Félixe, c’est le nouveau projet de l’autrice-compositrice-interprète Véronique Bazin, anciennement connu sous le nom de Veronica Winter. Parcours de vie changeant, elle se dissocie de son projet anglais pour repartir à neuf avec Félixe, une proposition francophone qui lui ressemble davantage. On troque le pop-folk pour une guitare plus lourde, où le pop se fond avec le rock et flirt parfois avec le grunge en explorant un son plus ambiant. Des nouvelles avenues qui se sentent même dans le ton de la voix, et qui lui on permis de se tailler une place cette année en demi-finale du Concours du Festival international de la chanson de Granby.
À 28 ans, la Sherbrookoise qui a longtemps côtoyé le milieu emo, hardcore à l’adolescence avec différents groupes, est aujourd’hui dans un tournant qui lui permet d’exprimer son plein potentiel. Chemin faisant, suivant un projet dans lequel elle se sentait prise, plusieurs rencontres et événements ont déterminé sa nouvelle identité.
Après un détour par la coiffure, un passage à l’École nationale de la chanson et une période plus difficile à sa sortie, Véronique se lance dans l’écriture de Prélude, un disque à la fois sombre et lumineux, disponible depuis le 13 septembre sous l’étiquette Rozaire. C’est autour d’une slush dans un café de Villeray la veille de la sortie de l’album qu’on a discuté un peu de son parcours et du processus derrière ce tout nouveau disque qui sera officiellement lancé ce vendredi 20 septembre à L’Esco.
Boucle Magazine : L’album sort demain, comment te sens-tu ?
Félixe : Je suis vraiment excitée, ça fait presque un an ! La première journée d’enregistrement, c’était en novembre 2018, alors ça fait un temps qu’on traîne l’album. Peu importe ce qui arrive, je suis juste contente de le sortir, pour moi c’est juste « Hey ! J’ai changé mon nom, j’ai fait ce que j’avais à faire ! » Et avec mon band, on écoute l’album et on est content.
BM : Quelles sont tes influences ? Est-ce qu’il y a des choses que tu as écoutées qui t’ont particulièrement inspiré pour cet album ?
F : Il y a beaucoup d’anglophone parce que j’ai baigné dans cette musique la majorité de mon adolescence. Alexisonfire; La Dispute; Nirvana, évidemment. Du côté de la musique québécoise, j’ai grandi avec Okoumé. J’ai aussi écouté du Karkwa, et du Fanny Bloom plus récemment. [Pour ce disque], il y a Animals de Pink Floyd, un grand classique, et beaucoup d’albums de Daughter sont venus me chercher. Sinon, un album de La Dispute qui s’appelle Wildlife.
BM : Sur ton album, on retrouve des textes introspectifs, où tu sembles t’interroger à la fois sur les comportements humains, mais aussi sur les sentiments et les choix de vie. Je sens qu’il y a aussi beaucoup de nostalgie. De quoi as-tu voulu parler avec Prélude ?
F : C’est drôle parce que je l’ai réalisé après l’album. Il y a beaucoup de chansons que j’ai écrites et dont je ne connaissais pas nécessairement le sens, jusqu’à ce que je commence à faire un suivi avec un psychologue et qu’on revienne quand même loin. Prélude, c’est une ode aux humains en construction. Une dépression c’est quand même intense, un moment donné tu réalises qu’ok, peut-être que j’en ai trop prit sur mes épaules et que là, on se donne une pause.
BM : Il y a quelque chose de presque poétique aussi dans ton écriture. Quel est ton rapport à l’écriture et à la chanson francophone ?
F : J’ai toujours lu de la poésie, alors il y a beaucoup de ça qui est ressortie quand j’ai commencé à écrire en français. Il y a eu aussi un livre qui a changé ma vie, Je voulais me déposer la tête de Jonathan Harnois. C’est arrivé dans un moment vraiment intense, il a une façon d’écrire qui est très poétique, mais ça reste un roman. C’est une des plus grandes influences de mon écriture en français. J’ai lu aussi énormément de Bukowski. Il y a eu beaucoup de poésie, beaucoup de littérature. Je pense que même si je n’avais jamais écrit en français avant mon projet, j’avais déjà une idée de ce que j’aimais, de ce qui me parlait. Et après ça, j’ai juste travaillé.
BM : Tu viens tout juste de signer avec l’étiquette de disques Rozaire, qu’est-ce ça représente pour toi cette nouvelle étape ?
F: Premièrement, beaucoup moins d’argent de ma poche ! J’aime gérer mes affaires et je suis très proactive. De le sortir indépendant, ce n’était pas quelque chose qui me faisait peur, mais c’était plus dur au niveau financier. J’ai rencontré l’équipe et j’avais le goût de travailler avec des gens qui allaient être super honnêtes et transparents. J’avais aussi demandé à l’équipe de ne pas toucher à l’artistique du projet. Alors c’est cool, parce que je garde tout ce côté-là et je pense qu’il y a juste moi qui peux concrètement comprendre où je veux aller.
Ce n’est pas avec tout le monde que tu peux travailler comme ça. Ce sont des gens qui se soucient de tes émotions et dans un milieu de personnes super sensibles, on ne peut pas s’en foutre. Donc il y a ça, et il y a aussi beaucoup l’aspect sérieux du projet, ça m’a permis de sortir un album plus travaillé.
Envie d’en entendre plus ? Prélude est disponible par ici et on pourra voir Félixe sur scène entre autres ce vendredi 20 septembre à L’Esco pour le lancement de l’album, ainsi que le 9 novembre prochain en première partie de Lou-Adrianne Cassidy dans le cadre de Coup de cœur francophone.
Photo de couverture : Félixe, crédits : Shown Morin