (rires). Mais en show, on fait des vieilles tounes aussi, des tounes qui ne se sont pas retrouvées sur l’album, alors ça nous fait une belle heure et quart de show, de tripeux, et on va finir par danser. On essaie de déconstruire le set en fonction de l’énergie, alors c’est un beau petit voyage.
BM : Est-ce qu’il y a des endroits où tu as particulièrement hâte de jouer ?
GB : Ben là j’ai vraiment hâte à jeudi, le 12 mars à Québec ! C’est le premier show de la tournée, je connais pas vraiment Québec musicalement parlant, j’ai hâte de voir ce que ça va donner. Et après ça, il y en a plein d’autres qui s’en viennent. J’ai aussi vraiment hâte d’aller jouer à Saint-Prime et à Alma ! Jonquière, le genre de side-Lac, je pense que ça va être quand même très très nice et on devrait se coucher très très tard aussi !
BM : Tu disais que tu allais aussi jouer des pièces du premier EP, comment tu le places par rapport au premier album ? Est-ce que tu espères faire vivre encore ces chansons-là dans les shows ?
GB : Plus ou moins. C’est sûr que je suis tanné du EP déjà, mais je sais que quand on va aller à Saint-Prime, ou à Roberval, on n’aura pas le choix de faire Roberval, et c’est ben correct ! Il y a Journaux aussi qui est quand même country, alors je pense que ça peut bien fiter avec celles qu’on a là. On ne donnera pas une deuxième vie au EP, mais c’est sûr qu’on va jouer deux vieilles tounes du EP en show qui sont encore d’actualité. On va aussi faire un cover des Rita Mitsouko.
Gab Bouchard sera en spectacle un peu partout au Québec et il sera aussi possible de le voir en première partie de Coeur de Pirate en formule duo au cours des prochains mois. L’album Triste pareil paru sous Grosse Boîte est disponible en format physique et numérique sur toutes les plateformes d’écoutes. Pour connaître tout ce qui s’en vient, rendez-vous sur ses pages Facebook et Instagram !
Photo de couverture : Gab Bouchard, crédit : John Londono