Avec la crise climatique grandissante et de plus en plus menaçante, le soleil ne cesse de s’agrandir et de brûler les quatre coins de la planète. La fin du monde est alors annoncée et il ne reste qu’environ un mois à vivre. C’est avec ce constat que nous plongeons dans la pièce Une fin, écrite par Sébastien David et présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en coproduction avec Le PàP. Devant cette annonce, nous faisons face aux multiples réactions des individus et nous sommes confronté.e.s à la banalité de l’humanité. C’est que, devant une telle catastrophe, que pouvons-nous réellement faire? Comment pouvons-nous vivre dans l’attente de nos derniers instants? Malgré le côté tragique de la situation, l’œuvre réussie tout de même à être porteur d’espoir et de lumière, tout en nous amenant à réfléchir à cette question; c’est quoi être un humain?
Une diversité de trajectoires
C’est ce qui est bouleversant dans l’œuvre dont on parle : face à une telle impuissance et étant à deux doigts de la disparition du monde, les humains tentent à leur manière de vivre à fond leurs derniers jours comme iels le peuvent. Pour certains, ce sera d’offrir de l’aide dans les hôpitaux, pour d’autres, ce sera de faire le party sans s’arrêter. La mise en scène de Laurence Dauphinais et de Patrice Dubois, par une suite de tableaux qui s’entrecroisent fluidement, illustre bien les diverses réalités en contexte d’apocalypse, autant absurdes que dramatiques. Les 16 interprètes guident notre montagne russe d’émotions en nous faisant passer par le rire et les larmes. Devant une scène dépourvue d’artifice, c’est l’humain qui est mis de l’avant, par une simplicité scénographique qui permet de montrer sa complexité. De nombreuses portes permettent des va-et-vient de tous les côtés, exploitant au maximum les lieux de la salle du Théâtre. L’aspect visuel le plus intéressant reste la porte centrale en arrière-scène qui s’ouvre à plusieurs reprises pour laisser entrevoir des espaces différents, magnifiés par des éclairages et quelques accessoires.

Bien que la majorité des interprètes réussisse haut la main le défi, il y a quelques inégalités de jeu qui crée un certain débalancement dans la pièce. Même chose pour les nombreuses trajectoires que nous suivons : certaines sont plus intéressantes que d’autres. Il aurait peut-être fallu épurer un peu plus la trame narrative ainsi que les différents niveaux d’interprétation. En souhaitant illustrer la banalité de l’être humain, un ton comique survient parfois et ne fonctionne pas toujours avec l’ampleur du sujet. Certains passages de la pièce détonnent avec le reste, créant un manque d’homogénéité. Bien que la prestation de danse de Brianna Lombardo était magnifique, elle nous sortait de l’histoire en brisant le quatrième mur. Par contre, les moments de groupe représentés en mouvements étaient bouleversants et laissaient le temps en suspens.
Appréhender la fin
Tout au long de la pièce, nous appréhendons la fin du spectacle, et, par le fait même, la fin du monde. D’une durée de 2 h 20, la pièce s’étire et nous laisse croire à maintes reprises qu’il s’agit de la scène finale, que l’œuvre se termine. Et puis non, nous sommes replongé.e.s vers une autre scène. Cette appréhension constante résonne avec la thématique de la pièce où les personnages, eux aussi, attendent le moment final. Nous ne savons jamais quand il arrivera ni dans quelles circonstances. C’est toute cette attente qui permet de créer une intensité palpable et qui nous laisse la gorge nouée lorsque la fin survient.

Une fin est présentée à la salle Michelle-Rossignol du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 1er mars 2025. Je recommande fortement cette pièce pour les personnes qui veulent vibrer devant les connexions humaines qui se forment, peu importe le moment. Pour les billets, c’est par ici.
Crédit photo de couverture : Valérie Remise