Il est où le fun?

crédit photo: FunlandPress

« Hey! Ça te tenterais-tu d’aller sauter sur des grosses boules à New York? » Voilà comment un périple de 34h a commencé : une simple question lancée sur mon Facebook. Les préparatifs du voyage sont faits entre deux bières dans un bar. Deux semaines plus tard, mon amie et moi-même sommes en route vers le Musée du Sexe à New York pour l’exposition Funland où une promesse de poitrines plantureuses nous attend. T’sais, YOLO!

Après les visites touristiques d’usage, on se dirige vers notre objectif premier: grosses boules. Bon, depuis le début de cette chronique, grosses boules a maintenu ton attention pour lire cette chronique. Sans te juger, j’espère que c’est pas juste pour ça que tu aimeras ma chronique. Donc, ces grosses boules font partie d’une exposition qui se veut montrer le côté ludique, fun, de notre sexualité. D’où le titre Funland. C’est le concept. Et comment mieux le faire qu’avec une installation gigantesque gonflable dans lequel tu peux sauter sur des tétons démesurés! Habituellement, ces jeux gonflables sont des châteaux pour les fêtes d’enfants. Mais nous, les adultes, ce sont des grosses boules qui nous font rigoler. Notre innocence est morte et on ne croit plus aux princesses dans les châteaux. Désolée.

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Nous pénétrons Funland et nous voilà accueillies par une musique érotico-sensuelle avec des cris de jouissance, une ambiance feutrée limite glauque, une lumière tamisée et des murs rouges et violets. Autre les grosses boules, une maison des miroirs, un orgasme-a-ton, un mur d’escalade avec divers organes sexuels pour s’agripper et un jeu de course où les participants doivent lancer des balles dans des trous pour faire avancer leur cavalier le plus vite possible. Comme ceux de La Ronde… Sauf que les cavaliers sont en fait des gros pénis dorés. Mais, nous les adultes, on trouve ça drôle aussi des pénis. Des seins et des pénis autour des gros clichés quétaines sur le sexe sont tous à l’honneur.

Bon, j’entendais déjà des personnes se plaindre dans ma tête avant même que je raconte mon périple : « Franchement! » ou encore « Sois donc mature. Tu n’es plus un enfant qui rit quand on dit pénis ou vagin. » Oui, tu as raison. Je ne devrais pas. S’cuse ma tante. La sexualité ne se résume pas juste à ça. Mais en même temps, je ne peux m’empêcher d’en rire et de trouver que c’était une merveilleuse idée d’exposition. Parce que ça fait aussi partie de notre sexualité, le fun.

Précédent les installations de pénis dorés et de poitrines gonflés, une vidéo porno et des photos érotiques rétro ‘70 où une sexualité légère et comique était montrée. « Quand est-ce que le sexe est devenu si sérieux? » que je me demande aujourd’hui. Non mais c’est vrai. Plusieurs s’esclaffent de « franchement », de « c’est tellement immature », roulent les yeux au plafond et soupirent de désespoir quand on rigole de la sexualité. Pour plusieurs, la sexualité est devenue cette source d’anxiété généralisée, que je ne juge pas mais qui m’attriste. Peur d’être laissé(e), de pogner des bébittes, devenir enceinte, de ne pas être à la hauteur, d’avoir l’air con, etc. Nous avons tellement de craintes que notre sexualité est devenue anxiogène.

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Pourtant le rire, c’est tellement du plaisir en barre quand tu es nu dans un lit collé sur quelqu’un. Des fois, ce sont les fous rires qui sont meilleurs que l’orgasme. Sauf quand la personne rit de toi. Là ce n’est pas correct et tu penses sérieusement à quitter cette personne. Le rire, c’est magique pour dédramatiser une panne érectile ou un surplus d’air qui sort du vagin, communément appelé « pet de noune ». Quand tu rentres dans une boutique érotique (sexshop), c’est toujours pour le plaisir. Et si ce n’est pas pour acheter le nouveau vibrateur modèle dauphin 3000, c’est clairement pour rire et acheter un cadeau de fête à un(e) collègue de bureau. Pense à comment le ridicule dans ton intimité a soudé ton couple (ou des polyamoureux pour n’exclure personne).

Moi, j’ai aimé être là dans cet univers ludique. Pendant un instant, la sexualité était redevenue innocente et sans danger. On oublie souvent de le dire mais c’est ça aussi le sexe: de la légèreté, du plaisir, des conneries et du ridicule. Beaucoup de ridicule même. Pas juste des seins surdimensionnés ou des pénis scintillants.

Audrée

Pour les curieux de l’exposition Funland, voici le lien;

https://museum.museumofsex.com/exhibitions/funland-pleasures-perils-of-the-erotic-fairground/

 

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Audrée Plamondon

Chroniqueuse psycho/sexo en relation exclusive avec les bouclettes et bouclons de Boucle Magazine, elle partage réflexions et élucubrations sur la sexualité avec un humour caustique et frontal. Récemment diplômée d'un baccalauréat en sexologie, elle est érotomane, épicurienne et assoifée des sensations fortes que la vie procure.

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