Le poids des fourmis : face à l’impuissance

le poids des fourmis

Quel est notre poids en tant que société, en tant qu’être humain? Que pouvons-nous faire devant le monde qui court à sa perte? C’est peut-être ensemble que nous y arriverons si nous décidons de nous mobiliser collectivement. C’est ce que cette satire politique, écrite par David Paquet et mise en scène par Philippe Cyr, tente de nous faire réfléchir. Dans cet univers des plus cynique, mais comique à la fois, nous sommes transportés dans une course pour faire changer les choses, tout en mettant en lumière les dynamiques de pouvoir qui nous mènent trop souvent face à un sentiment d’impuissance. Production du Théâtre Bluff écrite il y a maintenant cinq ans, Le poids des fourmis effectue un retour sur la scène du Théâtre Denise Pelletier, après avoir fait fureur au festival d’Avignon cet été.

Éteindre le feu

le poids des fourmis
Crédit : Yanick Macdonald

Animé.e.s et révolté.e.s par la passivité humaine et l’absurdité du monde superficiel, nous suivons deux jeunes dans une école secondaire des plus ratée. Motivé.e.s par l’espoir de changer les choses et de sauver le monde, Jeanne et Olivier se livrent dans une campagne électorale angoissante et hilarante. Par des discours enflammés à propos d’enjeux importants qui nous touchent toustes, nous sommes amené.e.s à prendre conscience de l’urgence d’agir pour notre planète. Comme le répète souvent le personnage de Jeanne, il y a le feu et nous devons agir. Bien que le sujet soit sérieux et alarmant, la pièce réussit à nous faire rire et à dédramatiser la situation, malgré tout. C’est un véritable mélange d’émotions que l’on ressent en tant que spectateur.rice, passant du fou rire à la révolte, au pessimisme, puis à l’espoir.

Cri du cœur

le poids des fourmis
Crédit : Yanick Macdonald

Par une soif de liberté et de conscientisation, ce sont les deux adolescent.e.s qui nous guident à travers la « Semaine du futur », semaine thématique tournée au ridicule par le directeur de l’école. Mentionnons d’ailleurs le jeu des quatre interprètes qui nous font voyager pendant 1 h 15 dans un récit autant farfelu que troublant. Élisabeth Smith et Gabriel Szabo interprètent avec justesse les deux jeunes pris par les tourments du monde qui éclate. L’une est plutôt du côté de la révolte et de l’activisme, l’autre dans la volonté de conserver la beauté de ce qui nous entoure. Ensemble, iels forment un drôle de duo qui arrive à se compléter et à s’entraider dans leur quête commune.

En ce qui concerne les deux autres comédien.ne.s Nathalie Claude et Gaétan Nadeau, iels vont à deux voix représenter une vingtaine de personnages qui accompagnent (ou qui empêchent) les jeunes dans leur mission. Le jeu n’est pas dans la nuance et ressemble plutôt à un cri du cœur du début à la fin. Je tiens à souligner le monologue poignant de Gabriel Szabo à la fin de la pièce, qui m’en a donné des frissons!

Piscine à balles

le poids des fourmis
Crédit : Yanick Macdonald

La mise en scène colorée marque le clou du spectacle à mon avis par son ingéniosité et l’imagination qui y est déployée. Les images sont parlantes, les métaphores sanglantes. Tout autour de la scène, nous y voyons une sorte de piscine à balles noires, qui peut nous ramener à l’enfance, au jeu et à l’amusement, mais qui évoque par le fait même une sorte de bassine de charbon, qui engloutit les personnages tout au long de la pièce. L’état d’urgence est donc constamment rappelé, tout en le tournant à la dérision. C’est un peu ce qui est représenté par le choix des costumes où on oscille constamment entre l’ambiance du Club Med et celle de la fin du monde.

Le poids des fourmis concerne autant les adolescent.e.s que les adultes et est présentée du 19 novembre au 7 décembre au Théâtre Denise Pelletier. Je vous conseille vivement de la voir! Tous les détails et billets par ici.

Photo de couverture : Yanick Macdonald

Laisser un commentaire