Samedi, j’ai passé 2h30 au Musée des Beaux Arts de Montréal… devant le même tableau. Je devais, pour l’un de mes cours, analyser une œuvre Hollandaise du XVIème. Pas de manière symbolique mais de manière purement analytique. C’est un exercice très intéressant, dont je vais vous laisser des «hints ».
Tout d’abord, on appréhende le lieu et l’espace dans lequel on se trouve. La taille de la pièce ? La couleur des murs ? L’éclairage ? Est-ce que l’œuvre est placée très haut (nous dominant), ou au contraire à notre hauteur (nous incluant)? Tout a son importance. L’agencement d’une œuvre peut radicalement changer notre vision de son contenu.
Ensuite, nous voyons le format de l’œuvre. C’est très intéressant de voir comment,d’un tableau rond à un tableau carré, notre perception change inconsciemment. Vous voulez connaître un peu le truc ? La forme ronde invite à se renfermer sur le contenu du tableau. Le rectangle incite à un prolongement virtuel de l’œuvre, en dehors d’elle-même (par exemple pour un tableau de paysage, on s’imagine facilement la suite en dehors du cadre).
Là, on est enfermés dans l’œuvre La Vierge à la chaise, de Palazzo Pitti
Là, on peut imaginer une suite (j’ai de grands talents de peintre à la souris de laptop). (Les coquelicots à Argenteuil, Claude Monet)
Bref… Vous voyez ce que je veux dire ?
Le cadre, est-il adapté ? Est-il sobre ? Ou au contraire, très riche ? Il existe tout un historique dans la fabrication et les modes de cadre que je vous invite à lire, c’est vraiment intéressant. On peut reconnaître une époque seulement grâce au cadre de l’œuvre.
Après avoir vu tout ce qui concerne l’environnement, nous analysons, mais toujours sans aucun symbolisme, le contenu du tableau. Nous parlons alors de vecteurs et de perspective. C’est bien plus complexe, mais ça change vraiment la vision d’un tableau.
Je ne vais pas énoncer les vecteurs, ce serait bien trop exhaustif, mais juste une idée pour la perspective : elle s’est faite en des siècles !
Au début, il y avait ça (Chantier de construction, tombe du Vizir Rekhmiré, Égypte ancienne):
Après ça (La dernière cène, de Di Buoninsegna, 1301-1308) :
Puis enfin ça (Le grand canal et l’Église de la Salute, Canaletto, 1730) :
C’est intéressant d’aborder une toile figurative (pas abstraite) et d’essayer d’en repérer le point de fuite, c’est-à-dire le point de perspective. On s’aperçoit, en général, que quand il est bien marqué, on finit toujours la lecture du tableau à cet endroit là !
C’est très minimaliste comme explications, mais je vous invite à y penser lorsque vous visiterez votre prochaine exposition!