Affaires intérieures : traverser les frontières

Affaires intérieures : traverser les frontières

Le 17 janvier, j’ai eu la chance d’aller voir la pièce Affaires intérieures, création de Sophie Cadieux, Mélanie Demers et Frannie Holder au Théâtre Espace Go. Avant même le début de la pièce, mes attentes étaient élevées. Il faut dire qu’il s’agit de trois femmes expertes dans leur milieu respectif et que le spectacle promettait un mélange artistique captivant! En entrant en salle, on peut apercevoir le décor déjà majestueux et on est tout de suite plongé dans un univers féérique ô combien intrigant. J’étais déjà conquise.

Puis, pendant 1 h 10, on se laisse porter dans un étrange univers, presqu’inquiétant par moment, où on se questionne, avec les artistes, sur la traversée des frontières qui nous habitent et qui nous entourent, sur le vide, le bruit et le simple fait d’exister. Une chose est certaine, il s’agit d’un réel voyage sensoriel!

Alliance multidisciplinaire

Affaires intérieures : traverser les frontières
Crédit photo : Yanick Macdonald

Au début, on apercevait clairement les disciplines de chacune qui semblaient trop séparées et exclusives. On pouvait avoir l’impression d’assister à une sorte de « talent show », où chaque personne performe dans son domaine. Puis, au fur et à mesure de la pièce, les univers se mélangeaient et on pouvait constater la souplesse et l’expérience de ces femmes ; elles dansent, chantent et jouent toutes. C’est là l’intérêt et l’atout d’Affaires intérieures selon moi : l’ouverture et la vulnérabilité de chacune des interprètes qui se sont elles-mêmes prêtées au jeu de traverser les frontières de leur milieu. D’ailleurs, il faut noter le travail du corps qui est mémorable, les chants qui sont envoûtants et les monologues qui sont percutants.

L’étrangeté du décor

Affaires intérieures : traverser les frontières
Crédit photo: Yanick Macdonald

Tout au long de la pièce, on se demande bien quel est cet endroit mystérieux. Sommes-nous dans un monde extraterrestre, une forêt magique ou à l’intérieur même d’un corps humain? Plusieurs hypothèses sont possibles lorsqu’on regarde ces boules roses géantes en fourrure répandues un peu partout, même au plafond, puis le tapis rose installé sur le sol de la scène. On découvre tardivement quel est ce fameux lieu et tout prend son sens quand on le comprend. Petit conseil, il vaut mieux avoir un siège au centre de la salle pour avoir le meilleur point de vue et profiter pleinement de tous les aspects visuels. Sur les côtés, on perd un élément important du décor qui permet de comprendre où l’on se trouve.

Une ode à la femme

Affaires intérieures : traverser les frontières
Crédit photo : Yanick Macdonald

Rapidement, on se laisse séduire par le texte d’une grande poésie et sincérité. On remarque dans les propos et dans la posture des créatrices une ode à la femme, une dénonciation des préjugés et des injustices dans une forme engagée et comique à la fois. Cela a donné place à des moments très touchants, valorisant la femme dans son entièreté et dans ses réflexions autour de ses conditions de vie. Par exemple, la maternité est abordée, tout comme les qualités féminines stéréotypées et ces sorcières longtemps condamnées. Par la qualité des questions proposées puis par la force des interprètes, on ressent avec puissance et émotions la vigueur des femmes.

Bien que la pièce demeure assez complexe et nous pose plusieurs interrogations, je suis ressortie du Théâtre en ayant vécu un réel mélange d’émotions. C’est que la pièce fait vibrer et nous éveille aux multiples disciplines artistiques. Je conseille donc vivement d’aller vivre l’expérience d’Affaires intérieures, présentée jusqu’au 11 février 2024.

Crédit photo de couverture : Yanick Macdonald

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