Entrevue : BéLi, laisser libre cours à la créativité

Entrevue : BéLi, laisser libre cours à la créativit, Boucle Magazine

Après avoir lancé l’extrait À vos marques en 2021, l’autrice-compositrice-interprète BéLi était récemment de retour avec son album, XUV. Paru sous l’étiquette Duprince, ce premier long-jeu dévoile onze pièces résolument attrayantes, dans lesquelles se trame une pop audacieuse, empruntant autant à l’électro qu’au hip-hop ou à l’hyper pop. À travers un caractère assumé, l’artiste — qui comptait parmi les finalistes du Festival international de la chanson de Granby en 2021 et parmi la cohorte de la 26e édition des Francouvertes en 2022 —, juxtapose colères, constats et bouleversements de vie à une liberté créative sans compromis. En spectacle au Café Cléopâtre le 15 novembre prochain dans le cadre de son lancement montréalais à Coup de cœur francophone, BéLi nous parle du processus derrière ce tout premier album.

Boucle Magazine : Dans XUV, il est entre autres question de grands changements de vie vécus au cours des dernières années. Ça peut donner le vertige d’aborder ce genre de sujets! Pourquoi avoir eu envie d’en parler dans ton premier album?
BéLi : Pour cet album, je suis vraiment allé all-in niveau vulnérabilité. Je pense que c’était un besoin et ce qui faisait le plus de sens pour moi. J’étais dans une période très existentielle où je me posais beaucoup de questions, alors c’était la seule chose que j’avais à dire à ce moment-là. Après, c’est certain que n’est pas toute ma vie que je vais chanter sur des trucs plus existentiels comme ça, j’ai aussi envie de parler de d’autres choses! (Rires)

B.M. : Avec ce côté très intime aux chansons, est-ce qu’il y a des pièces qui ont été plus difficiles à dévoiler au grand jour?
BéLi : Oui vraiment! Il y a Calorifère entres autres, dans laquelle j’aborde une dépression, et je pense à Magicienne aussi, qui est très intime. Des fois, j’ai même mal au ventre quand je pense à cette chanson-là, tellement elle m’amène dans un état de vulnérabilité! C’est aussi une chanson qui m’a suivi sur une longue période. C’est elle qui a émergé dans les premières de l’album et elle n’a été terminée qu’à la fin de la création du disque. Elle a eu beaucoup d’étapes. C’est autant sur moi, que sur des réflexions que j’ai autour de moi par rapport à des amis qui vivent des situations similaires et qui m’ont inspiré à travers des discussions qu’on a eu ensemble par exemple.

B.M. : Le processus de composition s’est donc entamé il y a longtemps quand même?
BéLi : Oui, en plus de Magicienne, il y a aussi Photoromance et GHOST qui ont été les premières pièces à avoir été composées. Ça a été un peu le commencement. Je sens d’ailleurs que dans l’album, il y a quand même des tons différents. Il y a parfois une légèreté qui s’installe à travers certaines pièces, tandis que d’autres ont une poésie plus sérieuse si je peux dire.

B.M. : À l’écoute, on sent aussi que c’était important pour toi de te donner une grande liberté au niveau créatif!
BéLi : Pour moi, c’était comme un besoin de tout défaire ce que j’avais appris sur la musique et sur les formules très pop que je connaissais. On dirait qu’au moment où je suis arrivé au studio chez moi et que j’avais l’espace pour me laisser aller, je me suis permis d’aller dans des zones exploratoires et c’est là que j’avais beaucoup de fun, et où je trouvais une forme de libération.

B.M. : C’est quelque chose qui s’entend d’ailleurs! On y retrouve autant de la pop que de l’électro, du funk ou du hip-hop, et le tout fonctionne bien ensemble. Tu t’es également entouré de Blaise Borboën-Léonard et de Nader Abouzeid à la réalisation. Est-ce cette collaboration a été bénéfique au processus créatif?
BéLi : Absolument! Après À vos marques [premier extrait lancé en 2021], j’avais envie d’apprendre à connaître davantage la producer en moi et j’ai approché Funkywhat [Nader Abouzeid] qui m’a beaucoup inspiré dans sa manière de créer et dans sa liberté. C’est un espèce de laisser-aller que j’ai trouvé avec lui, il m’a beaucoup inspiré là-dedans. Blaise [Borboën-Léonard] est arrivé un peu plus tard dans le processus et encore une fois avec lui, c’était vraiment émerveillant. J’étais très impressionnée par ses skills avec tout ce qui est ordinateur!

B.M. : À travers l’habillage sonore, on remarque aussi beaucoup de jeux avec les textures. Je pense notamment à la pièce A.Y.C.E. On sent vraiment qu’il y a un travail qui a été fait à ce niveau.
BéLi : Oui, c’est quelque chose qui me fait vraiment triper! C’est justement en travaillant avec Nader que j’ai appris à aimer les textures. Son approche de la musique m’inspirait tellement et ça m’a appris à chercher cette folie-là à l’intérieur de moi dans mes moments de création. C’est pendant le processus de l’album, en explorant, que j’ai appris ce que j’aimais comme sons et lesquels venaient davantage me chercher. C’est ce que j’ai essayé de faire pour chaque chanson, à travers chaque choix de son.

B.M. : On retrouve aussi beaucoup d’aplomb et d’assurance dans cet album. La pièce Totally Psych me vient d’ailleurs en tête. Tu dis notamment que dans cet album, il est beaucoup question de bousculer le statu quo de la féminité. Pourquoi c’était important pour toi d’aborder ce sujet?
BéLi : C’était vraiment un besoin au moment de la création. J’avais envie de crier! J’avais des colères et je n’avais pas envie de chanter seulement de manière attrayante. Il y avait cette envie de montrer un côté plus « monstrueuse ». C’est d’ailleurs après la lecture d’un livre qui m’a beaucoup inspiré, The Monstrous-Feminine de Barbara Creed qui amène des réflexions sur les figures de monstres dans tous les films d’horreur depuis toujours, que j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose dans la figure du monstre qui venait vraiment me charmer si je peux dire.

B.M. : Le lancement aura lieu le 15 novembre prochain dans le cadre de Coup de cœur francophone, comment te sens-tu à l’idée de jouer ces nouvelles chansons devant le public?
BéLi : J’ai vraiment hâte! Le show va être vraiment bon, je vous le jure! (Rires) On a monté quelque chose dont je suis vraiment fière et ce sera très le fun à jouer!

Le spectacle de lancement de BéLi se tiendra le 15 novembre prochain au Café Cléopâtre, tout juste avec qu’elle ne prenne la route pour Gatineau afin d’assurer la première partie de Philippe Brach le 16 novembre au Minotaure. L’album XUV sera également lancé du côté de Québec le 5 décembre au Pantoum, en compagnie de Hawa B. Suivez BéLi sur Facebook et Instagram pour ne rien manquer!

Photo de couverture : Dupaul

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Karine Gagné

Rédactrice en chef adjointe et cheffe de section culture pour Boucle Magazine, Karine évolue dans le domaine culturel à divers titre. À travers ses articles, elle met de l’avant une ligne éditoriale axée sur la scène locale et la découverte.

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