La cuisine, comme toute autre forme d’art, requiert un niveau de passion incroyable. Ce feu sacré, on le retrouve tant chez les gens qui cuisinent que chez ceux qui consomment avec délectation le résultat de ce dur labeur. Comme pour la peinture ou encore la musique, on ne s’intéresse pas simplement à l’action en elle-même de ces métiers, mais on consomme également tout ce qui s’y rattache : livres, films, séries télé.
Étant personnellement une passionnée invétérée de la nourriture, je ne me contente pas de la cuisiner modérément et de la manger amoureusement, non. Mon amour requiert maintenant aussi de m’en abreuver sur un écran. Je trouve que la cuisine à la télévision amène une dimension particulièrement humaine, et bien sûr visuelle, à ce besoin primaire.
Avant de débuter cet article, j’aimerais vous avertir que le terme foodie sera ici utilisé, sans aucune haine ou honte particulière rattachée à ce mot. Je suis contre les « trends haters » qui détestent des choses simplement parce qu’elles sont populaires. Non, mais, pensons-y un instant, foodie est un mot approprié, qui reflète bien la réalité de nombreuses personnes. Si vous vous demandez pourquoi je prends le temps de faire une introduction sur le mot foodie, imaginez-vous donc qu’on m’a jeté, il n’y a pas très longtemps, ce mot au visage telle une insulte. Oui, à l’aéroport de Lisbonne, on m’a jugée sur mon tatouage courge/soupière (vous êtes curieux maintenant, admettez-le) en me demandant si je m’étais fait tatouer ce dessin parce que j’étais une « FOODIE », ce mot inspirant le plus grand dédain. Bien que j’aie rassuré la dame en question sur le caractère plutôt familial de ce tatouage, j’ai été frappée de voir à quel point les gens aiment détester pour le simple plaisir de la chose. J’aurais dû m’assumer et lui dire haut et fort :
« OUI, MADAME LA DOUANIÈRE, JE SUIS UNE FOODIE ASSUMÉE QUI PREND MA NOURRITURE EN PHOTO ET, QUI PLUS EST, J’ÉCOUTE TOUS LES FILMS DE BOUFFE QUI ME TOMBENT SOUS LA MAIN. »
Je suis une foodie assumée.
Voici donc mes 5 suggestions pour les admirateurs de nourriture qui ont envie de passer encore plus de temps à parler de leur premier hobby. À ne pas écouter l’estomac vide.
Chef’s table
Probablement la suggestion la plus connue de ce top 5, il m’est impossible de ne pas en parler. Pendant de courts documentaires d’une heure, vous apprenez à découvrir les chefs les plus réputés au monde. Cette émission a tout simplement changé ma vie, me faisant découvrir que la nourriture était bien plus que la matière première en elle-même, et qu’elle orbitait autour de construits sociaux complexes et incroyablement intéressants. J’ai enfin reconnu cette passion qui vibre en moi chez l’équipe derrière la série qui a su mettre en images, en musique, et en mots l’histoire de ces chefs et de leur cheminement, leur raison d’être. Éducative, magnifique à regarder, délicieuse pour les yeux, c’est la série de documentaire numéro dans mon cœur à tout jamais.
Samurai Gourmet
Cette série de nourriture japonaise, un peu particulière, m’a ouvert les yeux sur un tout autre genre télévisuel. Inspirée du manga du même nom (ce qui explique le ton un peu « anime » de cette émission), on suit les aventures de Takeshi Kasumi, un retraité de 60 ans qui redécouvre les petits plaisirs de la vie à travers divers restaurants de son pays tout en s’imaginant les épopées d’un Ronen, ces samouraïs sans maître, pour se sortir de situations plutôt loufoques. Ça l’air un peu étrange? Ce l’est, mais c’est aussi étrangement rafraîchissant. Humoristique, totalement décadent, cette série attribue à la nourriture une notion presque spirituelle, engendrant réflexions et progression chez l’antagoniste. Les gros plans sur la préparation de la nourriture sont aussi incroyables, et j’ai adoré en découvrir plus sur le Japon à travers les aliments. À écouter en langue originale sous-titrée pour une immersion totale!
Kantaro
Également inspiré d’un manga, ce food porn est un peu plus intense… et étrange! Répondant aux stéréotypes des séries japonaises éclatées, Kantaro relate les aventures d’un employé terriblement efficace qui visite cependant des restaurants à desserts pendant ses heures de travail. Hilarant, on apprend un tas de choses sur les restaurants de la série, qui existent réellement, et sur des desserts typiquement nippons. Pour ceux qui se demandent ce qu’est le food porn, c’est une représentation visuelle de la préparation de repas ou de plats dans des publicités télévisées, des blogues et des émissions culinaires ou dans d’autres médias visuels. Bref, c’est un culte de la nourriture. Préparation des desserts au ralenti, gros plans sur les aliments, je vis des émotions à chaque épisode!
Chef
Bien que le film soit sorti en 2014, je ne l’ai découvert qu’hier seulement. Si l’on peut le qualifier de blockbuster sympathique au niveau du scénario général, le traitement de la nourriture y est pour le moins fascinant. Le personnage principal, Chef Carl Casper, passe à travers une crise existentielle (n’est-ce pas notre cas à tous en ce moment?!) lié à son art, à la cuisine, et à l’importance de la créativité dans la vie de tous les jours. Terriblement inspirant, cocasse et parfois émouvant, c’est un feel good movie qui va définitivement dans la liste de mes remontants pour les jours gris.
The Hundred Foot Journey
Autre film prévisible et cute, j’ai été charmée par les couleurs vibrantes du film ainsi que le traitement de la cuisine indienne. Une famille originaire de l’Inde ouvre un restaurant en France, juste en face d’un établissement réputé et fièrement récipiendaire d’étoiles Michelin. Je vous recommande non seulement de vous préparer un poulet au beurre avant d’écouter le film, mais aussi, si votre coup de cœur est aussi grand que le mien, de regarder The lunchbox, un film culinaire qui se passe cette fois-ci en Inde. Le rythme est un peu plus lent, mais la passion pour la nourriture passe toujours aussi bien à l’écran.
Sur ce, bon appétit!