Le temps sera aux célébrations le 20 avril prochain, alors que Loïc April montra sur la scène du Pantoum à Québec pour présenter les pièces de LOÏC APRIL II, un second album qui marque le retour de l’auteur-compositeur-interprète six ans après la sortie de son premier disque éponyme, auquel a succédé le EP Ressusciter les stigmates, paru tout juste avant que le monde ne se mette sur pause en 2020. Si le temps a passé, l’envie de faire de la musique, elle, est resté bien présente et Loïc April nous le prouve sans équivoque avec cette nouvelle proposition enivrante, dans laquelle les refrains accrocheurs côtoient une plume soignée, mélangeant habilement esprit rock et sensibilité.
« Le but était vraiment de faire un album dans lequel je repousserai les limites de mon songwriting. J’avais envie d’aller le plus loin que je pouvais pour vraiment faire les meilleures chansons possibles » nous dit Loïc April au bout du fil, enthousiaste a l’idée d’enfin lever le voile sur ces huit pièces soigneusement élaborées au cours des trois dernières années aux côtés de Jean-Michel Coutu (YOCTO, Corridor, Jesuslesfilles) à la réalisation. Un projet qui a également pris forme avec les conseils de Philippe B aux textes et la collaboration de Gus van Go (Metric, The Stills) et Warren C. Spicer (Plants and Animals) au mixage, Ryan Battistuzzi (Malajube, Les Breastfeeders) aux prises de son additionnelles, ainsi qu’Olivier Fairfield (Timber Timbre, Andy Shauf) et Julien Blais (Coeur De Pirate) aux batteries.
Avec un souci du détail manifeste au niveau des textes et des mélodies, entre les influences pop, le surf rock et les réflexions relationnelles, le multi-instrumentiste et DJ à ses heures propose une deuxième offrande résolument attrayante, qui donne rapidement envie d’y revenir. Nous avons profité de la sortie de ce nouvel album pour discuter avec le principal intéressé.
Boucle Magazine : Beaucoup de temps s’est écoulé entre le premier album et celui-ci, qui a été précédé par le EP Ressusciter les stigmates il y a quatre ans déjà. Comment s’est passé ce temps d’arrêt?
Loïc April : La pandémie a été assez tough, dans le sens où j’ai sortie le EP un mois avant la Covid. J’avais les chansons, j’ai fais le lancement, on avait des shows et tout a été annulé. C’était comme un retour au drawing board. Je me suis demandé comment maximiser la situation avec ce qu’on avait à ce moment, c’est-à-dire, peu de possibilité de contact, mais du temps en masse, alors ça a été le début de la composition. Jean-Michel et moi, on a donc travaillé sur l’album assez sérieusement pendant trois ans.
BM : Plusieurs thèmes sont abordés dans l’album. On y parle entre autres de consentement, de relations interpersonnelles, et même, sur la pièce Mes Wranglers et moi, du deuil des Expos! D’où vient cette idée?
L.A. : (Rires) En fait, c’est une chanson à deux niveaux de lecture, j’aime bien faire ce genre de chose. Je mentionne les couleurs des Expos qui sont le rouge, le blanc et le bleu qui peuvent aussi être interprétées par différents niveaux dans une relation. Le rouge, c’est comme la passion des débuts, le bleu, la mort, et le blanc, c’est l’espèce de section neutre où il se passe plus grand-chose! C’est aussi un parallèle avec le surnom affectif des Expos qui est « Nos amours ». C’était un bel exercice d’écriture.
B.M. : On parle du thème des Expos, mais on retrouve aussi des références au passé musicalement, que ce soit dans le rock des années 50, ou encore dans le post-disco. Est-ce que tu es quelqu’un de nostalgique?
L.A. : Je pense que j’aime l’intemporalité, c’est surtout ça. C’est quelque chose que j’aime accomplir. Il y a des choses qui vieillissent mieux que d’autres. Justement, pendant la Covid j’écoutais beaucoup de musique surf et des trucs sorties avant la période où tout était édité. C’étaient juste vraiment des bons musiciens, ils enregistraient sur du tape et c’était ça. Il y a une magie par rapport à ça et ça m’a inspiré pour les arrangements de certaines chansons.
B.M. : D’ailleurs, tu fais aussi quelques DJ sets de temps à autre, je crois. Ça t’inspire?
L.A. : Exact! Je suis DJ tous les mardis au Rockette Bar alors effectivement, ça me permet de rester à jour musicalement. Ce sont vraiment des belles études sociologiques en même temps je dirais, juste d’essayer d’anticiper ce que les gens écoutent et quand tu réussis à deviner, c’est malade!
B.M. : Sur l’album, on retrouve aussi deux chansons qu’on pouvait également entendre sur le EP Ressusciter les stigmates (La marche à suivre et Tu ne peux plus mourir). Pourquoi avoir eu envie de remettre ces deux pièces particulièrement?
L.A. : Je trouvais ça un peu triste pour ces chansons parce que je les avais jouées juste une fois live et elles n’ont pas tant eu d’exposure à cause de ça. Elles sont vraiment tripantes à jouer et je trouvais qu’elles méritaient leur visibilité. Il y a quand même eu des petits changements par exemple au niveau du mix, alors on a pu faire des ajustements additionnels aussi. Je voulais donner la chance à ces chansons-là de vivre.
B.M. : Tu as également pu travailler avec Gus van Go et Warren C. Spicer pour le mixage. C’était la première fois que tu collaborais avec eux? Comment ça s’est passé?
L.A. : Gus van Go, c’était un vrai trip! Il a tellement travaillé sur une multitude d’albums que j’ai écoutés en grandissant! Il a un projet qui s’appelle Megative qui est un peu plus dans le style reggae ou dub si je peux dire et il y avait des petits élans de dub sur ma pièce Comme une civière pour ton ambulance, tout en étant rock. Je trouvais que c’était vraiment le perfect fit. On lui a envoyé la toune, il a bien aimé ça alors il a embarqué pour la mixer! Pour Warren [C. Spicer], il était à Montréal aussi et on connaît son travail avec Plants & Animals. Il a aussi mixé pour comment debord et Bye Parula, qui est super bon. J’ai entendu ce qu’il faisait au niveau du mix et je trouvais que c’était un excellent fit. On a pu aller chez lui travailler sur les mix et c’était la meilleure façon de procéder pour entendre les petits détails. Il n’y a rien de tel que d’être dans la même salle pour écouter exactement les mêmes choses!
B.M. : Tu as aussi eu les conseils de Philippe B aux textes, d’où est venu cette collaboration?
L.A. : En fait, j’avais collaboré avec lui pour le premier album! […] C’est vraiment le fun d’avoir la chance de pouvoir compter sur un des champions du songwriting au Québec et arriver avec des textes sur lesquels il te donne sa perception. Je pense que là où Philippe B est vraiment fort, c’est d’être capable d’avoir une perception globale. Comme je suis à 2 pouces de mes textes parce que ça fait des semaines que je suis là-dessus, je perds un peu cet espèce de perspective-là, alors c’était super intéressant d’avoir ce feedback-là!
B.M. : Et maintenant, j’imagine que tu dois avoir hâte de jouer ces chansons et de les présenter en spectacle!
L.A. : Oui tout à fait! (Rires) Je suis justement dans la logistique de booker les musiciens pour faire les pratiques, etc. Je dis souvent que la première pratique, c’est ce qui sera malade comme ce sera la première fois que j’entendrai les chansons jouer par un band, parce qu’on les a toutes montées séparément si on veut. Alors de tout entendre, ça va être vraiment tripant, j’ai super hâte!
Pour découvrir les chansons de ce deuxième album en spectacle, rendez-vous le 20 avril prochain du côté du Pantoum à Québec, ainsi que le 22 août pour le lancement montréalais à la Casa del Popolo.
L’album LOÏC APRIL II est disponible dès maintenant sur toutes les plateformes d’achat et d’écoute numériques.
Crédit photo de couverture : William Gagné