La littérature africaine n’est indéniablement pas la plus populaire dans nos librairies québécoises. Il est rare de voir de gigantesques étalages de bouquins venant du Togo ou du Mali. Pourtant, on devrait, en tant que lecteur, encourager les ouvrages de la francophonie ou, du moins, connaître les grands noms qui la forment. Et si vous vouliez partir en voyage dans le Sud et que vous n’avez pas un sou, la lecture est le meilleur moyen de voyager à peu de frais! J’aimerais donc vous faire part d’une petite merveille de la littérature, l’autofiction La préférence nationale de Fatou Diome, une écrivaine sénégalaise à la plume tranchante.
Ce premier livre aborde les multiples conséquences du colonialisme français et de l’esclavagisme sur les peuples de l’Afrique. À travers les yeux de la jeune Fatou qui nous fait part de son parcours de vie de l’Afrique à l’Europe, ce recueil de nouvelles s’interroge sur ce qui est resté de l’époque sombre de la ségrégation. La protagoniste essaie, tant bien que mal tout au long du roman, de faire sa place dans le monde et de réaliser ses rêves littéraires. N’ayant qu’un désir brûlant de se sortir de sa misère et de vivre de sa connaissance de la langue française, Fatou sera prête à beaucoup, peut-être trop.
C’est par le biais d’une écriture très intelligente et juste qu’elle dénonce les comportements racistes en France et la détresse dans laquelle son peuple se voit plongé depuis des années. Ce qui est captivant, avec ce roman, c’est la manière dont l’auteure aborde ce sujet difficile. Toujours avec un humour féroce et sarcastique elle ose juger, critiquer et se moquer des attitudes dégradantes que peuvent avoir les gens envers elle, qu’ils soient noirs ou blancs. Sans filtre, elle nous livre sa pensée sèche et mordante. Je suis tombée en amour avec ses jeux de mots ainsi que son esprit vif et cruel.
Dans un autre ordre d’idées, j’ai été secouée par le courage et la force de Fatou Diome. On lui a souvent dit qu’en étant une femme noire et pauvre elle ne réussirait jamais rien, mais elle savait que ce préjugé ne devait pas avoir raison de ses ambitions. Elle a ouvert la porte, avec son livre, à une littérature féminine nouvelle et inspirante pour les jeunes Africaines. Pour toutes ses raisons, je vous conseille vivement de lire La préférence nationale pour ouvrir votre esprit et pour savourer la plume exotique de Diome. Je peux vous assurer que vous oublierez vite le froid de novembre pour vous laisser réchauffer par la chaleur de cette écrivaine et du Sénégal!
Note : 8/10
Ce que j’aime : La critique sans muselière, mais toujours avec élégance
Ce que j’aime moins : Les ellipses de quelques années qui font perdre un peu de vue l’évolution du personnage de Fatou
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