Le 2 octobre dernier, j’ai pu assister à la douce pièce Là où la poussière se dépose dans la salle Michelle Rossignol du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Produite par Transitor Média, cette œuvre met l’accent sur le son et la voix, évoquant le réconfort des balados, un domaine dans lequel la compagnie est principalement active.
Fragments de foyer(s) divisé(s)
La pièce est très loin du théâtre traditionnel et narratif auquel l’on pense souvent en premier. Nous n’avons pas devant nous une histoire complète, linéaire et narrative, mais plutôt une série de tableaux présentant des petites histoires gravitant toutes autour du thème de la maison, du chez-soi et de ce qui fait qu’une maison est nôtre.
En s’appuyant sur leur propre expérience, les créateurs Julien Morissette et Karina Pawlikowski ont choisi d’explorer le thème de la séparation et de la transformation du foyer qui en découle, tout en évitant de s’enfermer dans leur réalité personnelle. Ainsi, nous assistons à un collage de voix, de sons et d’événements qui, bien qu’interconnectés, demeurent suffisamment flexibles pour permettre au public de les relier à sa propre histoire. On ressent, tout au long de la courte heure et quinze, la bienveillance et la volonté des créateurs de créer un espace réconfortant et je dirais même, nostalgique. Ce n’est pas une pièce particulièrement triste ou drôle, mais il y a une énergie authentique qui se fait sentir et qui fait du bien.
J’en suis sortie calme, n’ayant pas vu le temps passer.
Interprétation et mise en scène
J’ai vraiment apprécié le jeu de tou.te.s les comédien.ne.s. Ils et elles ont tou.te.s une voix très posée et radiophonique. J’ai particulièrement aimé le jeu un peu comique et sarcastique d’Emmanuel Schwartz qui amène un peu de légèreté tout en étant très réaliste. Émilie Bibeau et Célia Gouin Arsenault sont aussi très justes et amènent une sensibilité magnifique aux propos qu’elles partagent. La scène est également habitée par Alexis Elina, pianiste, qui nous berce au son de sa musique tout au long de la pièce. Finalement, Julien Morissette est également présent sur scène et participe à la fois à la construction sonore de l’univers et au tissage des liens entre les différentes entités jouées par les interprètes.
La mise en scène est très simple. On retrouve plein de tapis, une petite table avec un casse-tête, des chaises de bois, un piano et un bureau. Ce qui reste le plus frappant, ce sont tous les micros présents sur la scène, les casques d’écoute et tout le matériel de studio d’enregistrement. Ce ne sont pas les décors les plus palpitants, mais ça reste tout de même très efficace et les éclairages venaient vraiment bien découper l’espace. J’ai adoré l’utilisation des micros, on entend les voix par différents haut-parleurs ce qui donne l’impression d’être vraiment enveloppé par la voix des interprètes.
J’ai bien aimé cette proposition qui sort de l’ordinaire. Malgré avoir ressenti le réconfort de la maison durant la pièce, j’aurais préféré que cette dernière soit présentée dans une plus petite salle afin que l’on soit plus proche de la scène, quitte à être directement sur celle-ci. Il manquait un peu de proximité à l’ensemble pour que le propos soit réellement complet et pertinent à être présenté au théâtre, et pas seulement sous forme de balado.
Malgré cela, le jeu des acteurs et les propos de la pièce m’ont beaucoup plus et je vous recommande fortement cette sortie qui fait du bien avec le froid qui s’installe.
Là où la poussière se dépose est encore présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 12 octobre. Pour des billets, c’est par ici.
Crédit photo de couverture : Valérie Remise