On est toujours un peu différents et bizarres si on se compare aux autres. Si en plus tu ajoutes que les normes changent selon les sociétés, les valeurs de chacun, les modes ou je ne sais quoi…tout le monde est weird à quelque part. Et c’est normal. ( Oui, c’est la norme d’être différent et bizarre dans ton genre. C’est toute une source de réflexion hein? Sens-tu tes neurones qui travaillent un peu en ce moment…?)
Tu l’as surement déjà entendu: il faut un village pour élever un enfant.
Oui, il faut une diversité de gens avec différentes compétences, facettes, forces, personnalités pour aider un humain à évoluer. À faire grandir son corps, son esprit et son avenir. Il faut un ou des adultes aimants qui prennent soin de ses besoins au quotidien. Il faut des professeurs de maths et de français et de je ne sais quelles autres matières qu’il voudra apprendre pour le plaisir ou pour un futur métier. Il faut des modèles auxquels il peut s’identifier dans ce qu’il est et dans ce qu’il pourrait devenir. Il faut qu’il voie des gens qui lui ressemblent et qui sont heureux pour qu’il y croie un peu que ça se peut. Il faut une femme mécanicienne pour lui apprendre que les filles aussi tripent sur les autos. Il lui faut des voisins amoureux pour qu’il voie que ça se peut des couples qui durent. Il lui faut un homme noir et un homme blanc qui s’aiment comme amoureux pour qu’il voie que c’est beau et que c’est simplement vrai. Il faut qu’il voie la femme en fauteuil roulant qui se trouve aussi à être la comptable de maman. Avec une photo de son mari et de leur fils adopté sur son bureau. Pour qu’il apprenne que handicap et infertilité ne signifient pas: arrêt des possibles. Des preuves vivantes dans son quotidien, dans les livres, dans sa télévision…qui lui montrent la beauté du mélange des différences. Ce buffet de possibilités d’être, d’agir, de choisir, etc. Dans le respect de soi et des autres dans tout ce qu’ils sont.
C’est essentiel pour un être humain. Il lui faut des gens qui lui montrent différents aspects de la vie humaine, de l’identité humaine, de l’être humain pour qu’il puisse en apprendre plus sur lui et sur les autres. Et qu’il se dise qu’il a le droit d’être lui-même dans toutes ses facettes et ses particularités. Et qu’il se dise que les autres par leurs différences ont simplement plus à offrir.
Il m’a fallu des parents qui m’aiment du mieux qu’ils pouvaient. (Avoir des parents imparfaits fait partie du développement d’un individu. Il apprend à s’adapter ) Il m’a fallu des profs de psychologie. Il m’a fallu des gens qui m’encouragent. Il m’a fallu des gens qui ont parlé de leur vécu avec des problèmes de santé chronique et des troubles mentaux pour que je me dise: «ah oui, je suis pas seule» et «ah oui, ils sont heureux, c’est possible.» Il m’a fallu une vidéo d’une fille qui parlait de son parcours de recherche d’identité sexuelle et de sa demi-sexualité pour que je me dise: «demi-quoi?» Que je fasse une recherche et que finalement j’apprenne ce qu’est la demi-sexualité, que ça existe, que j’ai enfin un mot pour décrire un peu de mon vécu amoureux et même rencontrer des gens sur le net qui vivent les choses amoureuses comme moi. Tu vois, si personne n’en avait parlé, je n’aurais pas su. Mais là j’ai appris et je me suis reconnue. Savoir cette information a validé mon vécu. Juste ça, c’est un cadeau.
Sois toi. Nomme-le. Sois-le au quotidien. Tu pourrais apprendre des choses aux autres. Les sensibiliser, les aider. Sois toi. Pourvu que tu fasses du mal à personne et que tu aies un petit geste d’entraide une fois de temps en temps dans ce monde. Le fait que tu existes, que tu vives comme tu es pleinement, ça aide le monde, ça l’enrichit.
Si tu agis sans malice, que tu es gentil avec ton prochain, tu n’es pas une tare. Tu es un enrichissement.
Illustrations: Stuff no one told me