Texte et interprétation par Alexandre Goyette (prix pour meilleur interprétation masculine et meilleur texte au Gala des Masques de 2005).
Mise en scène de Christian Fortin
Se penser plus grand, plus malin, plus fort que ce l’on est, a ses conséquences. Surtout quand on joue dans la cour des grands, des ‘’toffs’’, des vrais de vrais. King Dave, ce n’est que l’enveloppe d’un jeune homme peureux, timide et maladroit qui s’embarque malgré lui dans une course folle contre la rage et la vengeance. Mais pourquoi ? Pour affirmer haut et fort une identité qui ne lui colle pas. Par orgueil masculin.
Tout cela débute par une mauvaise rencontre, dans un party. Du bla-bla sans valeur jusqu’à ce qu’il décide de s’en prendre à plus gros. Se vantant auprès d’une gang, David se réveille le lendemain matin avec un contrat de dix radios de voitures à voler en trois jours. La peur le prend, le stress le ronge. Il n’a jamais fait ça avant. Il a toujours été le petit qu’on taxe dans les métros, qu’on bat pour le plaisir de battre dans la rue. Un jeune garçon malchanceux qui garde en séquelle une soif de vengeance mal consumée. Son premier mandat réussi, il ne s’en sort pas pour autant, tout ceci n’est que le début de sa fin.
Une épopée violente pour quelqu’un qui tremble en nous racontant son histoire. King Dave n’a rien à voir avec David, il est un personnage. Un personnage trop grand pour le caractère de son créateur. Cela le rattrape et le conduit loin, beaucoup trop loin. Si loin qu’il est trop tard pour reculer. Alors, il s’enfonce. Pour se prouver à lui-même qu’il est un homme, un vrai de vrai, un ‘‘toff’’ de ‘‘toff’’, il s’enfonce et se cale. Ce n’est pas le cas d’Alexandre Goyette, qui interprète non seulement David et son double, mais également plusieurs autres personnages qui croisent leur chemin. En cela, l’auteur et interprète de la pièce réussit un tour de force à échanger les peaux de l’un et de l’autre et à nous y faire croire, dans un espace très réduit et un décor simple. Il est le seul vecteur de cette histoire et il le fait à merveille, sauf peut-être pour quelques trébuchages dans le texte bien rattrapés et un petit manque de précision dans les changements de situation. Mis à part ces détails, King Dave est un monologue drôle et épeurant. Drôle, parce que l’on y côtoie la bêtise humaine d’un bon gars. Épeurant, parce qu’on sait que cette bêtise est réelle.
Présenté au théâtre Prospero, dans la salle intime, jusqu’au 18 mai.