Saturnin est un jeune homme de 20 ans. Possédant un diplôme dans un domaine qui ne l’intéresse plus, la musique classique, il se cherche un emploi d’été. N’ayant pas d’expérience de travail, aucune entreprise ne désire l’engager, même au salaire minimum. Désespéré, il tombe finalement sur une annonce de l’Armée du Rachat. C’est ainsi qu’il est engagé comme trieur de cossins par Tony, un gérant profiteur et sans le moindre jugement. Sa mission : trier l’amoncellement d’objets usagés que l’organisme reçoit en dons quotidiennement. Désireux de bien accomplir sa mission, Saturnin s’informe sur les bonnes méthodes de travail et tente vainement d’appliquer ces procédés dans son nouveau milieu professionnel. Toutefois, l’Armée du Rachat n’est pas une entreprise ordinaire. Régie par une hiérarchie très stricte, elle regroupe au sous-sol quelques employés qui ont trouvé cet emploi en ultime recours. Une ancienne junkie, un alcoolique en désintoxication, un idiot surnommé Pénis , une mère de famille découragée et une quinquagénaire sur le bord de la retraite. Au milieu de ces phénomènes humains, Saturnin, animé par la gentillesse et les bonnes intentions, viendra chambouler malgré lui l’ordre qui régnait dans ce chaos.
As Is (Tel quel) est une pièce et une mise en scène de Simon Boudreault présentée actuellement au Théâtre Jean-Duceppe du 9 septembre au 17 octobre, suivant son succès de l’an dernier au Théâtre d’Aujourd’hui.
Le titre As Is est tiré du texte de la pièce. As Is est une expression que les personnages de l’histoire utilisent à de multiples reprises durant la représentation. Parlant une langue familière parfois crue, ils ne craignent pas de dire ce qu’ils pensent, même si cela donne parfois lieu à des stupidités ou des préjugés.
Le sous-sol de l’Armée du Rachat, sans lumière extérieure et embourbé par les vieux objets, constitue une microsociété. On n’y questionne jamais rien et on se contente de faire comme on nous dit. Les meubles, vêtements et autres bibelots sont jetés à répétition dans le compacteur, mais l’emprunt d’un chaudron cause une crise épouvantable au sein du groupe. L’illogisme de ce genre de situation ne frappe que Saturnin, interprété par Jean-François Pronovost, qui traduit parfaitement l’innocence et l’intelligence de son personnage. Denis Bernard, quant à lui, épate par son rôle de Tony, le boss vulgaire et pas très futé. Félix Beaulieu-Duchesneau, pour sa part, est hilarant en Richard, l’homme en désintoxication qui oscille entre tendresse et agressivité. Geneviève Alarie, Marie Michaud, Catherine Ruel et Marc St-Martin interprètent les autres personnages avec justesse.
Cette pièce possède de nombreux atouts. Les décors y sont impressionnants. La scène est littéralement occupée par une montagne d’objets divers de plusieurs mètres de hauteur. Les acteurs circulent parmi cet amas bordélique tout le long de la pièce. Aussi, le texte de Boudreault est riche et montre bien la confrontation des gens de milieux plus modestes et du personnage de Saturnin, jeune homme intellectuel et universitaire. As Is est une pièce humoristique, mais qui pose certaines interrogations à propos de l’éthique du travail, des possessions matérielles et des relations humaines. Par contre, quelques détails m’ont agacée. Premièrement, la présence de chansons au travers de la pièce. Certaines servaient bien les propos alors que d’autres paraissaient superflues. Malgré le bon travail des musiciens, l’intégration de musique n’était pas essentielle selon moi. Deuxièmement, la pièce s’étirait en longueurs à quelques reprises. En somme, j’ai passé un très bon moment et je recommande sans hésiter cette pièce d’un jeune auteur talentueux.
As Is (Tel quel) de Simon Boudreault, au Théâtre Jean-Duceppe du 9 septembre au 17 octobre 2015.
Amélie Lacroix Maccabée
Cet article est également publié sur le site www.citeboomers.com
L’image-vedette est tirée du site www.simoniaques.com