Pour la toute première fois, j’ai eu la chance d’assister à une pièce de théâtre qui ne se déroulait pas dans une salle. En effet, la pièce Deseo de la compagnie Singulier pluriel se déroule plutôt au cœur d’un appartement montréalais typique de la rue Fullum. Cette pièce, c’est cinq femmes, quatre histoires et 45 spectateurs.trices répartis dans la maison transformée en bordel. Une expérience vraiment singulière.
Production, mise en scène et expérience
En arrivant à la maison, nous sommes accueillis chaleureusement par celle qui met en scène la pièce, Ximena Ferrer. Elle nous invite à aller dans la cour où nous attendrons les consignes pour le bon déroulement du spectacle. En arrivant, on se sent comme à la maison, les lumières tamisées, les bruits de la ville qui s’infiltrent à l’intérieur. Ximena, codirectrice générale et artistique de la compagnie Singulier Pluriel et originaire de l’Uruguay, signe ici la mise en scène, elle qui a l’habitude de jouer. Cette compagnie de théâtre qu’elle codirige avec Julie Vincent se donne pour mission de « créer des œuvres contemporaines inspirées du nouvel univers global dans lequel nous vivons, et de faire de sa pratique un véritable laboratoire de recherche interculturelle. » C’est exactement ce que Ximena a fait avec Deseo.
Avant que le spectacle ne commence, nous sommes divisés en trois groupes d’environ 15 personnes. Chaque groupe a un ordre qui lui est propre et entre chaque scène, tout le monde se retrouve au salon où une quatrième scène est jouée par morceaux. Il faut dire que ces déplacements dans les petits corridors de la maison étaient vraiment une expérience unique. Par contre, le fait de devoir déplacer 45 personnes à toutes les 15 minutes a aussi des inconvénients, beaucoup de chuchotements entre les scènes, des personnes mal assises, des « oups désolé », ce qui n’aidait pas la pièce à former un tout cohérent avec une ligne directrice. J’ai tout de même passé un excellent moment et j’ai été amenée dans des univers totalement éloignés de moi.
Scènes, thématiques et actrices
Deseo signifie désir en espagnol ou encore « Je désire ». Ce mot est au centre de la pièce et de ses différentes scènes. Malgré qu’elles soient extrêmement loin en contenu l’une des autres, les scènes interrogent le désir, présentent des femmes prisonnières de leurs désirs, mais surtout, mettent en lumière des visions du désir multiples. Ce sont trois solos et un duo qui ont joué pour le grand plaisir du public. Chacune de ces femmes nous amène dans leur histoire, leur passé, leur futur, leur volonté, leur désir et leur vie. On ne sait pas toujours vers où les personnages veulent nous amener, mais le plaisir réside en partie dans cette aventure dans laquelle le public est plongé.
Deux sœurs (Alexandrine Agostini et Josée Rivard), diplômées d’une école de théâtre depuis plusieurs années et retraitées, se préparent sous les yeux du public à leur spectacle de strip-tease. Une metteuse en scène (Catalina Pop) nous partage ses idées de spectacle et se questionne sur les tabous sexuels et sur ce qu’il est possible, ou non de faire au théâtre. Une jeune femme dans la vingtaine (Stéphanie B. Dumont) tente de prendre le contrôle de sa sexualité en partant à la recherche de son éros, seule dans sa chambre. Finalement, entre ces différentes scènes, les 45 spectateurs se retrouvent au salon, autour d’une femme d’un certain âge ( Jacqueline Van De Geer). On y retrouve une femme prisonnière de son désir, entre folie et sensualité. Malgré la diversité des histoires racontées en un court temps, celles-ci prennent leur sens en mettant en lumière la complexité du désir, spécifiquement du désir au féminin.
Bref, Deseo est toujours présenté à la maison de la rue Fullum jusqu’au 30 septembre. Je conseille cette pièce à tous ceux et celles qui ont envie de vivre une expérience théâtrale différente et innovante.
Pour les billets, c’est par ici.
Photo de couverture, crédit : David Ospina