Après ses 9 jours de festivités bien remplis, les Francos de Montréal ont prouvé une fois de plus cette année toute la vitalité de la scène francophone. Aux quatre coins du Quartier des spectacles, artistes locaux et internationaux ont fait résonner un large éventail de propositions auprès de foules record, rassemblant toutes les générations. Si vous en doutiez, la musique francophone est toujours vivante et cette 35e édition du festival a su le démontrer en captivant le public du début à la fin. À l’extérieur comme en salle, nous avons eu droit à plusieurs moments d’exception et en voici quelques-uns qui vous donneront déjà hâte à l’an prochain!
De Jean-Pierre Ferland aux Trois Accords
Toujours aussi populaires, les grands concerts extérieurs de la Scène Bell ont permis au public de se rassembler autour des succès de leurs artistes préférés tout au long de la fête. Alors que Marie-Annick Lépine a éveillé de précieux souvenirs à la foule en entonnant Les étoiles filantes lors de son spectacle en début de festival, ce fut plus tard l’occasion de célébrer le répertoire du regretté Jean-Pierre Ferland, dont les pièces ont résonné haut et fort au centre-ville de Montréal lors du spectacle Les petits rois, un moment chargé d’émotions. Orchestré par Ariane Moffatt, l’événement a réuni plusieurs artistes dont Hubert Lenoir, Vincent Vallières, Louis-Jean Cormier, Thierry Larose, Lou-Adriane Cassidy et Ariane Roy. À leur façon, ils ont fait revivre les classiques de ce grand de la chanson québécoise.
Parmi les autres spectacles qui auront marqué les esprits, on retrouve sans aucun doute celui des Trois Accords qui étaient de retour aux Francos pour une performance haute en couleurs. Un concert festif ayant attiré des milliers de festivalier.ère.s, qui, sourire aux lèvres, ont chanter à tue-tête les succès du groupe chaudement accueillit avec leur concept Préférence personnelle, regroupant des pièces choisies préalablement par le public. Avec Pierre-Yves Roy Desmarais, Les Cowboys Fringants et Lydia Képinski comme invité.e.s surprises, il n’y a pas de doute, la fête était au rendez-vous!
Aliocha Schneider, deux fois plutôt qu’une
Il y a quelques années, jamais Aliocha Schneider n’aurait pensé se retrouver devant un Club Soda rempli à ras bord, disait-il d’entrée de jeu le 18 juin, lors d’un premier concert d’une série de deux à l’occasion du festival. Affichants complets depuis déjà plusieurs semaines, ces spectacles ont sans contredit conquis un public attentif, prêt à chanter chacune des paroles de l’auteur-compositeur-interprète qui dévoilait son troisième album il y a à peine un an. Dès l’intime Flash in the Pan interprété seul à la guitare, le temps s’est presqu’arrêté et les voix des spectateur.rice.s se sont rapidement mêlées à celle de l’artiste. Rejoint par ses musiciens, Aliocha Schneider a poursuivit la soirée de plus belle, croisant les chansons de son plus récent long-jeu à celles des précédents Naked et Eleven Songs.
Des chants en choeurs pour Paradis, des sourires pour Sarah et sa genèse, raconté avec amusement par Schneider, une écoute attentive pour la toute nouvelle La Chambre et un enthousiasme manifeste pour L’océan des amoureux et Julia, l’ambiance était à son meilleur pour cette soirée qui aura visiblement comblé le public et l’artiste, qui a terminé le spectacle en force avec Avant Elle, tout juste avant d’accueillir sur scène sa complice Charlotte Cardin sous un raz-de-marrée d’applaudissements. Une surprise qui aura fait raisonné les paroles de Daniel Bélanger avec une reprise de Rêver mieux, suivi de l’incontournable Ensemble. Deux concerts qui vraisemblablement, ont enchanté les festivalier.ère.s.
Les 25 ans des Breastfeeders
Le rock’n’roll n’est pas mort et Les Breastfeeders nous en ont bien fait la démonstration lors de la soirée de clôture du festival du côté des Foufounes Électriques pour célébrer ses 25 ans. Viens avec moi à peine terminée que déjà, on constate que la bande n’a rien perdu de sa fougue. Accompagnée sur scène pour une première fois par Étienne Barry (Les Deuxluxes) aux claviers, la formation a enchaîné les succès des classiques Déjeuners sur l’herbe et Les matins de grands soirs, sans oublier quelques incontournables comme Ne perds pas la tête (Marie-Antoinette) et La fille dans la vitrine, tirées de Dans la gueule des loups, dernier long-jeu paru en 2011.
Alors que le groupe était de retour en mai dernier avec le tout nouvel extrait Les pieds chez toi, ce concert anniversaire aura éveillé autant de nostalgie que d’enthousiasme pour la suite qui, comme l’a souligné le chanteur et guitariste Luc Brien, devrait bientôt voir le jour. En attendant, le public était visiblement heureux de retrouver les six acolytes sur scène et d’accueillir Karine Roxane Isabel au micro, succédant à Suzie McLelove dont on apprenait récemment le départ de la formation. Aussitôt le premier refrain de Funny Funiculaire arrivée que déjà, la foule avait adopté la nouvelle venue.
Entre les rythmes 60’s de Mini-jupe et watusi et les solos de guitare grisants d’Angle mort, le groupe était en pleine possession de ses moyens, et le public conquis — les pas de danse de Johnny Maldoror (Martin Dubreuil) lors de l’exaltante Ça ira en fin de spectacle et ses élans de crowd surfing auront assurément fait leurs effets. En rappel, la pièce 400 miles, qui nous aura démontrée que la route des Breastfeeders n’est pas terminée.
Avec sa programmation extérieure gratuite, ses spectacles surprises qui auront entre autres donné des moments mémorables avec Karkwa, P’tit Belliveau et Klô Pelgag, et ses nombreux concerts mettant de l’avant la relève musicale (la foule monstre pour Rau_Ze, faisant partie des Révélations Radio-Canada 2024-2025, aura démontré l’intérêt grandissant pour l’offre émergente), les Francos de Montréal auront permis de faire briller la scène francophone sous toutes ses formes. Vivement la 36e édition!
Crédit photo de couverture : Victor Diaz Lamich