La suspension consentie de l’incrédulité : pour l’amour du théâtre

La suspension consentie de l'incrédulité : pour l'amour du théâtre


Le 19 novembre dernier, j’étais à la Place des Arts pour assister à la première médiatique de La suspension consentie de l’incrédulité, un solo d’Émilie Perreault présenté à la Cinquième Salle. Habituée à être derrière un micro ou dans le public en tant que journaliste culturelle, Émilie se retrouve cette fois-ci seule sur scène pour nous partager, qu’elle préfèrerait être à notre place.

Pourquoi vous êtes ici?

C’est ainsi que débute le solo d’Émilie Perreault, journaliste, autrice et désormais comédienne : par une question simple, mais profondément complexe. Au fil d’une heure et quart, elle réussit à mettre en mots ce que, moi aussi, je ressens lorsque je vais au théâtre : vivre un moment suspendu, m’évader, me plonger dans des histoires qui ne sont pas les miennes, mais qui éveillent en moi des émotions authentiques.

Inspiré de ses deux ouvrages précédents, Faire œuvre utile et Service essentiel, ce spectacle est un magnifique hommage à la culture et à ses bienfaits, tant pour les spectateurs que pour les lecteurs. Avec passion, Émilie partage sa foi en l’art et en son pouvoir transformateur. Elle célèbre son amour pour le rôle de spectatrice et, à travers cela, elle parle de nous qui sommes assis à la regarder.

La suspension consentie de l'incrédulité : pour l'amour du théâtre, Boucle Magazine
Crédit : Dany Taillon

Mélangeant théorie (expliquée en voix off par Marc Labrèche), entrevues réalisées dans le cadre de son métier (avec Éric Emmanuel Schmitt et Bizz, entre autres) et histoires personnelles (comme une touchante histoire d’accouchement sur la musique d’Alexandra Stréliski), Émilie nous amène avec elle dans son univers. C’est un spectacle dans lequel les spectateurs aguerris se retrouveront certainement. Que ce soit quand elle parle de l’envie irrésistible de parler de son enthousiasme après une performance, du malaise ressenti quand la personne avec qui on est venu ne partage pas notre appréciation de l’œuvre, ou encore le bien-être profond de se laisser porter par la fiction une fois les lumières éteintes, Émilie parle de nous, et c’est un spectacle qui fait profondément du bien en ces temps froids. J’ai ri, j’ai été émue, j’ai passé un beau moment.

Une mise en scène minimaliste et efficace

Crédit : Dany Taillon

Assise parmi le public, Émilie Perreault débute son solo, un choix astucieux et cohérent avec ses propos. Elle explique à quel point elle aime être spectatrice, un rôle dans lequel elle se sent à sa place depuis l’enfance. Après quelques minutes, elle monte sur scène, qu’elle ne quittera qu’à la fin, moment où elle retourne, soulagée, rejoindre les siens dans la salle.

La mise en scène signée par Charles Dauphinais est épurée, bien qu’elle soit un peu plus élaborée que lors de la première mouture présentée au printemps dernier dans le cadre des 5 à 7 de Duceppe. Quelques éléments de décor colorés en arrière-plan, des lampes et des chaises noires déplacées au gré des besoins composent l’essentiel du dispositif scénique. La conception sonore et lumineuse, tout aussi sobre, soutient habilement le rythme du spectacle. Les transitions, fluides et parfois ponctuées d’humour, complètent harmonieusement ce solo sans prétention. J’aurais aimé découvrir la version initiale, plus intime, dans les coulisses de Duceppe.

Malgré cela, comme vous pouvez le constater, j’ai passé un très beau mardi soir. C’est un spectacle dans lequel je me suis vraiment reconnue et mon +1 a aussi beaucoup aimé (Youpi! Victoire!) Nous nous sommes d’ailleurs empressé de debriefer à la sortie de la Place des Arts.

La suspension consentie de l’incrédulité est présentée en rappel jusqu’au 24 novembre (oui, ce n’est pas long, faites vite!) Pour des billets, c’est par ici.

Photo de couverture : Dany Taillon

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Catherine Fournier

Étudiante à la maîtrise en théâtre, Catherine est une passionnée de tout ce qui touche à la culture. Son passe-temps préféré? Lire dans son lit, une bougie allumée pendant que son chat Clémentine dort à côté.

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