En ce mois d’octobre et d’Halloween, les amateur.rice.s de sensations fortes pourront être tenté.e.s par le parcours d’horreur Malefycia Zoo, trajet de 60 à 70 minutes dans un univers sanglant, grouillant de créatures capturées et de spécimens errants et effrayants. Réservée aux 18 ans et plus, cette expérience immersive nous plonge dans d’étranges habitats prenant vie grâce à plus de 80 artistes. C’est cette fin de semaine que j’ai pu tester cette aventure hors du commun et j’en suis sortie chamboulée, ça c’est certain!
Déjà, le lieu choisi nous transporte directement dans l’ambiance recherchée; c’est que Malefycia Zoo semble se dérouler dans un bâtiment désaffecté, isolé dans l’arrondissement de Lachine. On a déjà la chair de poule en se présentant sur place, ne sachant pas ce qui nous attend. À intervalle de dix ou quinze minutes environ, un nouveau groupe de quelques personnes amorce leur entrée dans le parcours. On aurait pu croire que le tout se ferait de façon fluide et rapide, mais même en arrivant à 20 h 30, mon groupe est passé à minuit. Problème d’organisation ou trop d’ambition? Il faut dire que c’était leur soirée d’ouverture et qu’il y aura probablement de petits ajustements de ce côté-là pour éviter trop d’attente.
Par contre, chose est sûre, quand on franchit les portes qui nous mènent au début du parcours, l’expérience commence tout de suite et elle ne peut nous laisser indifférent.e!
Jouer sur les 5 sens
Plongé.e.s dans des salles aux divers univers, le trajet nous en fait voir de toutes les couleurs! Je ne sais pas si on peut vraiment qualifier Malefycia Zoo d’un parcours « d’horreur » plutôt que « gore », mais on peut dire que l’immersion nous fait passer à travers toute une gamme d’émotions! J’ai oscillé entre émerveillement, amusement, doute et malaise! Les décors sont incroyables, majestueux, et les scènes sont très bien jouées par les comédien.ne.s en place! Il faut d’ailleurs souligner leur travail incroyable, puisqu’ils et elles doivent rejouer leur scène avec intensité sans cesse pendant plusieurs heures. L’ambiance de chaque pièce est extrêmement réaliste et l’immersion est si complète qu’elle va jusqu’à reproduire les odeurs associées à la thématique de la salle! Il est aussi conseillé de se doter d’habits protecteurs au coût de 30 $ sur place, ou bien de se vêtir par des vêtements qu’on n’a pas peur de salir, puisque nous sortons effectivement avec le besoin de prendre une petite douche. Les costumes (quand il y en a…) sont aussi magnifiques. Bref, d’un point de vue visuel et sensoriel, il faut avouer que ça en vaut la chandelle et que tous nos sens sont sollicités! C’est aussi pour cette raison que les billets ne sont pas donnés, variant entre 88 $ et 118 $ par personne.
Et le consentement dans tout ça?
Je ne peux par contre passer sous silence la question du consentement et des limites franchies. Dès la première salle du parcours, on se fait avertir que les comédien.ne.s pourront nous toucher, mais que nous ne pouvons pas répliquer. Rien ne laissait cependant présager que les touchers en question pouvaient mettre plusieurs personnes dans un inconfort extrême et qu’on ne se limitait pas à un frôlement d’épaule pour donner la frousse. Sans égard, on pouvait par exemple se faire mettre à genoux, recevoir une claque sur les fesses, se faire mettre les mains au visage (et dans la bouche) ou renifler le cou! J’ai été franchement surprise de constater qu’il n’est pas clairement indiqué que l’expérience comporte des scènes de nudités et/ou de sexualité. Il faut penser aux différents niveaux de sensibilité et de réalités face à ces enjeux et la notion de consentement ne semblait pas du tout présente dans l’expérience. Jouer avec les limites de telle façon nécessiterait clairement une meilleure mise en garde et une mention claire dans la promotion de l’événement et dans la décharge signée au préalable. En effet, on se retrouve parfois en plein bar de strip-teaseuses, devant une personne qui « se masturbe » ou au milieu d’une sorte d’orgie.
Pour moi, le manque de transparence s’agit de la plus grande lacune de l’expérience, sans parler de l’objectivation et de l’hypersexualisation du corps, principalement de la femme. En effet, suite à une discussion avec certain.e.s personnes après le parcours, semble-t-il qu’un élément qui caractérise les éditions de Malefycia serait des seins nus! Cependant, je l’ai su après avoir vécu l’expérience, et non avant.
Crédit photos : Malefycia Zoo