The Shining, ce film culte paru en 1980, a été décortiqué et analysé par plusieurs. Ce long-métrage ayant reçu un accueil décevant à sa sortie est devenu un incontournable des films d’épouvante. La fascination qu’il entraîne chez les spectateurs reste encore vive trente-cinq ans plus tard. L’auteur québécois Simon Roy le prouve par son oeuvre Ma vie rouge Kubrick, dans lequel il réussit à revoir ce film mythique d’une manière totalement inédite. Ce livre, paru l’année dernière, est offert en réédition chez Boréal Compact après avoir emporté Le prix des libraires du Québec. Dans cet essai au genre indéfinissable, Roy mêle une analyse poussée du film The Shining, qu’il a vu un nombre incalculable de fois, avec un retour sur son passé familial particulièrement troublant.
Pour ceux qui ne connaissent pas ou ne se souviennent plus très bien, The Shining, basé sur le roman du même titre de Stephen King, raconte l’histoire de Jack, sa femme Wendy et son jeune fils, Danny. Jack est un écrivain qui désire trouver du temps pour se lancer dans la création de son prochain livre. Lorsqu’il décroche l’emploi de gardien de l’hôtel Overlook, fermé pour la saison hivernale, il croit avoir trouvé le poste idéal pour parvenir à son but. Malgré cela, plus le temps avancera, plus la solitude et l’isolement commenceront à détériorer l’état mental de Jack jusqu’à le rendre absolument terrifiant.
Simon Roy s’attarde dans cet essai à divers aspects du film de Kubrick. Ses personnages et leurs répliques mythiques sont épluchées. L’hôtel Overlook est décrit en détails en relation avec le véritable hôtel dans lequel le film fut tourné. On y explique aussi de nombreux symboles présents dans le film, qui sont particulièrement évocateurs lorsqu’on s’y attarde. L’auteur s’exprime également sur le tournage laborieux, les acteurs et surtout le réalisateur Stanley Kubrick.
En parallèle avec son analyse filmographique, Simon Roy dévoile un pan de son histoire personnelle. À la veille du décès de sa mère, il se remémore les moments passés avec elle et comment cette femme a influencé sa vie et sa manière de penser. Il se penche aussi longuement sur l’histoire de ses grands-parents dont la fin tragique a marqué toute sa famille.
Ces deux sujets en apparence bien distincts trouvent dans cet essai une manière de s’entrecroiser par leur description d’êtres humains perturbés. Folie, meurtre, hallucination, violence, obsession; ce livre ne s’épanche point sur des thèmes joyeux. Malgré son aspect macabre, la lecture de Ma vie rouge Kubrick est difficile à délaisser. L’auteur montre un esprit vif par sa perception des détails du film de Kubrick, mais aussi une incroyable vulnérabilité dans les chapitres consacrés à sa famille. Simon Roy sait s’exprimer avec une écriture concise, mais touchante et évocatrice. Ce court livre se lit en quelques trajets de métro à peine, mais ses réflexions vous resteront probablement ancrées en tête un bon moment lorsque vous aurez envie de voir et revoir The Shining.
Ma vie rouge Kubrick est la première parution de Simon Roy, aussi professeur de littérature au Cégep.
Amélie Lacroix Maccabée
L’image à la une provient du site web www.editionsboreal.qc.ca