La diversité, un concept qui fait régulièrement la une des journaux, tout en étant trop peu maîtrisé. D’un côté, on la réclame, dans les publicités, les émissions télévisées, les médias papier ou sur le web. De l’autre, on acclame la moindre petite initiative. Et on se satisfait de si peu, notre réflexion critique abandonnée dans les méandres du web, entre deux articles signés : « Tendrement, La Vacuité ».
On souligne les publicités qui mettent de l’avant une femme taille plus, alors que cette dite femme souscrit toujours aux standards de beauté inaccessibles par la majorité d’entre nous (ou accessible pour certain.e.s, mais à quel prix). On félicite la plus récente émission de télé qui a eu le bon sens d’ajouter une personne racisée. On se réjouit d’une annonce télévisuelle mettant de l’avant un couple gai composé de deux hommes. J’en conviens, lentement mais sûrement on voit une avancée. Ceci dit, la lutte n’est pas terminée. Où sont ces corps d’hommes, de femmes, de personnes trans, queer, non binaires qui composent notre réalité, où sont les personnes vieillissantes, où sont les corps des personnes en situation de handicap ou de celles qui ont subi d’importantes interventions médicales ? Seule la diversité jugée acceptable et agréable à l’oeil nous est présentée à des fins marketing tel un bel apparat. Je m’arrête ici, il serait simpliste de mettre l’entière faute sur les médias, ce n’est pas ce que je souhaite faire. Certains d’entre eux travaillent fort à faire une réelle différence, même si elle nous semble imperceptible. Certains ont très bien réussi, là où d’autres ont échoué, parfois par maladresse (je suis certaine que vous avez en tête quelques émissions de télé (j’en ai moi-même plusieurs)). Bref, on ne change pas un tel système du jour au lendemain. Un système qui tente de plaire aux attentes et exigences de son public, qui a lui-même de la difficulté à saisir ce qu’il veut.
Et si je contribuais au changement?
Individuellement, nous contribuons tous, sans le vouloir, à cette vision standardisée et limitée de l’être humain. De par nos commentaires sur le web bien à l’abri derrière notre écran, dans une discussion ou une blague insouciante entre ami.e.s (vous me direz « Ha, mais quelle frustrée, ce ne sont que des blagues ». Ces dernières ne sont pas aussi innocentes qu’elles semblent l’être). Lorsque l’on félicite une personne, car elle a perdu du poids (un faux compliment qui relève bien souvent de la maladresse et qui entretient l’association beauté, minceur et succès), lorsqu’on présente le magasinage, les manucures et pédicures comme un remède à la routine, à la tristesse et au vide, lorsque l’on publie une photo accompagnée de grande volée d’onomatopées d’un ou une acteur.rice telle des adolescent.e.s du haut de leur 15 ans en émoi devant une beauté plastique, lorsque l’on évalue l’apparence de femmes émérites dans le domaine public, gouvernemental, médiatique et les discrimine au détriment de leurs compétences, lorsque l’on minimise les préoccupations liées à l’apparence chez les hommes et partagent des images ridiculisant les corps de ceux jugés plus ronds, lorsque l’on dit d’une tenue vestimentaire ou d’un comportement « Ça fait gai », lorsque l’on dit d’une femme vieillissante qu’elle a bien vieillie (car elle a l’air jeune). Bref, la liste est longue, je pourrais continuer longtemps. Nous contribuons tous, malgré nous, à renforcer les normes.
Je vous invite à la réflexion, à savoir de quelle façon vous pouvez faire une différence dans votre discours et dans les messages que vous véhiculez. J’en appelle à votre ouverture et votre sensibilité. Individuellement, nous pouvons faire une différence et s’inscrire dans une démarche collective. Je ne peux me satisfaire de la phrase : « On ne peut plus rien dire ou faire ». N’ayez pas peur, ralliez les troupes, participez au changement à votre façon. Comme l’a si bien souligné l’oncle d’une amie, c’est en faisant preuve de douceur, de patience et d’indulgence qu’on parvient à un changement. Soyez cette personne qui contribue à l’éducation et à la sensibilisation de son entourage et de la communauté… Une personne à la fois! Plus nous changerons les mentalités, plus nous pourrons accéder à une réelle diversité dans la sphère publique. Et plus nous contribuerons au mieux-être de chacun.e.
La diversité est une richesse que nous n’apprécions pas à sa juste valeur. Défendons cette diversité, mais surtout célébrons là. Nous avons tant à apprendre de l’autre.