Au théâtre Espace Libre, vous pouvez avoir la chance de voir la pièce Pleurs, une comédie disjonctée qui aborde en quelque sorte, la mort et notre façon d’honorer les défunts. Il s’agit d’un texte en collaboration avec Tamara Nguyen et coécrit par les sept interprètes, aussi membres de la Nouvelle troupe expérimentale, dont les codirecteurs artistiques sont nul autre que Daniel Brière et Alexis Martin. Après la première œuvre de la troupe, Rires, présentée l’an dernier, c’est au tour de Geneviève Labelle et de Mélodie Noël Rousseau de mettre en scène cette nouvelle création satirique.
Bienvenue au complexe funéraire!
La pièce se déroule à l’intérieur d’un complexe funéraire, le Brière et Martin. Là, on retrouve une panoplie de personnages, des plus loufoques aux plus tordues, qui remettent en question le côté solennel de nos funérailles. Car l’entreprise des pompes funèbres doit se réinventer pour correspondre à la nouvelle clientèle des plus inusitée. Avec absurdité, les nombreuses situations relèvent le côté arbitraire de notre manière de célébrer les morts et toutes les conventions qui entourent nos sépultures. Dans Pleurs, aucun respect ne reste pour les défunts, d’où la dérision du contexte si tragique. On assiste aux symboles clichés des salons funéraires; les discours, les pleurs, les chansons, les montages photo et les retrouvailles des proches, mais d’une façon inédite.

L’œuvre illustre bien la commercialisation de cette institution et les rituels sacrés revisités. Par exemple, on assiste à une chanteuse qui s’attaque aux plus grands classiques comme « Ça fait rire les oiseaux » de la Compagnie Créole et « Et c’est pas fini », chanson thème de Star Académie, sur un ton langoureux qui se veut mélancolique.
Surdose de blagues
Véritable comédie absurde, le ton humoristique prend toute la place et on peut assister à des sketchs qui s’enchaînent, blague après blague. Les personnages deviennent grotesques et chaque émotion tombe dans l’exagération et l’amplification. Un travail du corps est également effectué, rendant les scènes complètement clownesques. Tout est gigantesque, l’accent est mis sur les moindres détails. On peut aussi apprécier le travail d’éclairage et de bruitage qui sont en symbiose avec l’action sur scène pour créer un numéro complet, complexe.
Personnellement, ce type d’humour ne m’a pas interpellé, préférant l’humour qui est davantage dans la subtilité et la finesse. Par exemple, j’ai particulièrement aimé le discours de la fille de la défunte qui libère sa haine contre sa mère à travers des jeux de mots grinçants. Les scènes n’ont pas nécessairement de lien entre elles, on se sent propulsé dans tous les sens et le chaos nous rattrape; bref, il manque une trame narrative un peu plus définie. Je suis restée perplexe face à plusieurs éléments, ne comprenant pas le sens derrière ou le message souhaité être véhiculé. Cependant, il faut dire que le public était hilare et je suis persuadée que cette pièce peut rejoindre plusieurs personnes.

Les sept comédien.ne.s ont également très bien relevé ce défi d’interprétation, compte tenu du niveau de jeu demandé. Soulignons les prouesses comiques de Mehdi Agnaou, Zoé Boudou, Anne-Sarah Charbonneau, Simon Duchesne, Fabrice Girard, Laurence Laprise et Caroline Somers, qui ont incarné de nombreux personnages avec intensité et une présence scénique soutenue.
Pour assister à Pleurs au théâtre Espace Libre, vous avez jusqu’au 12 avril!