Un survivant. Tel est comment nous pouvons décrire Claude Robinson. Après 18 ans de bataille, il peut enfin souffler. La Cour suprême a tranché. Son droit d’auteur a bel et bien été violé. La bataille d’une vie.
Cette bataille, digne d’un film, s’est amorcée en 1995 lorsqu’un créateur, assis dans son salon, a vu une œuvre qu’il connaissait. La sienne. À la seule différence, c’est que celle-ci s’appelait dorénavant Robinson Sucroé au lieu de Robinson Curiosité. Ce projet a été mis sur la glace, non pas par manque de volonté, mais parce que personne, même pas Disney, ne voulait de Robinson.
C’est un peu ça l’histoire. Personne ne voulait de Robinson, de Claude Robinson. Les gens aimaient l’idée, l’œuvre, mais personne ne voulait de son créateur. Plusieurs se sont abstenus, mais Cinar et cie ont poussé un peu plus loin et ont décidé de s’approprier l’oeuvre, violant ainsi les droits d’auteurs de Robinson. Ils ont donc proposé une « nouvelle » version produite par Micheline Charest et Ronald Weinberg… Ceux que Robinson lui-même avait engagés pour en faire la promotion. Ce qu’ils voulaient, c’était un projet sans paternité. Bien pris celui qui croyait prendre.
Ce matin, à 9h45, la Cour Suprême du Canada a reconnu que : « […] le droit d’auteur a été violé et [qu’il est] d’avis d’accorder des dommages-intérêts compensatoires, la restitution des profits ainsi que des dommages-intérêts punitifs. » Il recevra 4,6 M$ ainsi que le remboursement complet des frais de 1,5 million de dollars qu’il a encourus en portant sa cause à la Cour Suprême, sans oublier un remboursement partiel de ses frais de la Cour d’appel et la Cour Suprême et intérêts.
Ce troisième et ultime round clôt de belle façon un combat vieux de 18 ans. En 1996, Claude Robinson dépose une poursuite. Après 13 ans, il gagne le premier round. La Cour supérieure du Québec fixe la somme à 5,2 millions de dollars en dédommagement. En 2011, la Cour d’appel tranche la poire en deux, la somme est réduite à 2,7 millions. Devant la Cour suprême du Canada, le créateur tentait le tout pour le tout.
Il a réussi. Claude Robinson a gagné son combat. En principe, toutefois. Depuis le début de cette saga, Cinar a été vendue (selon RDI, la nouvelle compagnie a un coussin exceptionnel pour cette cause), et France animations est sous la loi de la protection de la faillite. Plusieurs de ces compagnies sont aussi outremer. Si la décision a été prise en sa faveur, il devra, encore une fois, courir après ses compagnies pour avoir cet argent.
Ce n’est que de l’argent, n’est-ce pas? Oui, certes, mais Claude Robinson s’est endetté considérablement pour défendre ses droits d’auteurs. Ce serait la moindre des choses, que pour une fois dans sa vie, ces compagnies lui facilitent la tâche et le remboursent le plus rapidement possible.
Pendant dix-huit ans, Claude Robinson a mis sa vie en suspens. Il s’est battu non seulement pour son œuvre, mais aussi pour créer une jurisprudence, et pour tous les auteurs qui voient leurs droits bafoués. Robinson s’est battu pour ce en quoi il croyait. Il s’est battu pour lui, pour toi et pour moi.
Illustration : Yan Thériault
Pendant une génération, parce que c’est bien ce que 18 années sont, une génération, Claude Robinson nous a donné une leçon. Il a eu le courage d’être David contre Goliath. Ce courage que peu d’entre nous ont.
Claude Robinson nous a donné une leçon, celle de se battre, peu importe ce qui arrive, et d’être un survivant.
Du fond du coeur, Merci Claude!
Bravo mon gars!