Sur une scène nette, immaculée, on assiste à un laboratoire d’expériences : la relation entre deux femmes, sans passé, sans avenir. Deux femmes mises sous observation, comme sous un globe, une vitrine de zoo. Elles sont ce qu’elles sont, se dévoilent impudiquement et tentent de prendre leur place dans un espace qui se rapetisse.
À l’écoute l’une de l’autre et dans le but ultime d’une prise de pouvoir, elles se livrent à une joute aux sentiments où tous les coups sont permis. Il n’y a pas de règles, pas de contexte. Elles sont là, elles sont deux ; elles ont des besoins à combler, elles sont deux. Cela suffit pour appliquer la loi de la nature, la loi de sa propre survie, même lorsqu’il n’y a aucun danger. Cela devient un jeu (à la fois humain et inhumain à certains moments où les interprètes s’agressent violemment) autant qu’un besoin d’existence. Briser la paix, fuir la tranquillité, est-ce pour se maintenir actif et vivant ? Qui décidera, qui sera dominé ? Une tension se glisse entre l’animale et la civilisée, entre la proie et l’amie.
Marie-Philip Lamarche et Alexa-Jeanne Dubé livrent des performances sensibles, parfaitement nuancées. Elles ont un débit détaché, qui simule le besoin d’affection et laisse deviner celui immense de l’affirmation (l’inverse est également possible dans les moments d’une lucidité plus humaine qu’animale). Leur grande complicité forge le noyau central de la pièce qu’elles prennent plaisir à gruger devant nous, observateurs impuissants et perplexes d’un jeu immoral, manipulateur, mais pourtant réaliste et, disons-le… distrayant. L’écriture simple et épuré de Gabriel Plante (en stage à l’École Nationale de Théâtre en écriture) n’en est que plus agréablement cynique.
Ce spectacle a été présenté dans le cadre du Festival Artdanthé, qui se déroule à La Chapelle jusqu’au 14 décembre. Le concept original vient de France et tente en fait de laisser carte blanche à de talentueux explorateurs des arts de la scène.