Les Francos de Montréal en trois moments forts


Encore une fois cette année, les Francos de Montréal ont su rassembler des foules records au Quartier des spectacles pour 9 jours effervescents au cours desquels la musique francophone a brillé sous toutes ses formes. À l’extérieur comme à l’intérieur, le public a répondu présent et a pu assister à des performances mémorables qui ont éveillé autant de nostalgie que de curiosité en croisant figures incontournables et relève. Entre l’ambiance électrique du parterre de la Scène Rogers et les moments d’intimité des concerts en salle présentés majoritairement à guichets fermés, on garde en tête plusieurs moments forts de cette 36e édition.

La Scène Rogers plus vibrante que jamais

Lou-Adriane Cassidy, crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Alors que c’est à Jay Scøtt qu’est revenu la tâche de lancer les festivités de la Scène Rogers pour le grand spectacle du 13 juin qui a fait place à plusieurs invité.es surprises, le lendemain, Lou-Adriane Cassidy envoûtait la foule de la Place des festivals, remplit à souhait, avec une énergie sans pareil du début à la fin. De l’introductrice Dis-moi dis-moi dis-moi en passant par ses duos en compagnie d’Ariane Roy et N Nao jusqu’a Réponds et Ça va ça va qui ont élevés les voix, l’autrice-compositrice-interprète et son groupe ont livrés un spectacle qui restera sans aucun doute longtemps gravé dans la mémoire de plusieurs. 

P’tit Belliveau, crédit : Victor Diaz Lamich

Nous n’oublierons également pas de sitôt le passage attendu de Clara Luciani qui a de nouveau conquis le public montréalais en interprétant près d’une quinzaine de pièces, ou encore, le grand concert de P’tit Belliveau du 15 juin, un moment des plus festifs au cours duquel l’artiste originaire de Baie-Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse a animé le parterre du Quartier des spectacles avec brio. Si le succès Comfy interprété avec Fouki, ou encore les présences surprises de Rau_Ze et Klô Pelgag ont enflammées la foule, elles ont eu le même effet que les reprises de Nickleback et de System of a Down, sans oublier les pièces Mon drapeau Acadjonne vient d’Taiwan et l’intemporelle L’arbre est dans ses feuilles, qui a réussi à faire danser le parterre entier en rappel, tout juste avant que tou.tes ne chantent l’envie d’avoir un John Deere. Il n’y a pas à dire, P’tit Belliveau sait faire lever la fête!

Bon Enfant et comment debord en plateau double au MTELUS

Pendant que les festivités étaient au rendez-vous à l’extérieur, elles l’étaient tout autant en salles dès les premiers instants de cette 36e édition : Gims au Centre Bell, Louis-Jean Cormier en toute intimité à la Cinquième Salle, ou encore Fred Fortin au Club Soda, les festivalier.ères ont pu profiter de moments d’exception pour commencer leur marathon Francos. Du côté du MTELUS, on a d’ailleurs eu droit à un plateau double des plus emballants avec comment debord et Bon Enfant.

comment debord, crédit : Frédérique Ménard-Aubin

La prémisse déjà attrayante, ce doublé a été lancé en force avec comment rebord, qui a fait raisonné les pièces de ses deux albums dans une salle remplie jusqu’au balcon. De Manquer le bateau, jusqu’à Tranquillement pas vite, le septuor a mis la table avec une collection d’airs décontractés avant d’interpréter Ville fantombe, qui a momentanément animé le parterre. Un solo de basse et quelques remerciements aux Francos de Montréal plus tard, c’était au tour de Bay window de faire résonner la voix d’Alex Guimond, peu de temps avant que le public ne s’enthousiasme de nouveau aux premières notes de Chalet. Si on s’avait déjà que comment debord maîtrisait l’art des hymnes groovy, cette prestation l’a confirmé plus que jamais, alors que le groupe s’est même permis une reprise de Jean Leloup — Les moments parfaits — à saveur funk. Un saut sur scène de Guillaume Chiasson (Bon Enfant) et de Félix Bélisle (Choses Sauvages) pour terminer en force, c’est avec les rythmes 70’s de Veux veux pas et Papier foil que la foule a pu pratiquer ses plus beaux mouvements de danse.

Bon Enfant, crédit : Frédérique Ménard-Aubin

La seconde partie de ce plateau double fut tout aussi exaltante avec Bon Enfant, qui, après avoir fait entendre les guitares électriques de Demande spéciale en guise d’introduction, a poursuivit la soirée de plus belle en faisant bonne part aux pièces du troisième album du même nom, lancé l’automne dernier. Tandis que la distorsion de Passion rock aura enchanté tou.tes les fans de rock dans la salle, Porcelaine aura ravivé la flamme disco de chacun.e avec son groove irrésistible, qui a trouvé son chemin jusqu’à l’enivrante Diorama. « On est super contents d’être là, vous êtes dont ben beau, vive les Francos! » s’est exclamée Daphné Brissette, dont l’énergie était contagieuse. Cette énergie, nous la retrouvions également chez les autres membres du groupe, comptant aussi en ses rangs Guillaume Chiasson, Étienne Côté (LUMIÈRE), Mélissa Fortin et Alex Burger, qui ont fait toute la place nécessaire à la musique en proposant solos et interludes instrumentaux jusqu’à la fin du spectacle, qui, après une touchante interprétation de Vent doux, s’est terminé avec Ciel bleu et Petites batailles.

Pierre Lapointe en résidence au Théâtre du Nouveau Monde

Pierre Lapointe, crédit : Benoit Rousseau

Pour cette 36e édition des Francos, Pierre Lapointe s’est fait plaisir en montant sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde, un petit rêve qu’il convoitait depuis longtemps. La mythique salle du Quartier des spectacles a ainsi pu faire résonner en ses murs les Chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abimé de l’artiste, un moment d’exception qu’il a partagé au public montréalais non pas un soir, mais bien quatre. En première partie, la foule avait d’ailleurs l’occasion de découvrir le jeune Édouard Tremblay Grenier, qui, seul à la guitare, a livré de touchantes performances de ses premières compositions.

Pierre Lapointe, crédit : Benoit Rousseau

Lors de ces quatre représentations, Pierre Lapointe a une fois de plus affirmé sa place parmi les grands de la chanson d’ici. Au beau milieu d’immenses ballons argentés suspendus au plafond, le chanteur, accompagné du duo Fortin-Poirier au piano, ainsi que d’un quatuor à cordes spécialement pour l’occasion, a fait vivre aux spectateur.rices un moment d’intimité puissant en interprétant les pièces de son plus récent album, entremêlé d’anciennes chansons. Chacune à leur façon, elles ont su toucher le public qui, entre mélancolie chantée et anecdotes intermèdes, est passé des larmes aux rires. Qu’on pense à Le secret, à l’éloquente Dans nos veines, ou encore à la nostalgique Tel un seul homme — seul titre du premier album qui s’est taillé une place dans le spectacle —, Lapointe a su envoûter la foule avec sa voix, toujours aussi juste, jointe aux arrangements épurés d’Amélie Fortin. Ajoutons à cela quelques pièces interprétées en solo au piano — dont Nos joies répétitives et Maman, Papa — et plus tard, la touchante Où iront nos souvenirs, ainsi que les chants en chœur du public sur Deux par deux rassemblés, et nous avons un moment des plus parfaits.

Il n’y a pas à dire, les Francos de Montréal 2025 on lancé la saison des festivals en grand et ont fait honneur à la chanson francophone sous toutes ses formes. Nous avons déjà hâte à la prochaine édition!

Crédit photo de couverture : Benoit Rousseau

Photo of author

Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

Laisser un commentaire