J’ai 44 printemps. C’est confirmé, je suis en préménopause. Dans le mot ménopause, il y a le mot pause, mais je ne pense pas que la ménopause offre réellement de répits! En fait, il n’y a plus rien qui est comme avant : mon corps, ma mémoire, mon accès lexical, ma patience, mon appétit, mes cheveux qui tombent… Heureusement, je travaille avec plein de femmes qui sont passées par là avant moi et je les ai écoutées lorsque j’étais plus jeune. Bien que je pensais naïvement ne jamais m’y rendre, j’y suis. Je lis sur le sujet, je regarde des documentaires, je partage avec des amies, mais la vérité, c’est que c’est de la belle merde. Je ne me reconnais plus, je n’ai plus la même efficacité.
Par contre, je n’entretiens plus d’amitiés compliquées, car je n’en ai juste plus la patience. Je réalise tranquillement, pendant que mes hormones font une espèce de rave sans ma permission dans mon corps, que je n’ai plus trop de temps à perdre avec des choses futiles, inutiles ou qui ne m’apportent rien. Je n’ai plus d’énergie à mettre sur des choses superficielles, je préfère la mettre sur ce qui m’intéresse vraiment. Pour ça, la préménopause je l’aime, car c’est comme si elle me donnait, en cadeau, la clarté de ce que je veux et ne veux pas.
Je ne tomberai pas dans les clichés de chaleurs et de frissons qui arrivent après, je voudrais profiter de cet article pour parler d’un phénomène que je n’avais pas vécu avant : l’irritabilité que m’apportent les bruits. Maintenant, la cafetière qui sonne, la radio en background, le vrombissement du air-fryer, tout cela me gosse. Ah! J’oubliais, je me fâche aussi après les objets! Plus je vieillis, plus j’exige des objets qu’ils me soient utiles. Si un objet ne m’aide plus, il sera vite recyclé, donné ou vendu… Alors, même dans mon environnement, j’épure.
C’est une nouvelle phase, je suis toujours en quête de calme, moi qui adorais l’action, les spectacles, le bruit, le social, quoi! Maintenant, après ma journée de travail, je ne veux qu’une chose : me reposer. Je suis chanceuse, j’ai un travail que j’aime et une famille extraordinaire, mais ouf! Ce passage hormonal me chamboule pas mal.
Je vous suggère ce qui, moi, perso, me fait du bien : échanger avec des femmes qui sont passées par là. Elles me donnent espoir avec leur sagesse et leur expérience. Merci les filles, vous vous reconnaîtrez, vous faites la différence. Se sentir seule, c’est la dernière chose qu’il faut. Alors, continuez, sortez, ou allez voir un show. Notre corps change, c’est vrai, mais il faut continuer d’avancer pour profiter de la vie! Je suis chanceuse, je peux en parler avec mon chum, il me soutient et m’aime avec mes changements. Briser le silence, lire sur le sujet, questionner la gynécologue, je crois bien que c’est un peu ça le secret pour savoir et croire qu’on va passer au travers.
Le plus dur pour moi, c’est d’accepter la fatigue et l’impression que j’en perds des bouts avec ma mémoire à trous. Performer et ne pas être fatiguée a été l’essence de ma vie et là, je sens souvent le besoin de reposer ce corps de guerrière qui se bat contre une guerre hormonale presque interspatiale.
Ouvrez-vous vers les autres, des mains seront tendues, vous n’êtes pas seules. On lâche pas!