La vengeance sera loin d’être douce pour Huguette Delisle qui atterrit de nouveau dans nos écrans pour la troisième et ultime saison de C’est comme ça que je t’aime, disponible dès ce vendredi 1er mars sur ICI Tou.tv EXTRA. Cette fois-ci, exit l’Année internationale de la femme, le sexisme est de retour en ville et les Jeux olympiques de 1976 enthousiasment toute la province ou presque, alors que les Delisle-Paquette essaient tant bien que mal de s’adapter à leur nouvelle réalité après un carnage sans pareil qui nous a tenu en haleine jusqu’aux dernières secondes de la deuxième saison. Les spectateurs ne seront pas sans reste, puisque ce troisième volet reprend d’ailleurs où tout a basculé pour la caïd de Sainte-Foy, qu’on retrouvait avec grand plaisir lors du visionnement des premiers épisodes dévoilés aux médias plus tôt cette semaine en présence de l’équipe de la désormais série culte, avec qui nous avons pu discuter.
L’été de la rédemption
S’il faudra attendre jusqu’à la toute fin pour résoudre l’intrigue derrière la fameuse scène de la piscine introduite pour une première fois au tout début de la saison 1, ce dernier chapitre nous fera de nouveau passer par toute une gamme d’émotions. Bien que l’heure soit aux remises en question pour Huguette (menée par le remarquable jeu de Marilyn Castonguay) et ses acolytes (François Létourneau, Patrice Robitaille, Karine Gonthier-Hyndman et Sophie Desmarais), soyez tranquille, C’est comme ça que je t’aime n’a rien perdu de son charme — après tout, ce n’est pas sans raison que la série ait récemment attirée l’attention du New York Times.
En plus du retour de Jeannine et Raymond (Chantal Fontaine et René-Richard Cyr), la distribution accueille cette année d’autres grosses pointures — notons l’arrivée de Robert Lepage dans le rôle du maire de Sainte-Foy et chargé du concours Miss Sainte-Foy également animé par Gysèle Truchon (Catherine Trudeau), ou encore celle de Patrick Hivon dans celui du « plus beau » des Frères Lavoie, sept frères criminels canadiens-français qu’on découvrira au cours d’une virée en discothèque mémorable dans la Grande Ville lors du 4e épisode.
Mise sur la sellette par le glaçant Consigliere (Yves Jacques) aussi appelé le « diable incarné », la plus grande criminelle du Québec réussira-t-elle à assumer son rôle de femme au foyer pour éviter de mettre ses proches en danger? La menace montréalaise est bien réelle et le désir de vengeance aussi, surtout depuis l’arrivée des Sexistes — ni plus ni moins nommés chacun Sexiste #1, #2, #3 et #4) — surveillant les moindres faits et gestes du clan. On retrouvera d’ailleurs Xavier Dolan dans le rôle de chef du groupe qui sèmera la terreur en compagnie de ses comparses (Pierre-Luc Funk, Olivier Gervais Courchesne et Mattis Savard-Verhoeven). Un rôle qui, dès l’appel de François Létourneau, a d’ailleurs enchanté Olivier Gervais Courchesne : « C’est capoté ben raide! [François], c’est mon idole de toujours! […] J’étais fébrile d’arriver [sur le plateau] parce que j’ai été spectateur avant d’y prendre part. C’est un peu comme une affaire d’enfant, comme si j’étais entré dans le décor de Passe-Partout tout à coup! (Rires) ».
Vous l’aurez compris, la rédemption ne se fera pas sans ravages. Pendant que les problèmes conjugaux flottent toujours au-dessus des cinq protagonistes, ceux-ci, à travers leurs quêtes existentielles, resteront fidèles à leur cheffe. On retrouvera d’ailleurs une Micheline (Karine Gonthier-Hyndman) chamboulée, désirant plus que jamais un retour à la vie normale. « Micheline est une antagoniste à la violence dans la saison 3. Contrairement à ses paires, elle n’est plus là, mais elle va faire ce qu’il faut parce que c’est une fille de famille. Elle va suivre les autres dans la rédemption, mais il reste que la saison commence et déjà, elle n’est plus là. Il y a quelque chose de résolue en elle, mais de malheureux aussi. Dans l’écriture de François, il y a ça qui est très réussi, je pense. Il y a une quête commune aux personnages, mais ils ont tous chacun aussi un objectif très personnel et Micheline, elle est à la recherche de quiétude » nous dit Karine Gonthier-Hyndman.
Pour l’actrice, ce rôle aura été un véritable défi. « François à une écriture tellement singulière, tellement rythmé. C’est une écriture musicale et c’est un combat de ne pas sur-jouer. Ça demande vraiment une justesse. Son écriture appelle au drame, parce que si on entre dans la comédie, ça devient burlesque. Il m’a fallu travailler assez fort pour trouver le bon ton par rapport à ça. Sa force, c’est aussi que c’est un acteur et il écrit pour les acteurs. Il y a ses mots, mais il y a aussi tout ce qui ne se dit pas et ce qui se joue dans la physicalité. C’est une des rares séries où les personnages nagent, font des courses d’auto, tire du gun… la physicalité est omniprésente et c’est très très rare pour un acteur ça. C’est un vrai terrain de jeu. La direction visuelle est aussi tellement forte! On a les costumes, les coiffures, les voitures d’époque… C’est tellement présent que le vrai défi, c’est d’être simple et de ne pas en faire trop ».
Un travail de précision
En plus des délectables répliques des personnages, ce troisième chapitre reste bien campé dans l’univers des années 70 avec des clins d’œil tout aussi exquis. Du Fun Dip en passant par le jeu vidéo Pong, les exploits de Nadia Comăneci, jusqu’à la crème de menthe et les hymnes discos, les références, dans certains cas inspirés des souvenirs de jeunesse de l’auteur, se font multiples. « Quand j’écris, j’aime utiliser des petits détails de mon enfance que je vais saupoudrer ici et là. Ce n’est pas une série qui est autobiographique, mais il y a plein de ces détails, un objet ou autre, que j’ajoute. Je ne me force pas pour qu’il y ait des références, même que des fois, j’oublie que c’est une série d’époque! […] Je n’essaie pas d’être fidèle tout le temps. Par exemple, je ne suis pas sûr qu’en 1976 les gens disaient certaines expressions, mais je ne me censure pas parce que ça reste dans la fiction. » raconte François Létourneau, qui signe une fois de plus les textes et la scénarisation, en plus d’assurer pour la première fois la coréalisation avec son ami et collègue Patrice Robitaille.
Des chapeaux qui se sont entrecroisés et qui ont permis de concrétiser la vision de l’auteur dans son entièreté. « D’être scénariste ça aide beaucoup [au rôle de réalisateur], parce qu’au fond, quand j’écris, je veux raconter une histoire et quand je suis réalisateur, je veux aussi raconter cette même histoire, donc tous les réflexes que j’ai comme scénariste, ce sont aussi de bons réflexes de réalisateur, qui sont toujours d’être au service de l’histoire » nous dit Létourneau.
D’ailleurs, aux dires des productrices Joanne Forgues et Catherine Faucher, c’est en toute humilité que les deux réalisateurs qui tiennent également les rôles de Gaétan et Serge, se sont attaqués à la réalisation de cette saison qui se décline cette fois en 8 épisodes. Après un exercice d’analyse précis des deux premières saisons et une longue préparation pour comprendre la mécanique de chaque scène, le duo Létourneau-Robitaille a ainsi pu laisser aller sa créativité tout en conservant l’esprit de la série qui a conquis le public il y a quatre ans déjà.
« Ça a été toute une aventure! » raconte Patrice Robitaille, qui en était à sa première réalisation. « C’était très grisant comme expérience. […] J’avais dit à François, pour que je sois bien, il faut qu’on ait découpé toutes les scènes des 8 épisodes et on a réussi notre affaire! Pour notre trip, on s’était même fait imprimé notre document qui était hyper épais. Toutes les scènes étaient écrites : tout ce qu’on voulait faire, tous les mouvements de caméra. On avait des dessins et on avait aussi [le document] dans nos téléphones. Je l’ai encore dans le mien d’ailleurs! (Rires). Alors on arrivait [sur le plateau] et on avait toujours un plan de match dans notre poche arrière. Ce travail-là, ça nous a permis de jouir de l’aventure! On n’était pas tout le temps à bout de souffle et dépassés par les événements. On s’étaient tellement bien préparé qu’on a pu prendre plaisir à vivre l’expérience ».
Le résultat? Une réalisation soignée accompagnée d’une direction photo qui l’est tout autant — signée une fois de plus par Barry Russel — qui rappellera par moment le rythme des grands classiques de Tarantino. « Quand j’écoute la série, il y a plein d’affaires pour lesquelles je suis content qu’on soit aller-là. Je trouve qu’on a pris des libertés et plus la saison avance, plus je trouve qu’on n’a pas hésité à mettre notre touche tout en respectant l’esthétique du show. Je trouve que c’est une belle ride! » rajoute Patrice Robitaille.
Des textes en passant par la scénarisation jusqu’à la réalisation, il n’y a pas de doute, avec cette troisième et dernière saison de C’est comme ça que je t’aime, François Létourneau et son équipe marqueront une fois de plus les esprits. Si l’auteur s’ennuiera entre autres de partager le jeu avec Marilyn Castonguay qui brille à nouveau dans cet ultime chapitre, on peut nous aussi dire qu’on s’ennuiera d’Huguette et de son œil du tigre.
Les troisième saison de C’est comme ça que je t’aime est disponible dès maintenant sur ICI Tou.tv EXTRA.