Je l’avoue, depuis la fin de la pandémie, je suis moins allée dans les salles de spectacles. Pas que ça ne me tentait plus, mais parce que j’avais un peu perdu l’habitude. Avec les impacts de l’inflation en plus, je sélectionne et je magasine différemment. J’ai toujours aimé les spectacles d’humour. Ce sont des shows qui nous permettent de complètement décrocher et de chasser le cortisol à grands coups de rires. J’ai eu l’opportunité dans ma vie de voir Martin Matte, Louis-José Houde, Rachid Badouri, Laurent Paquin, Mike Ward et Jean-Thomas Jobin, j’ai été voir des galas Juste pour rire et j’ai aussi eu la chance de voir Yvon Deschamps. J’ai suivi quelques saisons d’émissions comme En route vers mon premier gala et j’ai regardé des tonnes de galas d’humour québécois, canadiens ou américains. J’aime SNL et j’ai toujours adoré les émissions comme Whose Line Is It Anyway?
Au début de l’automne, je vois une pub de Jérémie Larouche sur mes réseaux sociaux, un humoriste que je connais un peu, car que je l’ai vu ici et là en tant qu’animateur jeunesse. Cette fois, l’humoriste propose un spectacle récapitulatif des 7 films d’Harry Potter en papier : Harry Paper et la parodie en carton. Me v’là intriguée. Jérémie Larouche, diplômé de l’École nationale de l’humour et qui maintenant, y est enseignant, a d’ailleurs précédemment proposé une parodie des six premiers films de la saga Stars Wars, La Saga des Étoiles, que je n’ai malheureusement pas encore vu. Je contacte une de mes amies qui aime Harry Potter et lui propose d’acheter des billets. J’achète la paire de billets en me disant que j’ai hâte d’y assister. Lorsque je reçois mes billets virtuels et que je lis que Jérémie Larouche nous invite à porter un élément qui représente l’une des maisons de Poudlard à laquelle on s’identifie, je me dit qu’on est ailleurs. Ma chum et moi étant des Poufsouffle all the way, on se trouve du jaune ici et là, on se fait des bracelets avec des Vifs d’or et GO, on attends le 4 novembre.
La fameuse date se pointe le nez. À L’Urlu de Sainte-Thérèse, salle presque parfaite pour le spectacle, car elle ressemble à une salle de classe de Poudlard, je pogne de quoi. Je vois son décor, son matériel et je réalise que tout est homemade, DIY. Déjà là, je me dis oh yes, un créatif, un inventeur, un patenteux. Le show débute : Jérémie est super heureux qu’on vienne passer notre samedi soir avec lui et nous parle de l’importance de faire vivre des spectacles différents dans de petites salles. Je ne peux pas être plus d’accord avec lui. Ces petites salles font toute la différence culturellement dans les municipalités. Il enchaine en nous remerciant de venir le voir, du haut de ses presque 40 ans, jouer avec ses bonhommes en carton.
Et là, après même pas 5 minutes, parce que je suis un public qui a été averti que ce show est tout sauf familial, je repogne de quoi. Je ne ris pas : je m’étouffe, je m’expectores. Je ne rigole pas : je suis crampée. Parfois, je ris tellement que j’ai peine à entendre chaque blague, à profiter de la finesse et de l’intelligence des textes (écrits par Jérémie lui même, Justine Philie et Olivier Guindon). C’est un feu roulant de blagues incroyables qui sont plus absurdes les unes que les autres, collées sur l’actualité parfois et remplies de références geek. Mieux vaut avoir vu la saga Harry Potter pour apprécier les textes à leur juste valeur, car rien n’est épargné dans cette parodie. Ça déménage.
Je regarde parfois mon amie : elle doit retirer ses lunettes pour les essuyer avec son foulard de Poufsouffle. On rit assez, on a même pas le temps de s’échanger un mot jusqu’à l’entracte, ni le goût d’ailleurs, car on ne veut pas en manquer une. Les changements de voix selon la marionnette utilisée n’ont juste pas d’allure: il faut l’entendre passer d’Hermione à Severus Rogue et revenir en Albus Dumbledore pour comprendre. Il y a aussi la musique incroyable, les effets spéciaux sur l’écran derrière lui et les nombreux décors DIY qui supportent les marionnettes. Je suis vraiment sous le charme de cet univers geek, absurde et crampant. En plus, ce gars-là dessine et découpe comme un pro. Sa répartie et son sens du punch sont olympique. Carrément dans une autre ligue. Je pense que j’aurais pu être assise sur un cactus et je ne m’en serait pas rendue compte tellement ce spectacle a apaisé mon stress et ma charge mentale. En revenant à la maison, j’avais mal aux tempes tellement j’avais ri !
À la fin du show, il nous a remercié et nous a dit qu’au début, personne n’y croyait vraiment et que tout était autoproduit. J’ai d’ailleurs lu qu’il avait eu le commentaire que ce genre de spectacle serait trop niché et que cela ne ferait rire que quelques personnes. Oh que non! On commence à être une méchante gang! En tournée au Québec et avec des versions anglophones aussi, ça marche tellement fort qu’il s’apprête à faire un troisième show de carton. Les remerciements de l’humoriste étaient d’une gratitude sincère, imprimée sur sa bouille sympathique, probablement exténuée d’avoir tout donné. À mon tour Jérémie de te dire merci d’avoir osé persévérer, d’avoir cru que pour ton paper art, il y avait un public et ce public là, il grandira. Moi je n’en doute pas.
Offrez une paire de billets à Noël pour son spectacle et vous aussi, découvrez cet univers hors de l’ordinaire!
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Photo de couverture : crédit, Kassandra Blais
